Premier message de Mgr Sébastien Muyengo, évêque nommé d'Uvira


Ayez confiance
« Je suis Joseph votre frère » (Gn 45, 4)
(Lettre aux prêtres et fidèles laïcs du diocèse d’Uvira)


Révérends abbés, révérends pères,
Révérendes sœurs, révérends frères,
Chers frères et sœurs laïcs engagés,
Chers papas, chères mamans, chers jeunes, chers enfants,
Chers frères et sœurs dans le Christ,  
Mes très chers diocésains,
1. De l’Archidiocèse de Kinshasa, où j’ai été ordonné prêtre et exercé le ministère sacerdotal durant 27ans et où j’ai été nommé et sacré Evêque titulaire de Strathernia et Auxiliaire dudit archidiocèse depuis un an et six mois, je vous envoie mes salutations au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Je salue les confrères prêtres séculiers et religieux, les religieux et les religieuses qui œuvrent dans l’Eglise de Dieu qui est à Uvira. Mes salutations vont vers vous mes frères et sœurs, fidèles chrétiens engagés dans cette Eglise, à vous chers papas, chères mamans, chers jeunes, chers enfants ; bref, à vous tous mes frères et sœurs dans le Christ. « Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous! » (1 Thess, 5, 28), qu’elle inonde vos cœurs de ses nombreuses grâces de paix, d’amour, de joie, d’espérance, de convivialité et de bonnes dispositions intérieures.
2. Comme vous l’avez appris par les médias et d’autres voies, ce mardi 15 octobre 2013, le Pape François a décidé de me transférer auprès de vous, chez nous, à Uvira comme Evêque titulaire ; devenant ainsi votre pasteur. Depuis le 30 septembre dernier, lorsque le Nonce Apostolique de Kinshasa m’avait consulté à ce sujet, avant de rendre publique l’information par la Radio Vatican aujourd’hui, j’ai eu le temps de laisser à l’Esprit Saint de Dieu de faire son travail à l’intérieur de moi. Aussi de l’angoisse et de la peur, de doutes et d’incertitudes,  je suis passé à la compréhension et à l’acceptation totale de ce que dans la foi je considère désormais comme volonté de Dieu. Je rends grâce à Dieu pour tous ses bienfaits, entendu comme nous le dit Saint-Paul que « tout concourt au bien de ceux que Dieu aime, de ceux qui sont appelés selon son dessein ; car ceux qu’Il a d’avance discernés, Il les a aussi prédestinés… » (cf. Rm 8, 28-29).
3. Dans cette démarche, je dois reconnaître que j’ai été éclairé par quelques signes qui m’ont poussé à répondre sans tergiverser à l’appel de Dieu à travers son Eglise. En effet, dans son homélie du 7 octobre dernier, le Pape François nous a mis en garde contre la « tentation de Jonas », qui consiste à « fuir Dieu », en nous appelant à « laisser Dieu écrire notre vie ». Un petit regard en arrière sur mon parcours m’a aussi éclairé dans ce sens. Lorsque je pense comment j’ai passé toute ma petite enfance (école primaire) chez nous avec l’unique désir d’entrer au Petit Séminaire de Mungombe, et comment je m’étais retrouvé dans les séminaires de l’Archidiocèse de Kinshasa pour y être ordonné prêtre, et 26 ans après, être sacré évêque, le 15 avril 2012, ce jour-là même que s’ouvrait l’Année jubilaire de ce que, hier, n’était que ‘‘mon diocèse d’origine’’, et où, après 5 ans de vacance du siège, Rome (l’Eglise) m’envoie, je me dis tout simplement que « tout est grâce, ayons confiance, laissons Dieu faire les choses, laissons-Le écrire notre histoire ». C’est bien cette conviction que je voudrais vous proposer aussi en laissant retentir dans le cœur de chacun d’entre-nous cette question que nous pose le Pape François : « est-ce que nous laissons écrire la vie, notre vie, par Dieu ; ou bien est-ce que nous voulons l’écrire nous-mêmes ? ».
4. « Celui qui nous appelle est fidèle » (cf. 1 Thess, 5, 24). Répondons à la fidélité de Dieu par notre propre fidélité. Ayons confiance, Dieu nous appelle à travailler ensemble dans sa moisson. Ayez confiance : « Je suis Joseph, votre frère » (Gn 45, 4). Mais, moi, personne ne m’a vendu. C’est la Providence qui m’avait envoyé ailleurs pour me ramener au milieu de vous en temps voulu. Je suis Joseph, votre frère ! Cette parole du fils de Jacob à ses frères qui ne pouvaient plus le reconnaître suite à leur aveuglement causé par le péché de la haine et de la trahison, je l’évoque pour vous demander, vous appeler à la confiance. C’est un appel à voir en l’autre l’image de Dieu plutôt qu’un suppôt de Satan, un frère plutôt qu’un étranger (et en un étranger un frère), un allié plutôt qu’un ennemi, une chance plutôt qu’une menace… Appel à la confiance en ce Dieu qui nous met les uns sur les chemins des autres afin d’œuvrer ensemble dans sa moisson ; confiance en moi votre pasteur qui n’aurai qu’un souci, celui de paître dans la simplicité, la fraternité et pourquoi pas dans l’amitié le troupeau que le Seigneur me confie. Certes, pour vous, je serai un pasteur, un évêque ; mais avec vous, j’aimerai être plus, j’aimerai être avant tout un frère. Faisant écho à ce Dieu le Père qui nous dit « Je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple » (Lv 26, 12), moi je vous dis « je serai votre frère, et vous serez mes frères et sœurs dans le Christ ». Comme il juste et bon d’être tout simplement frères et sœurs que tout le reste ! Nous prendrons le temps de nous connaître pour nous apprécier et nous aimer mutuellement, mais nous gagnerons du temps pour mieux nous connaître si nous commençons par nous aimer.
5. Comme le dit le même Pape François : « Le secret de la vie chrétienne est l’amour qui seul remplit les vides, les gouffres négatifs que le mal ouvre dans les cœurs » (Twiter du 8 octobre). Parmi les cantiques qui accompagnent ma vie, il y a celui dans lequel nous disons : « Trouver dans ma vie ta présence, tenir une lampe allumée, choisir d’habiter la confiance, aimer et se savoir aimer… ». En venant auprès de vous, chez nous, j’ai choisi d’habiter la confiance. Le jour de notre baptême, on nous a remis, à chacun, une lumière qui nous indique le chemin de la vie chrétienne. Mon vœu le plus ardent est que tous et chacun, nous trouvions dans notre vie la présence de Dieu et que nous nous aidions à garder chacun sa lampe allumée par l’amour des uns envers les autres. Ayons confiance les uns envers les autres, car rien de grand, de beau, de noble ne peut se faire sans confiance.
6. Faisons-nous mutuellement confiance, travaillons la main dans la main, car nous avons beaucoup de défis à relever ensemble. Avant tout le défi de la fraternité et de la cohésion dans le clergé et aussi entre les diverses communautés vivant dans l’espace diocésain ; défi qui exige de tous et de chacun un effort de dépassement de soi pour être à mesure d’accueillir l’autre qui est image de Dieu et toujours différent de soi ; défi qui nécessite une conversion intérieure qui reste un travail de tous les jours ; une conversion des cœurs pour une authentique réconciliation avec soi-même, avec les autres et avec Dieu, gage de la vie bonne avec les autres dans l’Eglise et dans la société. Défi, en tant qu’Eglise, d’œuvrer à la promotion de la justice, la paix et du développement socio-économique, culturel, etc. de notre espace de vie. Défi ou mieux grande ambition pour le rayonnement de  notre clergé et notre laïcat à travers une formation intellectuelle, pastorale, humaine de qualité. Défi ou mieux grande ambition pour le rayonnement de notre jeunesse, pour la promotion de vocations sacerdotales et religieuses, pour la promotion de la femme, l’éducation de nos enfants, l’attention portée envers les pauvres, les malades, les prisonniers, etc.
7. Voilà chers frères et sœurs dans le Christ, mes très chers diocésains, le message de salutation, de fraternité, d’amitié et de convivialité que j’ai voulu vous adresser avant de venir « être au milieu de vous ». D’ici peu, vous serez tenus au courant de la suite du programme par rapport à la messe de la prise de possession canonique que je vous laisse le soin d’organiser d’une manière simple, sans faste. En attendant, je vous demande de prier pour moi et moi je vous rassure de mes prières. Que la Vierge Marie, notre mère du Ciel, intercède pour nous auprès de son Fils Jésus pour qu’il nous comble de grâces d’être de bénédictions les uns pour les autres afin d’accomplir ensemble son œuvre à laquelle il nous associe non pas à cause de nos mérites, mais plutôt per viscera misericordiae Dei Nostri (grâce à la tendresse et à la miséricorde de notre Dieu) (Lc 1, 78). De l’Eglise de Dieu qui est à Kinshasa, je vous salue et vous bénis tous au nom Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Fait à Kinshasa/Mbudi, le 15 octobre 2013
En la solennité de Sainte-Thérèse d’Avila
Mgr Sébastien-Joseph MUYENGO MULOMBE
Per viscera misericordiae Dei Nostri
Evêque nommé d'Uvira

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