Pour la paix dans le Kivu
Au cœur des jours et des nuits
2015 : pour la paix dans
le Kivu
Amani. C’est le nom que portait l’adolescent
rencontré le 19 mars 2009 dans le camp de déplacés de guerre de Kiwanja, à 5
kilomètres de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, à 70 kilomètres de la capitale
provinciale Goma. Dans le camp de Kiwanja, en 2008, des hommes armés avaient
perpétré un massacre sans nom. Le Comité permanent de la Conférence épiscopale
nationale du Congo s’était alors indigné à juste titre. Les évêques ont publié,
le 13 novembre 2008, une déclaration comme cri de détresse et de protestation
contre ce qu’ils redoutaient comme un « génocide silencieux ».
Amani veut dire paix en langue swahili. Le garçon de Kiwanja ne désirait que la
paix. Il y tenait surtout parce que, nous a-t-il dit, il voulait reprendre le
chemin de l’école dans son village. Depuis la guerre menée par le mouvement
rebelle du Congrès National pour la Défense du Peuple, le CNDP, Amani était comme
un prisonnier dans ce camp, sous la surveillance de la Mission des
Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo, la MONUSCO (ou MONUC). Mais à
quoi bon cette protection des Nations-Unies si Amani n’avait pas retrouvé
l’école de son village, et s’il n’avait même pas un terrain de jeu pour un
football digne de ce nom entre de vrais copains ?
Le
2 décembre 2014, le gouverneur de province Julien Paluku a annoncé la fermeture
du camp de déplacés de Kiwanja. Le gouverneur du Nord-Kivu a expliqué que ce
camp cachait des criminels, auteurs de tueries dans la région de Rutshuru.
En
2014, Amani a dépassé les vingt ans d’âge. C’est un grand garçon. Qu’est-il
devenu ? A-t-il fini l’école secondaire quelque part ? N’est-il pas
devenu membre, lui aussi, d’un groupe de miliciens mai-mai ? N’avait-il pas été recruté par le mouvement rebelle
du 23 mars dit le M 23 qui a investi Rutshuru et la région dès le mois d’avril
2012 avant d’être vaincu par l’armée nationale en novembre 2013 ?
Qu’est-devenue la paix depuis lors ?
Qu’est
devenu le cher enfant Amani ? N’est-il pas rentré plus au nord dans la
région de Beni et de Butembo ? Là, justement, en 2014, l’armée nationale a
combattu le mouvement rebelle ougandais des ADF-NALU et ses complices congolais.
Le mouvement rebelle a investi la région depuis une vingtaine d’années, bien
avant la naissance d’Amani. Et le cher Amani, à vingt ans, ne s’est-il pas engagé
dans ces autres groupes armés voués à
combattre l’ennemi étranger mais qui se sont retrouvés en face d’autres
compatriotes entretenus par les mêmes soutiens étrangers ?
L’année
2015 fera-t-elle que le mot swahili Amani dise vraiment la paix pour cet enfant
du Nord-Kivu ? Une religieuse née à Beni rappelle avoir passé sous un lit
la première nuit de son entrée au postulat. C’était en 1992. La révérende soeur
a entamé sa formation religieuse sous la peur. Elle hésite aujourd’hui à
rentrer à Beni. Il y manque encore la paix si désirée.
Jean-Baptiste Malenge Kalunzu
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