Honorer sa mère Afrique
Au cœur des jours
et des nuits
Honorer sa mère
L’amie de mon amie que mon amie de quinze ans elle-même désapprouve
est celle qui renie sa propre mère. Vous avez bien compris : l’amie de mon
amie a honte de sa mère. Si c’était possible, elle l’aurait cachée sous un lit
ou dans une armoire. On verra bien le jour où il y aura deuil chez elle, se
promet mon amie, qui connaît le mensonge et qui attend la première occasion
pour confondre la menteuse. Pourquoi renier sa maman ?
Et vous vous demandez : qu’est-ce qu’elle a de fâcheux, de si
indésirable, cette mère de famille ? Rien de grave, aux yeux de beaucoup,
si je vous le dis. Cette femme a le tort vu par sa fille d’être âgée de cinquante
ans. Et elle les porte bien ses cinquante années, semble-t-il. A cinquante ans,
elle est trop vieille pour la cadette de ses filles : ses copines ont des mères
qui ont la trentaine. Et l’amie de mon amie de quinze ans n’aimerait pas que
ses copines sachent qu’elle a une mère si âgée, presque grand-mère, c’est-à-dire
dépassée par la mode vestimentaire, par exemple.
Si je t’oublie, Jérusalem,
que ma main droite se dessèche. Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne
me souviens de toi, si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma
joie ! (Psaume 137,5-6)
Ainsi parle le Psaume 137 dans la Sainte Bible. Jérusalem, les Juifs
restaient attachés affectivement à leur ville et au Temple et donc à leur
peuple, à leur patrie d’origine. Où qu’ils soient dans le monde, hier comme
aujourd’hui, les vrais Juifs ont leur cœur à Jérusalem. Les Juifs de la diaspora,
comme on dit, c’est-à-dire les Juifs dispersés à travers le vaste monde après
des expulsions et autres persécutions ont la mère Jérusalem dans leur cœur et
dans leur tête. Ils attendent le jour du retour et du rassemblement.
Mais qu’est-ce qu’il y a de bien particulier dans le peuple
juif ? Autrement dit : quel autre peuple n’est pas attaché à ses
racines ? Le peuple noir, en tout cas, ce peuple qui a subi la traite et
l’esclavage. Dans les années 1930, à Paris, en France, est né le mouvement
littéraire, culturel et politique de la Négritude. Des Noirs du monde entier
revendiquaient les valeurs de leur culture. Le mouvement de la Négritude s’est
inspiré des revendications de l’Amérique. Les descendants du peuple noir
déporté en Amérique n’avaient cessé de chanter la mère Afrique.
Mais aujourd’hui, qui rêve encore de la mère Afrique ? Combien de
fois avez-vous entendu chanter une Diaspora africaine ? Après l’esclavage,
la colonisation est passée par là, et la fierté d’être noir semble s’émousser. Au
temps de la mondialisation, lorsque les peuples se mélangent et se font
connaître de plus en plus, lorsque chacun est fier de brandir ses racines et
ses couleurs propres, il n’est pas rare de rencontrer, sur les autoroutes du
monde, des Africains noirs qui cachent leur négritude. Ils ont honte de leur mère Afrique.
C’est l’afropessimisme qu’ils développent et qu’ils répandent comme
une maladie contagieuse. Dénigrer l’Afrique, épingler les tares de l’Afrique,
c’est le travail que se sont donné beaucoup de fils d’Afrique dispersés à
travers le monde. Ils ont honte de leur mère !
La diaspora juive
à travers le monde est connue pour ses initiatives en faveur de leur mère
patrie. La diaspora africaine et congolaise pose question, parfois. A-t-elle
oublié sa mère ? En quoi l’honore-t-elle ?
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
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