Remonter dans sa propre histoire
Au cœur des jours et des nuits
Remonter dans sa propre histoire
Les ancêtres
de Jésus de Nazareth, on les connaît : les parents de Marie, la mère de
Jésus, s’appelaient Joachim et Anne, d’après la tradition des Eglises
catholique et orthodoxe. Du côté du père nourricier Joseph, de la tribu de
David, une très longue liste est donnée dans l’évangile selon saint Matthieu. Joseph
avait pour père Jacob. On l’aura entendu les derniers jours du temps liturgique
de l’Avent, peu avant la Noël. La longue liste compte 14 générations d’Abraham
à David, 14 générations également de David jusqu’à l’exil à Babylone et 14
autres générations depuis l’exil à Babylone.
Reconnaître
ainsi les ancêtres de Jésus donne l’idée que Jésus est vraiment un Juif. Les
Congolais se retrouvent dans cette mentalité qui insiste sur les liens du sang.
Mais cela donne aussi quelques bons complexes aux Congolais et aux Africains.
Ils sont prêts à désigner qui est un vrai fils du pays, mais ils ne sont pas
toujours capables de décliner leur propre identité de sorte à remonter dans
leur propre arbre généalogique pour montrer jusqu’à combien de générations ils
seraient en droit de revendiquer leur origine.
En
République démocratique du Congo, l’histoire nous dit que nous sommes, pour la
plupart de nos peuples et tribus, presque tous venus d’ailleurs. Et nous sommes
incapables de remonter jusqu’à plusieurs générations.
Mes
parents ainsi que mes tantes et oncles paternels et maternels sont incapables eux-mêmes
de me dire qui sont leurs arrière-grands-parents. Ils ne les ont pas connus de
leur vivant et personne ne les a jamais renseignés. Eux-mêmes semblent n’avoir
d’ailleurs jamais cherché à le savoir.
L’autre
jour, lorsque je suis allé chercher un nouveau passeport, le formulaire à remplir
ne me demandait pas de remonter au-delà de mes grands-parents. La mémoire ne
peut aller plus loin, et des documents écrits, il n’y en a pas. Aujourd’hui
encore, bien des enfants ne sont point déclarés à l’état civil. Qu’on imagine
donc l’époque de mes arrière-grands-parents…
Mais
pourquoi alors, dans la culture qui est la nôtre, avons-nous tant de jalousie
pour ne compter comme nos compatriotes que ceux qui sont nés de parents
congolais nés de parents congolais et ainsi de suite ? Pourquoi tant de soin
à ne compter que le droit du sang et non sur le droit du sol, et les adoptions
et les naturalisations, par exemple ? Et pourquoi nos compatriotes qui ont
pris la nationalité d’autres pays sont-ils plus exigeants que n’importe qui
d’autre pour revendiquer la nationalité congolaise alors qu’ils savent bien l’avoir
perdue ? Ils savent bien que la nationalité congolaise est une et exclusive,
d’après la Loi du pays. Pourquoi les Congolais de sang persistent-ils à
penser qu’ils n’ont jamais perdu leur nationalité d’origine ?
Jean-Baptiste Malenge Kalunzu
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