Kinshasa, 21/10 (ACP).-
Le philosophe congolais Jean-Baptiste Malenge Kalunzu ouvre de
nouvelles perspectives pour la refondation de la pensée africaine
contemporaine, à travers son ouvrage de 535 pages titré « Philosophie
africaine, philosophie de la communication, l’univers au cœur du
particulier », publié aux éditions Baobab de Kinshasa en 2011.
M. Malenge mène sa recherche le plus
loin possible dans le but de trouver les articulations et les
implications de la philosophie africaine contemporaine jusqu’au point de
la prise de contact avec les enjeux de la philosophie de communication.
Dans cet ouvrage d’une dizaine de chapitres, l’auteur procède par une
analyse partant des origines de la « Philosophie Bantoue » du
missionnaire Placide Tempels aux essais de Melchior Mbonimpa et de Kä
Mana, tout en plaçant Fabien Eboussi au cœur de la problématique.
S’agissant de Tempels, Malenge note que
son travail représente « la naissance chronologique de la philosophie
africaine contemporaine », mais il ne s’empêche pas d’émettre une
critique, en estimant que sa pensée prêche « un existentialisme
d’inégalité et de violence » qui place l’homme blanc au dessus de
l’homme noir. Une autre critique assez sévère est celle de Paulin J.
Hountondji, cité par l’auteur, qui dit : « le livre de Tempels
n’appartient pas à la philosophie africaine, son auteur n’étant pas
africain ».
Jean-Baptiste Malenge évoque aussi, dans
son cheminement, Kant qui a tenu la communication sociale pour le droit
le plus naturel et qu’à son tour, il peut la tenir comme un enjeu
essentiel dans son sujet et « s’intéresser aux médias en vue de
transformer en profondeur les pratiques qui font obstacle à une
véritable communication politique ».
Dans cette quête qui a pour tâche de
reconstruire et d’innover la philosophie africaine, il a pu découvrir
qu’une « recomposition culturelle » se dessine en Afrique en procédant
par ruptures ou par synthèses. Ce faisant, l’auteur s’est rendu compte,
au concret, de la genèse et du développement de la philosophie africaine
contemporaine en l’abordant du point de vue historique, dont deux
thèmes essentiels retiennent l’attention, à savoir l’affirmation de
« l’identité (culturelle) » et du « rapport avec l’Occident ».
Partant du rapport Afrique-Occident,
Malenge aborde ainsi le point saillant de son sujet et constate que « la
rencontre entre les deux, enclenchée, maintenue et entretenue dans la
violence, a bel et bien établi le fait communicationnel irrécusable ».
Autant il s’interroge sur la manière de parvenir à changer l’image de
soi et celle de l’autre, en soi-même et dans l’autre, notamment l’Europe
et l’Afrique, autant « il impute aux médias occidentaux la
responsabilité d’une certaine image peu valorisante de l’africain ».
Malenge croit que le « paradigme
communicationnel de la philosophie conduit sur la nouvelle terre
attendue de tous les vœux par des philosophes africains en faveur d’une
articulation réelle et réaliste de la différence et de l’altérité ».
Pour cela, il s’appuie sur Francis Jacques comme « philosophe du langage
et logicien ». Ce dernier a décrété que « c’est la communication
intersubjective qui constitue le milieu original de notre compréhension
du monde, partant de notre procès de signifiance ». En outre, il
reconnaît que « la capacité de communiquer sur la communication est
primordiale pour l’établissement de relations sociales réussies ».
En ce qui concerne les stratégies de
communiquer, Malenge cite le même auteur qui dit : « Les interlocuteurs
doivent être aptes à assurer et préserver leur identité personnelle dans
toutes les positions de l’acte de communication ». Il s’interroge sur
l’apport en compréhension de la surabondante communication planétaire,
gagnée sur le progrès de nouvelles technologies toujours plus
performantes entre les personnes individuelles et collectives.
Dans le déploiement de la rationalité
communicationnelle, Malenge dénote plus d’un risque dont celui relatif à
l’oubli de l’exigence de la finitude dans cet acte, particulièrement la
singularité des sujets à se conquérir sur la mutualité. En plus,
soutient-il, « la pratique de la communication dans les médias doit se
penser à juste titre dans le déploiement concret de la
communicabilité ».
Dans sa fouille, Malenge essaie de
dépasser l’effet Tempels, caractérisé par l’autojustification pour
esquisser « une entrée dans l’identité reconstructive en posant la
question de la justice historique mais aussi pour négocier le tournant
du milieu de la reconnaissance que représente aujourd’hui la
communication sociale».
Cette reconstruction identitaire est le fait des nouvelles
technologies de l’information et de la communication qui se développent
de plus en plus en Afrique où des identités négocient de nouvelles
identités, observe l’auteur qui, en conclusion, se demande si la
philosophie de la communication pourrait devenir le nouveau nom de la
philosophie africaine. ACP/Mas/Kayu |
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