66 novices formées à la culture médiatique
A l'Institut Anuarite de Kimwenza-Kinshasa, du 8 au 10 janvier, 66 novices de 13 congrégations religieuses féminines ont suivi une formation en culture médiatique. La session a été animée par le père Jean-Baptiste Malenge, missionnaire oblat de Marie Immaculée, membre de l'équipe internationale des formateurs du Centre de Recherche et d'Education en Communication (CREC).
Dès la séance des présentations, beaucoup ont exprimé leur attente : mieux comprendre les avantages et les inconvénients des médias. Les futures religieuses ont appris aussitôt l’expression « nouvelles technologies de la communication et de l’information » (NTIC).
Technologies et vie consacrée
Dès la séance des présentations, beaucoup ont exprimé leur attente : mieux comprendre les avantages et les inconvénients des médias. Les futures religieuses ont appris aussitôt l’expression « nouvelles technologies de la communication et de l’information » (NTIC).
Leur
première approche des médias est bien moralisatrice, dictée sans doute par le
discours généralement tenu dans les maisons de formation. Mais lorsque, le
lendemain, elles ont rendu compte des premiers échanges en groupes, il est
apparu qu’elles ne pouvaient être dupes. Elles connaissaient bien les avantages
et les inconvénients possibles des médias vis-à-vis des aspects essentiels de
la vie consacrée relevés par elles-mêmes en bonnes novices : prière,
chasteté, pauvreté, obéissance, apostolat, vie communautaire.
Le téléphone du diable
Les
novices ont beaucoup parlé du téléphone. Le petit appareil facilite les
contacts, mais il cause aussi beaucoup de désagréments dans la vie communautaire,
notamment dans les moments de prière.
Le
téléphone peut aussi constituer un réel danger pour la discrétion nécessaire
voire pour la chasteté. Avec raison, l’usage en est donc plus restrictif dans
les maisons de formation. Détenir un téléphone ou l’utiliser à bon escient
demande une particulière observance de la vertu d’obéissance.
Les
autres médias sont plus répandus et d’accès plus libéral : radio,
télévision, journaux. L’ordinateur est accessible, mais il requiert une
initiation, et certaines se sont mises à l’informatique.
Facebook et sorcellerie
Pendant
la session, beaucoup ont vu pour la première fois un téléphone appelé
smartphone. Il était plus facile alors d’en vanter les avantages. Par
exemple : des applications gratuites mettent le bréviaire et le
lectionnaire à portée de la main. Et grâce au GPS et au googlemaps intégré, on
peut ainsi s’orienter, se situer géographiquement et consulter la météo de
Kinshasa.
Des
novices avaient juste entendu parler de Facebook ou des réseaux sociaux, qui causeraient
beaucoup de ravages et dont il conviendrait donc de se méfier. Il fallait leur
dire que les ravages viennent surtout de l’ignorance, qui fait même croire à la
« sorcellerie ». Et il a fallu leur montrer un fil Twitter, avec ses
avantages pour la rapidité de l’information.
Mais
il fallait aussi leur présenter les risques de la rumeur facilitée par l’internet.
La première solution envisagée fut, bien sûr, l’appel à l’esprit critique si
nécessaire dans toute vie humaine.
Les novices ont surtout
relevé et déploré la possibilité de la diffamation… Elles auront ainsi beaucoup
réfléchi sur les implications pour le respect de la vie privée et pour le bien
commun.
Eglise et communication
La
session de formation les a confortées en leur présentant le regard plutôt
positif, résolument accueillant de l’Eglise vis-à-vis des moyens de
communication sociale. Il était important d’exposer le parcours historique de
la relation.
Au
commencement était la parole. La parole de Dieu devenue chair en ce monde et
portée par les apôtres et leurs successeurs. Tous ont emprunté les diverses technologies
de leur temps. Une histoire de vigilance aura ainsi accompagné la naissance et
l’évolution de l’imprimerie, des journaux, du cinéma, de la télévision, de la
radio et de l’internet… Dans le monde et en Afrique. Et jusque dans les congrégations
respectives et les communautés des noviciats…
Regard sur le langage
La
session de formation aura attiré l’attention sur le langage. Avec leur niveau
d’études secondaires, les novices ont pensé au langage, ce propre de l’homme. Un
peu de philosophie rend toujours sage…
Du
schéma de la communication selon Jakobson, les novices ont notamment retenu l’importance du code comme langue et
langage. La connaissance et la pratique des langues fait problème dans leur
vie. Il fallait leur rappeler la nécessité de l’objet appelé
« dictionnaire ».
Elles
ont retenu qu’il convient de hausser la voix afin de se faire entendre en
public. Par-dessus tout, le schéma de la communication leur a été expliqué pour
relever le rôle prépondérant de la relation entre les sujets, émetteur et
récepteur. Ce ne sont pas les médias qui font le bien ou le mal. C’est l’homme
au cœur bon ou mauvais. La parole de l’homme existe, avant les moyens de
communication modernes ou traditionnels.
Des images pour prier
La
session de formation se voulait surtout pratique. Un temps utile a été consacré
à des exercices de photographie, grâce à six appareils prêtés par les
formatrices de noviciat.
Les
novices ont appris les quelques techniques de base comme principes de l’image :
lumière, cadrage et arrière-plan. Elles savaient déjà que l’on peut
« modifier » une photo, c’est-à-dire la monter voire la
détourner ! Et on a surtout expliqué les fonctions de l’image pour
montrer, pour suggérer ou pour réveiller les capacités profondes intérieures,
suivant les théories de Pierre Babin, fondateur du Centre d’Education et de
Recherche en Communication (CREC).
Et elles
sont allées prendre des photos (elles disaient « des cartes ») de la
nature dans l’environnement luxuriant de Kimwenza. Elles ont reçu la consigne
de prendre des images qui évoquent une phrase biblique ou une pensée de leur
spiritualité.
Silence et communication
Au
moment d’écouter les unes et les autres présenter leurs photos et les pensées trouvées,
nous avons fait silence. Réussir un tel exercice demande le silence comme celui
des moments d’oraison et de méditation dans les chapelles des noviciats.
Communiquer avec l’autre demande bien de l’écouter. Et écouter l’autre demande
bien de se taire. Le silence permet de s’écouter soi-même, puis d’écouter
l’autre, le monde et Dieu.
Et dans
le silence, toutes les novices ont suivi avec ravissement la projection d’un
précédent montage réalisé en janvier 2012 à Ngondi (diocèse de Kenge) par un
groupe d’une vingtaine de novices de trois congrégations religieuses féminines.
Les images accompagnées de phrases choisies se succèdent dans une animation
portée par un chant.
Beaucoup
de novices ont dit être touchées. Pour ne pas dire plus, sans doute. Elles se
sont reconnues dans les images et les phrases bibliques choisies par d’autres
mais qui les rejoignent dans leurs expériences spirituelles personnelles et
intimes. Les images avaient été réalisées « pour prier » ! Elles
imposaient le recueillement, entraînaient à la prière.
Eucharistie et communication
Et
nous avons été ainsi amenés à la messe. Depuis le début de la session, nous
avons préparé cette rencontre avec le Christ et l’humanité, le monde
d’aujourd’hui, présent dans les actualités, les médias.
L’histoire
de la relation entre l’Eglise et les médias, résonne du lien entre la communication,
la communauté et la communication. Célébrer Jésus comme le parfait
communicateur et centre de la vie de l’Eglise et des croyants conduit bien à rechercher
la communion avec lui et avec les autres. La célébration eucharistique comme
bouquet de la formation s’imposait ainsi. Elle aura permis à beaucoup de vivre
la communication avec Dieu et avec le prochain comme un véritable don de soi, un
cadeau pour le prochain, dont on parle ou dont parlent les médias.
Emotion et
notion
Se présenter
désormais avec son nom et non plus son seul prénom, telle a été la leçon retenue
par une novice. Elle faisait l’évaluation de la session de formation. Les
novices ont ainsi partagé leur émotion, leur sentiment. Le tout revenait
parfois à des détails. Qui font vivre et aimer.
La
méthodologie propre du CREC vise à susciter et à faire partager une émotion plutôt
que des notions. Le système de l’enseignement en RDC oriente généralement vers la
mémoire et la récitation, sans toujours rencontrer le cœur et l’esprit ! La
méthodologie du CREC aide à déjouer un tel piège. Elle emmène à vivre une expérience, une immersion.
Jean-Baptiste Malenge
@jbmalenge
La formation à l'usage des nouveaux moyens de communication est une bonne initiative. En effet, qui veut être en dialogue permanent avec le monde ne peut pas ne pas les utiliser. Mais encore faut-il savoir s'en servir vraiment. Je suis d'accord avec la méthodologie du CREC qui vise à susciter et à faire partager une émotion plutôt que des notions. Une belle photo publier sur un réseau social peut dans ce sens susciter une émotion. J'envie ces novices qui ont eu l'opportunité d'avoir été l'école de ce formateur formé et informé. Je ne dis pas que j'ai été à son école. Désormais les photos que ces novices feront parleront évangile.
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