« Jésus au bout du clic » ou comment organiser la cohabitation entre liturgie et médias. De JB Malenge

(Article du journal Les Coulisses, Bimensuel francophone indépendant spécialiste des Grands Lacs, n° 270 du 1er au 20 octobre 2014, p. 16.)

Nicaise Kibel'Bel
Comment penser et organiser la cohabitation entre médias et liturgie sans faire écran parce que les médias sont appelés au service (et secours) de la liturgie et de l’évangélisation ? Au simple, le livre de Jean-Baptiste Malenge Kalunzu pose le problème de l’utilisation des médias par l’Eglise universelle. Cependant, dès lors qu’on admet que la communication et l’information deviennent ce que la théologie appelle « inculturation » devenue à sont tour, depuis le 1er centenaire de l’Eglise catholique de la RDC, cette option particulière mettant en oeuvre (et en vedette) la relation entre « foi catholique et langage humain », il faut passer à l’escalier supérieur de la communication (qui) sauvera l’Afrique. A la seule condition que l’Eglise d’Afrique se sente appelée à la communication comme lieu de la mission, de l’évangélisation et de l’inculturation.


Dans « Jésus au bout du clic », le prêtre et missionnaires oblat de Marie Immaculée (OMI) mais également journaliste et écrivain Jean-Baptiste Malenge appelle l’Eglise d’Afrique à considérer les « Médias comme dons de Dieu ». Ce faisant, l’éducation aux médias devient partie intégrante de la planification pastorale : « l’Eglise est appelée à la nouvelle évangélisation. Il lui faut apprendre à retrouver ses racines de communication à la suite de « Jésus au micro », celles qui ont formé l’Eglise comme peuple de Dieu et comme cette foule humaine rassemblée autour d’images, de signes, de bâtisses, d’odeurs et de couleurs … par-delà des mots et des discours ». p.128
L’époque où les prêtres et évêques s’énervaient devant les flashes de caméras est révolue. L’Eglise est appelée à composer avec … même si le photographe professionnel ou amateur n’est pas un « acteur liturgique ».

« Jésus au bout du clic » doit se lire comme une invitation faite à l’Eglise dans sa mission et de tout son être, à signer et à signaler sa présence dans les médias et par les médias. Le prêtre doit concilier liturgie et médiatisation. Par le discernement évangélique et par l’effort missionnaire. Dans le changement de mentalité et le renouveau pastoral pour faire face au changement d’époque que nous vivons. Il faut tirer le meilleur profit des techniques et technologies de la communication moderne tout en évitant de sacrifier aux fausses valeurs véhiculant une éthique douteuse.

L’on comprend dès lors le bien fondé de la recommandation de Jean-Baptiste Malenge à l’Eglise d’accorder une attention particulière à la formation.

Il rappelle que les Evêques de la RDC, après avoir pris la mesure des médias pour le besoin de la mission évangélique, se sont formés à la culture médiatique dans une méthodologie spécifique qui visait « non pas à proposer un enseignement théorique sur la communication, mais à faire vivre par les séminaristes, les évêques, ou les responsables de médias de diocèses, une expérience concrète de ce qu’est la communication, visant à développer leurs capacités individuelles à communiquer » p.46
Oui, parce que l’Eglise est communication. La mission de l’Eglise, sa tâche essentielle est de communiquer la Bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. L’Eglise comme communion et communauté tisse un lien organique intrinsèque dans la compréhension, entre communion, communauté et communication. p.47

Les évêques ont donné l’exemple, et sont engagés à tous les niveaux à tout mettre en oeuvre pour « évangéliser les médias ». Cela consiste notamment à assurer la présence de l’Eglise dans le paysage médiatique, à accompagner les communicateurs catholiques pour les aider à relever les défis éthiques de leur profession.

Jean-Baptiste Malenge rappelle que pour évangéliser les médias, il semble bien que les meilleurs apôtres soient les professionnels, surtout laïcs. La formation aidera aussi certaines communautés à la discipline nécessaire pour s’astreindre à écouter les formations de préférence au simple divertissement.

Jean-Baptiste Malenge se fait fort de l’idée que la communication sauvera l’Afrique. De ce fait, l’Eglise doit y répondre de façon organisée pour franchir cette étape. Les pasteurs et autres agents de l’évangélisation sont plus particulièrement concernés pour être eux-mêmes, après la formation, des promoteurs de la formation à la culture médiatique. Le problème de l’évangélisation ou de la nouvelle évangélisation concerne ainsi la communication et le langage.

Nicaise Kibel’Bel Oka
Lire utilement : « Jésus au bout du clic »
de JB Malenge Kalunzu, Ed. Baobab, Kinshasa
2014, 152 pages



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