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Au coeur des jours et des nuits

Au cœur des jours et des nuits : Dans la douceur et la tendresse

 
Ma nièce vendeuse de pain m’a confié que de tous ses clients, elle préfère désormais vendre son pain à des religieuses.




Au cœur des jours et des nuits : Photo et funérailles

Aussitôt que j'ai pris une chaise et que je me suis bien installé au lieu des funérailles de mon ami, un jeune homme s'est proposé de me prendre en photo. Contre paiement d'argent, bien sûr. J'ai refusé la sollicitation. Le jeune photographe amateur gagne ainsi sa vie. C'est facile à penser : chaque jeune, aujourd’hui, diplômé d'université ou pas, se crée un métier, un gagne-pain, faute d'en trouver un. Il n'y a pas tant d'offres d'emploi ces jours-ci.


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Au cœur des jours et des nuits La gifle sur Jésus

Jésus de Nazareth a reçu une gifle qu’il ne méritait pas, et il a répondu de la manière non-violente qui était la sienne. Une manière que l’on connaît, qui vous oblige aujourd’hui à observer comment la société congolaise préfère gifler des gens pour éviter de chercher la vérité.
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Au cœur des jours et des nuits Laid et méchant Mon nouvel appareil de photo se déclenche automatiquement lorsque l’objectif se trouve devant un sourire. Pour ainsi dire, aucun sourire ne lui échappe. J’ai lu le nom du pays de fabrication de l’appareil, mais je ne peux m’empêcher de penser à feue ma grand-mère maternelle. Je l’aurais soupçonnée d’avoir inspiré le fabricant.
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Au cœur des jours et des nuits La maman photographe Ma nièce vendeuse de pain a été désagréablement surprise par la décision et les manières du nouveau curé de sa paroisse. Il a décidé que la messe ne ressemblera plus à un marché, et ma nièce qui ignorait alors la différence se demande pourquoi cela arrive seulement au moment où elle s’est bien préparée à faire des photos lors de la première communion de son fils.  Le nouveau curé a interdit tout sifflet, tout vuvuzela dans l’église, quelle que soit la circonstance. Ma nièce le comprend et l’approuve. L’église n’est pas un stade de football, il faut du respect, dit-elle, désapprouvant cette mauvaise habitude qui s’installe à Kinshasa où des sifflets et des vuvuzelas s’introduisent partout et empêchent toute concentration. On donne l’impression que toute notre vie pourrait être un jeu. Ma nièce désapprouve. Mais ma nièce ne comprend pas que le nouveau curé interdise aussi aux parents de photographier leur enfant qui reçoit le corps du Christ pour la première fois de sa vie.

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Au cœur des jours et des nuits Les papas « veuves » Vous avez bien lu. Vous auriez pensé plus correct de parler des veuves en pensant à des femmes, et des veufs, pour les hommes. Mais il ne s’agit pas ici d’une leçon de grammaire française. Ici, il s’agit d’une revendication grave. Le cuisinier du curé de ma paroisse plaidait en faveur de ceux qui étaient comme lui. Il a dit « papas veuves », parce que, dans les propos du curé et de bien d’autres, dans l’Eglise, on ne pense souvent qu’aux « mamans veuves ». Et le cuisinier veuf demandait donc que justice soit faite, pour lui-même et pour tant d’autres qui sont dans sa condition. Pourquoi n’y a-t-il pas de papas veuves ? a-t-il demandé.






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Au cœur des jours et des nuits J’ai dansé pour toi Une amie d’enfance me l’a rappelé. Elle a dansé pour moi le jour de ma fête au village. Elle avait dansé pour moi, mais je ne m’en souvenais pas. Tout
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Au cœur des jours et des nuits L’église et la case cheffale Comparer l’église du village avec la case cheffale, le prêtre qui a présidé la messe du jubilé d’or de ma paroisse l’a fait. Il en a eu l’inspiration venue du ciel, sans aucun doute. La case cheffale abrite les attributs du pouvoir, et l’église abrite les attributs du royaume des cieux. Il faut le même respect à l’intérieur et autour de l’église et de la case cheffale. La construction de la case cheffale, dans ma tribu, se déroule en une seule journée. Le village entier est obligé d’y contribuer, et l’on apporte rameaux, sticks de bois et cordes et tous les matériaux, et l’on prête ses mains au travail de tous, pour voir, à la tombée de la nuit, les insignes et tous les emblèmes hérités des ancêtres reposer dans la case cheffale. Voilà remplies quelques conditions indispensables pour la validité du pouvoir d’un nouveau chef.
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Au cœur des jours et des nuits Le français du chef Pourquoi le chef de mon village a-t-il prononcé son discours de circonstance dans la langue française ? Le chef parlait bien devant son peuple et une poignée d’invités, fils et filles du village ou d’autres venus de la région ou d’ailleurs. Sauf exception, tout le monde comprendrait la langue du village. Tout le monde ou presque ne parle d’ordinaire que notre belle langue. Mais le chef du village, intronisé l’année dernière, a préféré parler en français. Pourquoi ? On ne l’a peut-être pas renseigné sur le devoir qui lui incombe aussi de défendre et de préserver la langue comme patrimoine de son peuple. Les organisateurs du jubilé de ma paroisse auraient dû, par ailleurs, se rappeler que ne doit prendre la parole dans une messe, du début à la fin, que les prêtres et les acteurs liturgiques dûment mandatés, chacun à son tour et à sa place. Les honorables et autres excellences, avec tous leurs titres et les honneurs bien légitimes, ne doivent pas prononcer de discours. Le pape Benoît XVI l’a rappelé en 2006, en l’année de l’eucharistie.
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Au cœur des jours et des nuits Le pagne de ma mère Le copain qui s’accrochait à sa mère, nous disions qu’il s’accrochait aux genoux de sa mère. Un gamin de trois ou quatre ans doit apprendre à jouer avec les copains plutôt que de rester tout le temps avec sa maman. Nous aurions dû utiliser une autre expression. Nous aurions dû dire que le garçon s’accrochait au pagne de sa mère. Le pagne de la maman, chacun de nous y tenait peut-être, mais personne n’en prenait conscience ni n’aurait pu se l’avouer. Il fallait attendre le temps pour nous rappeler combien, à tout âge, un homme tient au pagne de sa maman. Les mères de l’âge de ma mère n’étaient sans doute pas fondamentalement différentes des autres mères d’autres époques et d’autres pays. La différence est peut-être survenue aujourd’hui. Des 
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Au cœur des jours et des nuits

Le pouvoir des clés

Si quelqu’un peut se targuer d’avoir inventé la clé, il n’imaginera peut-être pas l’étendue du pouvoir donné à l’être humain, pour ouvrir et fermer, pour fermer et ouvrir. Il en est ainsi de toutes les inventions techniques, peut-on objecter. Toutes dépassent l’inventeur dans l’usage que l’on peut en faire. Mais une clé doit être une invention bien particulière.

Fermer une porte contre les voleurs et les intrus, l’ouvrir pour la famille et les amis, c’est d’abord cette capacité, ce pouvoir qui est admirable. Toutes les sociétés et toutes les cultures humaines doivent avoir découvert ou inventé une manière de faire pour ouvrir ou fermer, fermer ou ouvrir une porte à celui qui est désirable ou indésirable.

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Au cœur des jours et des nuits La mendiante, le mendiant et moi Je pensais bien remettre un peu d’argent à la dame qui me demandait de l’aider à payer le transport en commun. Nous attendions tous deux le bus, et la dame s’est approchée discrètement de moi pour me faire la demande. Elle n’avait pas vraiment besoin d’insister. Je n’avais pas besoin de l’écouter jusqu’au bout non plus. Tout était clair. Visiblement, la dame était dans le besoin, et je connais bien la situation parce que, toute ma vie, je me retrouve constamment dans le besoin. Il y a même des jours où je pourrais désespérer, penser que je ne verrais pas facilement le lendemain.
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Au cœur des jours et des nuits Fais-moi une promesse ! Le mendiant à qui je n’ai pu rien remettre de ce qu’il me demandait m’a imploré en me regardant dans les yeux. Donne-moi un rendez-vous ; fais-moi une promesse, a-t-il supplié. Je lui avais déjà dit que je n’avais pas d’argent pour moi-même. J’ai vidé mes poches. Comme si j’étais dans un commissariat de police. J’ai montré le contenu. J’avais un mouchoir de poche, et un trousseau de clé, et un chapelet. Ce jour-là, je n’avais même pas un portefeuille, même pas une carte d’identité. Et j’ai bien dit au mendiant qu’il me manquait même les 500 francs nécessaires pour payer une place dans un bus. Et que c’est pourquoi je marchais. Et que voilà pourquoi lui, le mendiant, avait eu le bonheur de me croiser sur son chemin.

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Au cœur des jours et des nuits A qui le dernier mot ? Les pharisiens, les scribes et les docteurs de la loi, dans la Bible, auraient tout accepté sauf de laisser penser que Jésus avait le dernier mot, que Jésus avait raison. Ils demandaient à Jésus de prouver qu’il parlait au nom de Dieu. Et ils le guettaient justement pour l’accuser de blasphème, pour l’accuser de se prétendre l’égal de Dieu. Un pharisien comme Nicodème ne reconnut qu’en secret la grandeur de Jésus. Jésus lui-même dira plus tard : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Et bien plus tard encore, Pilate lui posera la question : Qu’est-ce que la vérité ? (Jean 18,38)  Combien, dans notre pays, reconnaissent-ils la vérité de l’autre camp, de l’autre parti politique, de l’autre Eglise, de l’autre religion ? Dans les médias et dans les autres lieux publics, on ne s’écoute pas. Il est rare qu’on laisse spontanément aux autres l’occasion de se présenter ou tout simplement de faire eux-mêmes le témoignage de ce qu’ils croient, de ce qui est leur intime conviction. Les débats et autres dialogues entre Congolais dégagent plus de chaleur que de lumière, comme le faisait observer un diplomate étranger dans les années 1990.

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Au cœur des jours et des nuits Chorale et tabernacle Mon neveu a quitté la chorale. Sa décision est irrévocable, m’a-t-il dit. Pourtant, il a rejoint cette chorale depuis peu seulement. Depuis qu’il est arrivé du village. Il avait pensé, en bon catholique, s’intégrer dans la vie d’une paroisse et dans la ville en général. Au village, il était l’adjoint du dirigeant de la chorale. En ville, il s’est donc présenté aux responsables de la chorale, et son admission n’a pas posé de problème. Le monsieur a une belle voix, et il joue remarquablement du tam-tam, d’une manière telle qu’un nouveau style se dégageait de ses mains. Le rythme était assez différent, mais le dirigeant de la chorale était d’avis que le temps finirait par tout harmoniser. Les différents rythmes de tam-tams des églises de notre pays épousent les différents genres de musique de nos provinces et de nos multiples ethnies. Et cette diversité est une richesse, une très bonne chose !



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Au cœur des jours et des nuits Sympathie pour Jérôme J’ai de la sympathie pour tout prénommé Jérôme. En souvenir d’un ami d’enfance. Jérôme m’a beaucoup appris dans la chasse aux sauterelles et aux oiseaux. Il n’avait aucune crainte de poser ses pieds nus dans les marécages ni de traverser la rivière sur juste un stick... Je mettais mes pas dans ses pas, et j’ai acquis, au fil du temps, la même habileté qui aura fait de moi un vrai garçon. Un jour, avant notre adolescence, Jérôme a quitté notre village. Il est allé loin, nous a-t-on dit, dans une ville où l’avait appelé un oncle. On dit encore aujourd’hui que Jérôme est vivant, qu’il pense bien à ses amis d’enfance. Mais personne n’a jamais reçu une lettre de lui. Ni aucun autre signe de vie, dans cette ère des réseaux et des téléphones portables. Un jour, il reviendra, certainement, et je ne manquerai pas de l’apprendre, où que je sois. En attendant, je garde bien le souvenir de mon ami Jérôme, et tout prénommé Jérôme me rappelle notre amitié.
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Au cœur des jours et des nuits Je n’aime pas l’école Le petit garçon est arrivé à l’école pour le tout premier jour de sa vie, et l’enfant en pleurs crie à sa mère : « Je n’aime pas l’école ! ». Moi non plus, d’ailleurs, moi qui ai passé une bonne trentaine d’années de ma vie à l’école. Ai-je vraiment le droit de dire à l’enfant d’aimer l’école ? Peut-être oui, peut-être non aussi. Je n’ai pas les mêmes raisons que lui, mais je sais que personne ne m’a jamais obligé d’aller à l’école. Mais l’école n’a pas toujours été un rendez-vous du plaisir pour moi.  Si je dis donc que je n’aime pas l’école, vous pourriez me demander si je suis sérieux en le disant. Si je réponds que oui, vous pouvez toujours penser que je blague, parce qu’il vous semble bien que j’ai été à l’école et que j’en ai bien profité. Et alors, si je persiste à vous dire que je n’aime pas l’école, vous pouvez me ranger, malgré vous, parmi les méchants qui tentent de détourner les autres d’un avantage certain dont ils ont bénéficié eux-mêmes. Ou encore, vous pouvez soupçonner que je répète quelqu’un ou que je cite quelqu’un d’autre que moi-même. Après tout, notre école ne produit parfois que des perroquets, des hommes et des femmes qui répètent sans comprendre ce qu’ils ont entendu. Pourtant, je demanderais que vous me fassiez confiance. Je sais ce que je dis : Je n’aime pas l’école.

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Au cœur des jours et des nuits L’évêque et la fillette La fillette avait dit tout de go à son père qu’elle n’aimait pas l’évêque. Son père la tenait par la main, et il ressentait la petite main de l’enfant toute tremblante. En pleine matinée, elle ne faisait sans doute pas l’une de ses fièvres de paludisme qui prennent les enfants le soir au coucher. Ils rentraient de la messe du dimanche, et le papa était étonné et presque scandalisé en pensant que l’enfant aurait dû au contraire s’émerveiller d’avoir vu l’évêque de tout près pour la toute première fois de ses c ans. Et c’est justement là que l’enfant avait ressenti quelque chose. Lorsque le papa lui demanda pourquoi elle n’aimait pas l’évêque, l’enfant répondit que c’est l’évêque qui avait commencé à ne pas l’aimer, elle. L’étonnement grandit dans le cœur du parent jusqu’à l’inquiétude. L’enfant pouvait être très malade, en train de délirer. L’enfant dit que lorsque l’évêque avait répandu de l’eau sur tous ceux qui étaient dans l’église, il l’avait exclue, elle. Je n’ai pas reçu une goutte comme les autres, dit-elle. La fillette s’estimait donc discriminée. Son père se demanda pendant un moment s’il fallait sourire ou s’il fallait s’inquiéter.

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Au cœur des jours et des nuits Martyr pour un coup de foudre Mon ami enseignant de physique à l’école secondaire de son village se réjouit d’ores et déjà d’un grand événement de l’Eglise qui va se dérouler en Afrique du sud. L’événement, c’est la béatification, le 13 septembre, de Benoît ou Benedict Daswa. Ce nom vous est inconnu. Mais son histoire, vous direz la connaître si je vous apprends que cet enseignant et catéchiste ne croyait pas et qu’il a fait savoir fermement qu’il ne croyait pas que la foudre qui tombe sur un village est une œuvre de sorciers. L’histoire de Benedict Daswa vous concerne, donc. Tout au moins, vous connaissez des personnes qui croient dur comme fer, depuis leur enfance, qu’un être humain peut vous envoyer la foudre, comme on dit dans ma langue maternelle. La foudre qui brûle et qui tue. Et vous savez que des personnes qui croient dur comme fer à la force magique, vous ne pouvez pas les convaincre du contraire.

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Au cœur des jours et des nuits Le coiffeur et le pasteur Je n’ai ni l’allure ni l’apparence d’un infirmier ou d’un médecin. Mais le coiffeur qui s’est occupé de ma tête la toute dernière fois s’est avisé de me consulter. Il demandait mon avis sur les propos tenus à la télévision par un pasteur. Le pasteur et sa chaîne de télévision venaient de s’installer dans le paysage médiatique. On les regardait pour découvrir la nouveauté. Les anciens, on connaissait trop leur évangile, de A à Z. Et voilà que le pasteur racontait avec emphase le dernier miracle sorti de ses mains. Sous des applaudissements frénétiques de l’assemblée hystérique, le pasteur relevé par les projecteurs et les couleurs, revenait mille fois sur ce témoignage. Il prétendait que par sa prière combien efficace, il avait guéri un enfant souffrant de la drépanocytose, l’anémie SS. La fillette toute pâle, les yeux hagards, semblait ne rien comprendre. Les caméras fixaient ses yeux vides, évidés.










 

Au cœur des jours et des nuits Papillon ou bousier Vous serez papillon ou bousier, à vous de choisir. Et personne n’aura le droit de vous dicter le comportement qu’il vous faut. Et d’ailleurs, vous n’écouterez personne. Vous n’écoutez jamais personne lorsqu’il s’agit de choisir pour la vie et pour la mort. Le papillon, nous avons tous oublié ce que l’enseignant nous en avait dit à l’école primaire pendant la leçon de zoologie. Nous avons oublié que le papillon vient d’une chenille et qu’il va vivre pendant quelques mois seulement. Mais le papillon, tous les enfants l’aiment. Peu importe de savoir d’où il vient et où il va. Le papillon fait plaisir à notre regard. Il a de multiples couleurs, et il ne fait de mal à personne. Il annonce plutôt le beau temps et la joie. Le papillon visite les fleurs qui agrémentent notre vie. Et nous avons appris que le papillon se pose sur les fleurs pour en tirer le nectar, le bon jus. Le papillon aime la bonne nourriture. Le papillon apporte la bonne nouvelle de la vie.
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Au cœur des jours et des nuits L’enfant et les chips de l’église Quelle chance pour cet enfant de quatre ans ? Il voit le curé de la paroisse arriver chez lui à la maison. Il l’a bien reconnu, même si le curé ne porte pas les vêtements qu’il a à la messe. Surtout, lorsque le prêtre a parlé, sa voix était bien la sienne. L’enfant avait déjà confié à son cousin que le prêtre parlait comme Dieu. L’enfant était nouveau dans le quartier, et dans l’église catholique. Il avait bien des choses à découvrir. Bien des choses l’émerveillaient. A chaque fois, il ne cachait pas son étonnement. Un étonnement comme celui de la philosophie, lorsque l’intelligence s’interroge sur tout ce qui nous entoure. Et cet enfant ruminait un mot personnel à dire au prêtre. Un mot concernant les chips de l’église. L’enfant avait voulu en bénéficier lui aussi. Il avait payé de l’argent, disait-il, mais le curé n’avait pas daigné lui en donner comme à d’autres. L’enfant avait pensé que le curé était injuste, mais comment protester ? Et voilà donc la chance inouïe lorsque le prêtre lui-même vient vers l’enfant.


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Au cœur des jours et des nuits Le cercueil du cardinal Le musée Cardinal Malula inauguré récemment à Kinshasa-Limete rappelle le cercueil du cardinal Frédéric Etsou. Voilà deux pasteurs de l’Eglise de Kinshasa qui se ressemblent. Des philosophes nous l’ont dit avec raison : C’est lorsque s’achève l’histoire d’un être humain sur terre que les autres peuvent enfin la lire et comprendre vraiment qui était le défunt. Frédéric Etsou et Joseph-Albert Malula, la fin de leur vie a révélé ce qu’ils ont été et que nous n’avons jamais vu ni peut-être imaginé auparavant. Une journaliste qui a visité le musée Cardinal Malula a vite retenu le climat dans la vie du grand personnage : la simplicité. La journaliste n’a pourtant pas tout vu ni appris non plus. Par exemple : elle n’a pas entendu la religieuse qui me racontait que dans la salle de bain, le dernier porte-savon du cardinal Malula portait un amoncellement de bouts de savon. Le grand homme vivait ainsi : Un reste de savon en attendait un autre pour faire un bon morceau qui tienne dans la paume d’une main.

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J’ai demandé à la demoiselle de la réception pourquoi elle a aussitôt allumé toutes les lampes alors qu’il fait plein soleil en plein midi. Elle m’a regardé l’air étonné avant de daigner me répondre. Elle m’a dit que c’était pour l’esthétique. Le mot est bien de sa bouche : l’esthétique. Si le mot a trait à la beauté, je ne vois pas en quoi une lampe allumée en plein midi est plus belle qu’autre chose. Les autres choses, justement, des meubles au mur et des fleurs, ont besoin de lumière pour briller, pour bien apparaître. Et en plein soleil de midi, la lumière est plus que suffisante pour faire resplendir, faire éclater la beauté des êtres et des choses.
Mais la demoiselle de la réception doit avoir appuyé sur l’interrupteur comme par réflexe. Chaque jour qu’elle entre dans son bureau, elle appuie sur l’interrupteur. Et les lampes restent allumées toute la journée et toute la nuit jusqu’au moment où quelqu’un d’autre, on ne sait pas trop qui, passera les éteindre.


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Un peuple de commerçants

Une vielle dame de mes connaissances vend des avocats sur le petit marché de mon quartier. Elle a refusé que je lui achète tous ses avocats. Elle avait raison.
Ses avocats, elle ne les a pas achetés quelque part pour les revendre à son tour. Ils viennent de l'avocatier planté tout juste derrière sa maison. La vieille dame ne les a pas cueillis. Elle a attendu qu'ils tombent d'eux-mêmes une fois mûrs.
La dame vient du village. Elle a appris la patience. L'agricultrice attendait le temps qu'il fallait, la saison qu'il fallait pour semer et voir les grains germer et grandir et mûrir. Le temps de la récolte est plus long encore. Il faut cultiver la patience pour recueillir le fruit mûr.

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Au cœur des jours et des nuits Une question d’esprits Sur les routes de Kinshasa roulent des « esprits de mort » et des « esprits de vie ». Le chauffeur de taxi qui me prend à l’aéroport va m’expliquer la vraie différence entre un « esprit de mort » et un « esprit de vie ». Et comment on peut voir et même toucher un esprit. Le chauffeur a posé ma valise sur ses épaules, et nous avons rejoint sa voiture sur le bord du boulevard. Puis, sur les différents et multiformes tronçons de la route, nous avons approché, frôlé, et parfois nous avons presque croisé des « esprits de mort » et des « esprits de vie ». Il y en a qui vous dépassent par la gauche ou par la droite. Il y en a qui klaxonnent après vous avoir dépassés. Et vous pouvez vous demander si le code de la route dans cette ville et à cette heure de la soirée est encore le même que celui que vous connaissez.
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Au cœur des jours et des nuits Le sport, passion pour la vérité Je ne crois pas avoir perdu ma passion pour le football. Il arrive, aujourd’hui, que je me concentre sur une lecture plus professionnelle ou sur un temps de prière plutôt que de suivre, à la télé, le match de football livré par l’équipe nationale. Le bruit qui monte de la ville lorsqu’un but a été marqué ne me laisse pas indifférent ! Mais je ne me laisse pas influencer. Il y a quelques années, je n’aurais pas imaginé qu’il soit possible à un homme, un vrai, de manquer les grands rendez-vous de football. Lors de mes années d’étudiant, les finales des coupes du monde ou des coupes d’Afrique tombaient pendant les sessions d’examens. Je pensais que le diable en personne avait arrangé ainsi les calendriers pour me tenter de la pire manière. Mais que vient faire le diable dans une affaire où il ne doit pas compter sur beaucoup de crédibilité pour lui-même ? Il est vrai que le football et le sport en général peuvent servir le diable : ce sont des occasions de violence et d’autres péchés comme la corruption. On nous révèle de plus en plus que des matchs de grands championnats du monde ont été « arrangés » pour donner la victoire ou la défaite. Contre argent. Il y a des tricheurs. Il y a des intolérants. Il y a des fanatiques et d’autres. Le sport est comme toute activité humaine : il y a du meilleur et du pire. Le mal est dans l’homme.
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Au cœur des jours et des nuits Visible et invisible Celui qui voyage beaucoup dans le monde peut avoir l’impression de ne plus jamais passer inaperçu nulle part. Tout semble mis en œuvre pour vous contrôler et vous faire sentir que vous êtes dépisté, surveillé ou, si vous préférez, accompagné comme par un ange gardien. C’est dans les aéroports que vous faites souvent cette expérience. La technique de la biométrie appliquée pour les nouveaux passeports ne vous laisse pas l’occasion de coller votre photo d’identité pour vous faire passer pour votre frère. La photo a été intégrée au passeport depuis le Ministère qui vous l’a délivré. Rappelez-vous : on vous a « capturé » là-bas, comme on dit. On vous a pris en photo, mais la photo est numérique. Jusque-là, seuls les métiers de la vidéo utilisaient le terme peu courant de capture dans une étape du montage des images vidéo. Mais c’est bien compliqué à comprendre, justement. Sauf que maintenant, on capture pour quiconque veut un passeport. On en parle comme si on capturait l’individu, la personne. Dans les décennies anciennes, des Africains auraient bien ressenti et cru qu’on avait capturé leur âme et leur visage et leur corps tout entier sur une carte de photo. Toutes les photos ne sont pas sur carte, aujourd’hui. Désolé pour ceux qui appellent toute photo une « carte » !
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Au cœur des jours et des nuits Nous sommes des Jean Sous des arbres plantés le long du boulevard Lumumba, à Kinshasa, j’ai acheté une sculpture sur bois, œuvre d’un artisan prénommé Jean Bosco. Pour négocier le prix, comme il convient, j’ai fait remarquer au vendeur le fait que par nos prénoms respectifs, nous sommes des « homonymes ». Il n’y a pas de conclusion à tirer là-dessus, je le concède. Mais c’est un argument comme un autre qui peut produire l’effet désiré lors d’un marchandage. Je ne peux savoir objectivement si l’argument a pesé dans le prix comptant. Je n’ai jamais su quand je gagne et quand je perds dans le marchandage. C’est autant un art qu’un exercice de philosophie pratique. Et dans l’un et l’autre cas, le succès n’est pas une science exacte.


Dans ma salle de classe, le professeur interdit le mot « peut-être ». Que le mot n’atteigne pas ses oreilles ! Et si les lèvres des étudiants trouvent l’astuce et recourent à un synonyme, à une périphrase, le professeur est bien plus intelligent, bien plus cultivé encore pour rejeter le synonyme et rappeler son mot d’ordre. Pas de « peut-être » dans son cours. Pourquoi pas ?
Le professeur est payé pour dispenser le savoir. Et le « peut-être », c’est l’approximatif, c’est le vraisemblable, ce n’est pas le savoir, la science. Approuver le « peut-être », c’est approuver la paresse intellectuelle, le manque de la recherche du savoir. Le savoir doit être précis, complet. Ou ce n’est pas le savoir.

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Qu’auriez-vous fait, à ma place, si vous aviez eu à réconcilier deux amis qui se sont brouillés autour d’un livre ? L’un avait prêté à l’autre un livre précieux à ses propres yeux. Le livre parle d’un missionnaire qui a vécu dans le pays au tout début du vingtième siècle. Le livre est vieux, bien entendu, et le propriétaire a justement pensé avoir fait une acquisition inestimable en achetant ce livre en Europe sur un vieux marché de vieux livres. Ce livre n’était pas non plus ce qu’il y a de plus beau.
Le livre raconte l’histoire de notre pays et de l’évangélisation de notre pays, lorsque les missionnaires étrangers ont eu un tout premier contact avec des peuples congolais qui n’attendaient pas un Dieu étranger et qui ne se croyaient l’esclave de personne. Voilà une petite idée du contenu du livre. Je répète : la couverture et les autres pages étaient bien vieilles, pas du tout de belle apparence. Mais mon ami, je répète, y tenait. Il avait cru à une acquisition inestimable, et il ne pouvait prêter le précieux livre qu’à une personne sûre, digne de confiance. Et un ami veut dire par définition une personne sûre, digne de confiance.
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Au cœur des jours et des nuits Plus jamais la mort ? La mort ne passera plus jamais dans sa famille. La dame qui l’annonce ainsi à haute et intelligible voix pour que tout le monde l’entende bien dans le bus en est bien convaincue. C’est le pasteur de son Eglise qui l’a prophétisé, dit-elle. Elle voudrait en convaincre tout le monde. Elle voudrait surtout que tout le monde retienne le nom du dernier pasteur en date qui l’a persuadée. Et elle donne l’adresse du pasteur. Quelqu’un pourrait s’intéresser aussi pour échapper à la mort, sa famille entière et lui-même. Depuis une trentaine d’années, la dame a couru les premières campagnes d’évangélisation tenue dans la ville de Kinshasa par des pasteurs américains. Des pasteurs congolais leur ont succédé depuis lors, et la dame a appris d’eux mieux encore : les morts survenues dans sa famille élargie étaient la faute de quelques malheureux qui n’avaient pas suffisamment de foi ou qui ont refusé de la suivre chez les pasteurs. C’est leur faute à eux-mêmes, finalement, si certains sont morts. Le dernier pasteur de la dernière campagne d’évangélisation en date a déclaré que désormais, plus personne ne mourra. Dieu a étendu sa main sur cette famille !
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Au cœur des jours et des nuits Honorer sa mère L’amie de mon amie que mon amie de quinze ans elle-même désapprouve est celle qui renie sa propre mère. Vous avez bien compris : l’amie de mon amie a honte de sa mère. Si c’était possible, elle l’aurait cachée sous un lit ou dans une armoire. On verra bien le jour où il y aura deuil chez elle, se promet mon amie, qui connaît le mensonge et qui attend la première occasion pour confondre la menteuse. Pourquoi renier sa maman ? Et vous vous demandez : qu’est-ce qu’elle a de fâcheux, de si indésirable, cette mère de famille ? Rien de grave, aux yeux de beaucoup, si je vous le dis. Cette femme a le tort vu par sa fille d’être âgée de cinquante ans. Et elle les porte bien ses cinquante années, semble-t-il. A cinquante ans, elle est trop vieille pour la cadette de ses filles : ses copines ont des mères qui ont la trentaine. Et l’amie de mon amie de quinze ans n’aimerait pas que ses copines sachent qu’elle a une mère si âgée, presque grand-mère, c’est-à-dire dépassée par la mode vestimentaire, par exemple.

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Au cœur des jours et des nuits On risque sa vie A chaque fois que je monte dans un avion, je risque ma vie. C’est bien entendu. Mais pourquoi récidiver ? Pourquoi, après les émotions au décollage et à l’atterrissage, reprendre un autre jour le même chemin de l’aéroport et monter dans un avion ? Vous n’imaginez pas le même trac que l’on peut vivre à chaque fois que l’on boucle la ceinture de sécurité, à la moindre demande et au moindre conseil de l’équipage de bord. N’est-ce pas que monter dans un avion ressemble alors à chaque fois à se plonger la tête sous l’eau et à la maintenir ainsi en pensant se relever comme dans un rêve inachevé ? Les issues de secours dans un avion, on nous les montre bien, mais qui croit jamais y passer et pour aboutir où ?

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Au cœur des jours et des nuits Faites votre beauté Faites votre beauté vous-même. Comme on fait son lit pour se coucher. Avec ou sans matelas, sur une natte ou sur un canapé du salon. Faites votre lit, trouvez le sommeil nécessaire, et vous n’avez de compte à rendre à personne si vous vous sentez bien dans votre tête, dans votre corps, dans votre esprit. De la même façon, faites votre beauté vous-même. Les pays africains l’ont compris. Enfin. Ils affichent désormais et de plus en plus sur écran leur beauté pour le regard de qui cherche et veut voir. Les beaux bâtiments tout neufs aux couleurs chatoyantes. Les chantiers multiples, les poses de premières pierres et les inaugurations des infrastructures rutilantes. Les rues fleuries, avec macadam et lignes de sécurité bien tracées. Les passants qui apparaissent toujours bien vêtus et bien chaussés, comme si la fête de l’indépendance du pays se célébrait chaque jour de ce côté de la ville. L’indépendance, c’est maintenant. L’Afrique se récupère… La fête semble ne faire que commencer.
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Au cœur des jours et des nuits Ne m’oublie pas Lesquels, entre les hommes et les femmes, souhaitent et demandent le plus qu’on ne les oublie pas ? Vous pensez sans doute à la relation amoureuse, et vous répondez que ce sont les femmes. Oui, parce que vous êtes un homme, et que c’est le souhait d’une femme que vous avez entendu. Mais si vous êtes une femme, vous avez été plutôt attentive à la complainte d’un homme. Les hommes et les femmes veulent qu’on ne les oublie pas. Et ils le demandent. Il reste que dans la chanson populaire du répertoire international, le titre « ne m’oublie pas » ou « tu vas m’oublier » rappelle plutôt la langueur d’une femme. Si c’est un homme qui a écrit la chanson, c’est une voix féminine qui va l’interpréter. Disons donc tous ensemble que le monde, en général, conçoit plutôt que c’est la femme qui implore son aimé de ne pas l’oublier.

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Au cœur des jours et des nuits L’histoire, c’est hier Quel chanteur n’aurait pas éprouvé un immense plaisir en écoutant par hasard une radio diffuser une chanson de lui ? Vous me direz que le plaisir, le chanteur l’éprouvera toujours à chaque fois même s’il est un vieux chanteur, même s’il a un riche répertoire universellement reconnu. Le plaisir est toujours renouvelé. S’entendre chanter sur une radio alors qu’on ne connaît ni l’animateur à l’antenne ni le producteur d’une émission ou le preneur de son, c’est la preuve que vous avez réussi une œuvre artistique qui plaît à d’autres, même à des inconnus, à des hommes et à des femmes qui ne sont ni de votre famille ni de votre entourage. Un artiste est justement un bienfaiteur de l’humanité, parce qu’il rend le service du plaisir, de la beauté et parfois de la sagesse. Je vous le rappelle parce qu’un chanteur parmi mes amis a plutôt éprouvé le sentiment contraire lorsqu’il a entendu, pour une rare fois, une chanson de lui diffuser sur une radio de Kinshasa. Mon ami de chanteur n’a pas exulté de joie . Non, il s’est attristé. Parce que la chanson est passée à l’antenne de la radio dans la rubrique des chansons de nostalgie, des vieux succès. C’est-à-dire de vieilles chansons presque enterrées, que l’on rappelle à la 
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Au cœur des jours et des nuits Mariage et différence tribale Ma nièce n’est plus fiancée. Je ne vous parlerai pas de son mariage. Il n’a pas eu lieu. Il n’aura peut-être plus lieu. Les fiançailles se 
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Au cœur des jours et des nuits S’informer pour agir Vous qui m’écoutez maintenant sur Radio Elikya, la radio de l’archidiocèse de Kinshasa, vous ne vous trouvez sans doute pas à bord d’un taxi. Si c’est le cas, vous êtes bien une exception qui confirme la règle non-écrite nulle part qui veut que les chauffeurs de taxi tournent le bouton, zappent aussitôt qu’une station de radio commence à diffuser des paroles plutôt que de la musique. Et les clients l’aiment ainsi, expliquent les chauffeurs. Il y a des années, dans les taxis, on écoutait des leaders politiques. Mais les discours des hommes et femmes politiques se sont discrédités. Et il y a peu encore, on écoutait beaucoup les paroles des pasteurs. Mais quelque inconvénient s’est produit, et la bonne parole des pasteurs a été démonétisée. La bonne parole a commencé à fatiguer, prétendent certains qui devraient plutôt honnêtement se reconnaître eux-mêmes fatigués d’avoir trop cru à des prophéties, c’est-à-dire à des promesses, qui ne se réalisaient pas. Et dans les taxis de Kinshasa, la musique a donc commencé à reprendre le dessus. Et la musique reste même quand les paroles s’envolent.
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Au cœur des jours et des nuits Un bonjour de taxi A Kinshasa, celui qui vous rejoint dans un taxi collectif vous dit bonjour. Il ne le fait pas dans un taxi-bus. Dans un taxi, il sent le besoin de vous rassurer. Il voudrait sans doute se rassurer lui-même aussi, s’assurer qu’il ne se jette pas entre les mains d’inconnus dangereux. La prudence est parfois de rigueur dans une situation d’anonymat. Et dans le taxi, il vaut mieux alors, pour se rassurer davantage, engager aussitôt une conversation sur un sujet banal, si le silence vous a précédé. Sinon, il convient de se mêler aussi à la conversation pour rassurer ses compagnons.

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Au cœur des jours et des nuits La force de la beauté La véritable révolution de la modernité palpable dans les rues de Kinshasa doit être la présence de cantonniers. Ces hommes et ces femmes qui nettoient, enlèvent chaque centimètre, chaque millimètre de sable et d’autres saletés. Ils ont bien du travail. Les Kinois crachent partout, ils mettront encore longtemps avant de savoir l’usage d’une poubelle, avant surtout de savoir qu’il revient à l’être humain d’embellir son environnement.

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Au cœur des jours et des nuits Vitesse et priorité à Kinshasa Mon neveu avait tenu à s’assurer que la voiture que je lui promettais en cadeau aurait des freins, de vrais freins. Il était prudent. Après tout, quel plaisir auriez-vous avec une voiture qui démarre sans jamais pouvoir s’arrêter ? Mon neveu avait cinq ans. Il en a une vingtaine aujourd’hui. Vous voudriez savoir ce qu’il pense aujourd’hui de la vitesse, des freins et des voitures. Mon neveu a gardé l’amour des véhicules. Il a même fait plus. Il a décroché un permis de conduire, chose facile à obtenir, semble-t-il, et, mieux encore, il est chauffeur de taxi-bus à Kinshasa.
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Au cœur des jours et des nuits Les souffrances de l’évêque Lorsque j’ai demandé de prier pour un évêque à l’anniversaire de son ordination épiscopale, j’ai précisé l’intention de prière : que l’évêque n’abandonne pas, ne se décourage jamais devant les souffrances. Sans être évêque, on peut bien s’imaginer que la vie d’un évêque est traversée par des difficultés. Sinon, serait-elle une vie humaine ? Même un nouveau-né pleure. Dans les maternités, les mamans s’inquiètent si l’enfant nouveau-né n’a pas pleuré. Pleurer, souffrir, c’est la vie.

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Au cœur des jours et des nuits Qui a raison et qui a tort ? De la Majorité au pouvoir et de l’opposition, qui a raison et qui a tort ? Et à quel sujet ? Si le langage radiophonique ne déconseillait pas les silences que l’on n’entend pas, j’aurais laissé aux auditeurs et auditrices quelques bonnes secondes pour les entendre répondre à ma question. Ils auraient tous ou presque répondu que c’est la majorité au pouvoir ou l’opposition et vice versa. Les opinions sont diverses. Et c’est normal. En démocratie mais aussi en toute circonstance où l’on réfléchit.
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Au cœur des jours et des nuits Le travail ou la prière ? C’est un chrétien qui regrette d’avoir trouvé du travail. Il n’a plus le temps de rester longtemps dans l’église comme il le faisait voilà quelques mois encore. Il regrette même d’être tellement fatigué le dimanche qu’il ne peut plus aller à la prière que difficilement. Et il commence même à trouver long, très long le temps consacré à la prédication par le pasteur. Ce n’était pas le cas autrefois.
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Au cœur des jours et des nuits Dieu et le motocycliste Motocyclistes à Kigali (Rwanda), le 15 janvier 2015 Le motocycliste qui me conduit au studio de la radio catholique Elikya me confie sa foi. Dieu est bon, me fait-il remarquer. Les après-midi de forte chaleur à Kinshasa et surtout lorsque le ciel menace de faire tomber la pluie, le conducteur de moto se dit que Dieu est vraiment un père qui aime ses enfants et veille sur eux. La forte chaleur oblige beaucoup de Kinois à chercher une moto pour rentrer chez eux. Et les affaires marchent ! Je rétorque que Dieu doit être bien embarrassé s’il doit écouter et exaucer la prière des conducteurs de moto et écouter et exaucer la prière de bien des pauvres gens qui n’ont pas de quoi payer et qui marchent pour regagner leur toit. La pluie et la chaleur ne font pas leur affaire !

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Au cœur des jours et des nuits Le nom de la soeur La sœur prénommée Germaine n’a jamais accepté de donner son nom de famille. A ma demande insistante, elle ajoute tout au plus le nom de sa congrégation religieuse. Et je me dis que la sœur fait comme la plupart des Congolais. Beaucoup ne font aucune différence entre le prénom, le post-nom et le nom de famille. C’est vrai : ils ignorent la différence. Sur les plateaux de télévision, à la radio, les animateurs appellent les invités par leurs prénoms comme s’ils étaient en famille, comme s’ils étaient copains.
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Au cœur des jours et des nuits Remonter dans sa propre histoire Les ancêtres de Jésus de Nazareth, on les connaît : les parents de Marie, la mère de Jésus, s’appelaient Joachim et Anne, d’après la tradition des Eglises catholique et orthodoxe. Du côté du père nourricier Joseph, de la tribu de David, une très longue liste est donnée dans l’évangile selon saint Matthieu. Joseph avait pour père Jacob. On l’aura entendu les derniers jours du temps liturgique de l’Avent, peu avant la Noël. La longue liste compte 14 générations d’Abraham à David, 14 générations également de David jusqu’à l’exil à Babylone et 14 autres générations depuis l’exil à Babylone.
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Au cœur des jours et des nuits La révolution dans le bruit Dans la capitale Kinshasa et dans les villes du pays, nous avons fêté Noël et le Nouvel an dans le bruit. Un bruit d’autant plus fort que les fêtes de fin d’année sont bien les dernières de l’année, et l’on voudrait y aller jusqu’à l’ivresse. Parce que le bruit donne aux citadins, semble-t-il, l’euphorie que procure l’alcool, par exemple. Plus il y a de bruit, dans nos villes, mieux on se sentirait dans son corps et peut-être aussi dans son esprit. Mais le calme, le silence, il faut désormais sortir de nos villes pour le trouver et en bénéficier. Il y en a qui craignent la folie lorsqu’on les tient dans le silence, dans le calme. Le silence fait peur. Il vous oblige à penser à vous. Il vous oblige à faire attention, à écouter l’autre qui souffre, l’autre qui vous aime, l’autre qui pense, qui réfléchit, qui argumente.
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Au cœur des jours et des nuits 2015 : pour la paix dans le Kivu Amani. C’est le nom que portait l’adolescent rencontré le 19 mars 2009 dans le camp de déplacés de guerre de Kiwanja, à 5 kilomètres de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, à 70 kilomètres de la capitale provinciale Goma. Dans le camp de Kiwanja, en 2008, des hommes armés avaient perpétré un massacre sans nom. Le Comité permanent de la Conférence épiscopale nationale du Congo s’était alors indigné à juste titre. Les évêques ont publié, le 13 novembre 2008, une déclaration comme cri de détresse et de protestation contre ce qu’ils redoutaient comme un « génocide silencieux ».
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Au cœur des jours et des nuits Une nouvelle mauvaise année ? Un ami a pronostiqué que l’année nouvelle 2015 sera une mauvaise année. Voilà une vraie mauvaise manière de souhaiter la nouvelle année à ses amis et à son pays. Mon ami est un porteur de mauvaises nouvelles. Il n’en est pas fier, dit-il. Il dit lire la réalité. Il dit donner tout simplement lecture des signes du temps qui se montrent partout. Il insiste. Et il cite Jésus de Nazareth. Au chapitre 16 de l’évangile selon saint Matthieu, Jésus dit aux Pharisiens et aux Saducéens : « Le soir, vous dites : le temps sera beau car le ciel est bien rouge ; et le matin : Aujourd’hui, nous aurons de la tempête, car le rouge du ciel n’est pas beau. Vous savez donc interpréter l’aspect du ciel, mais les signes des temps, vous ne le pouvez pas ! » (Matthieu 16,2-3)
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Au cœur des jours et des nuits Le temps court et s’écourte Pourquoi les années sont-elles devenues si courtes ? Que les plus jeunes m’entendent. Dans ma jeunesse, les vacances 

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