Le pouvoir des clés
Au cœur des jours et des nuits
Le pouvoir des clés
Si quelqu’un peut se targuer d’avoir inventé la clé, il n’imaginera
peut-être pas l’étendue du pouvoir donné à l’être humain, pour ouvrir et
fermer, pour fermer et ouvrir. Il en est ainsi de toutes les inventions
techniques, peut-on objecter. Toutes dépassent l’inventeur dans l’usage que
l’on peut en faire. Mais une clé doit être une invention bien particulière.
Fermer une porte contre les voleurs et les intrus, l’ouvrir pour la
famille et les amis, c’est d’abord cette capacité, ce pouvoir qui est
admirable. Toutes les sociétés et toutes les cultures humaines doivent avoir
découvert ou inventé une manière de faire pour ouvrir ou fermer, fermer ou
ouvrir une porte à celui qui est désirable ou indésirable. On ne décernera pas
un prix spécial à l’inventeur de la clé !
Pour ma part, j’ai toujours mis beaucoup d’espoir dans les clés. Dans
mon village, j’ai vu des parents cacher la clé de la maison autour des reins du
bébé. J’ai moi-même, plus tard, porté la clé autour des reins. Je me sentais
ainsi en sécurité. Puis, c’était dans la poche. Et plus tard encore, j’ai connu
les porte-clés. Mais un porte-clés représentait beaucoup plus un bijou à
montrer. Et les voleurs ne pouvaient-ils pas se saisir plus facilement de moi
et de ma clé ? En tout cas, ils auraient plus de difficultés que d’aller
découvrir la clé dans une botte de paille ou dans un pot de fleurs ou sous une
natte à l’entrée d’une maison.
Je ne sais pas très bien où j’en suis vraiment aujourd’hui. Les clés
mécaniques ne servent plus à rien, semble-t-il. Dans le monde numérique, des
ordinateurs et des tablettes et des smartphones, il y a des mots de passe qu’il
faut compliquer avec des chiffres et des lettres et les plus longs possibles. Des
mots de passe à écrire ou à prononcer simplement. La voix humaine devient alors
une clé. Et il y a l’empreinte digitale. Votre doigt est une clé indécodable,
semble-t-il. On dit aussi que le fond de mon œil peut ouvrir une porte, juste
par le simple regard. Et à cette allure, je deviendrai par mon corps tout
entier une clé. Parce que je suis moi-même et personne d’autre. Dieu ne se
répète pas, dit-on. Il crée des pièces uniques. Des clés uniques. Et donc, si
une clé se perd, on ne la remplace pas. Il n’y a surtout pas de passe-partout.
Une porte qui s’ouvre et qui se referme tout simplement parce que
vous vous êtes approché ou éloigné, quand mon neveu l’a vu pour la première
fois, il a cru qu’il s’agissait là de la magie et de la sorcellerie. Mais mon
neveu ignore la science, la chimie, la physique et surtout la biologie et les
mathématiques. Il a étudié à l’université, mais comme beaucoup, il n’a pas
compris la matière enseignée. Il a réussi aux examens, mais il n’a pas compris
le monde, les êtres et les choses. Tout ce qui dépasse ses connaissances, il
l’attribue à la magie et à la sorcellerie. L’école et l’université n’ont rien
changé à ses croyances superstitieuses.
Pour ma part, ce que je cherche encore à comprendre, c’est le
pouvoir des clés. Je suis fasciné par le pouvoir donné par Jésus à Pierre et à
tous les prêtres de remettre ou de retenir les péchés commis par un baptisé. Le
pouvoir de délier et de lier. Jésus a dit : « Je te donnerai les clés
du royaume des cieux ; ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les
cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
(Matthieu, chapitre 16, verset 19).
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de laisser votre commentaire ici.