Chorale et tabernacle
Au cœur des jours et des
nuits
Chorale et
tabernacle
Mon
neveu a quitté la chorale. Sa décision est irrévocable, m’a-t-il dit. Pourtant,
il a rejoint cette chorale depuis peu seulement. Depuis qu’il est arrivé du
village. Il avait pensé, en bon catholique, s’intégrer dans la vie d’une
paroisse et dans la ville en général.
Au
village, il était l’adjoint du dirigeant de la chorale. En ville, il s’est donc
présenté aux responsables de la chorale, et son admission n’a pas posé de
problème. Le monsieur a une belle voix, et il joue remarquablement du tam-tam, d’une
manière telle qu’un nouveau style se dégageait de ses mains. Le rythme était
assez différent, mais le dirigeant de la chorale était d’avis que le temps
finirait par tout harmoniser. Les différents rythmes de tam-tams des églises de
notre pays épousent les différents genres de musique de nos provinces et de nos
multiples ethnies. Et cette diversité est une richesse, une très bonne chose !
Le temps
finirait par tout harmoniser. Ainsi pensaient les chefs de la chorale. Mais mon
neveu a décidé de ne plus donner du temps au temps. Il a démissionné.
Irrévocablement, insiste-t-il. Il m’a confié sa crainte de perdre la foi un
jour s’il continue dans cette chorale. Il dit avoir bien réfléchi, et il ne
pense pas pouvoir faire changer la chorale. C’est à lui à changer et non la
chorale. Lorsque vous êtes nouveau dans un groupe, n’imposez pas de changement
au groupe. C’est à vous à vous adapter. Mais on ne s’adaptera pas à n’importe
quoi. Mon neveu en est convaincu ainsi. Et il a décidé de quitter la chorale. A
l’amiable. Une fois la décision prise dans son cœur, il en a parlé aux chefs de
la chorale. Ils lui ont demandé de l’écrire. Et donc, de présenter des raisons,
des arguments.
Mon
neveu quitte la chorale, parce qu’il craint pour sa foi. Plusieurs fois, et
toutes les fois, dit-il, il a été scandalisé devant ce qu’il appelle le manque
de respect des membres de la chorale. Le respect, mon neveu ne l’attend pas
pour sa modeste personne. Il attend le respect dû au Seigneur lui-même. Le
Seigneur que l’on chante, que l’on prie et pour qui on danse comme chorale même
lorsque personne d’autre, dans toute l’assemblée, n’a le droit de se tenir
debout et de danser.
Le
Seigneur, mon neveu pense que les membres de la chorale le respectent bien
pendant la messe. Mais pourquoi manquent-ils de respect pendant les répétitions
de chants ? Il y en a qui se présentent mal habillés comme il ne le faut
pas dans une église. Et l’on répète les chants dans l’église. Des filles sont
en singlet devant le tabernacle, et les garçons se présentent parfois en
culottes et en babouches comme s’ils allaient à l’entraînement de leur équipe
de football.
Sauf que
c’est dans une église. Et dans une église catholique. Mon neveu l’a appris lors
de la catéchèse en préparation à la première communion : dans une église, il
faut observer le respect absolu. Et mon neveu ne peut faire autrement. Il ne
peut accepter qu’en présence du tabernacle, des catholiques adultes, qui ont
fait leur première communion depuis de longues années, qui communient à chaque
messe et en rang puisqu’ils sont membres de la chorale, mon neveu ne peut
accepter que ces hommes et ces femmes, pendant la répétition des chants, bavardent,
se tiennent n’importe comment en présence du Seigneur réellement présent dans
le tabernacle.
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
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