Tshumbe : Lettre pastorale de Noël de Mgr Nicolas Djomo

Je voudrais donc placer, d’une manière plus marquée, la recherche de la paix et le témoignage d’une vie d’artisans de paix au cœur de l’action pastorale de notre Diocèse.

« Heureux  les  artisans  de  paix,  ils  seront  appelés  Fils  de Dieu » (Mt 5, 9)                   
Aux Prêtres et aux Diacres,
Aux Personnes consacrées,
Aux Fidèles laïcs,
Aux Femmes et Hommes de bonne volonté. 
Une joyeuse espérance à l’horizon de Noël
1. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9, 1). Telle est l’annonce du prophète Isaïe qui nous introduit dans le mystère de Noël. L’Enfant Jésus, « lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu », vient illuminer le monde et lui ouvrir un chemin d’espérance. Cette espérance naîtde la présence de ce Dieu qui marche avec son peuple. Le « Prince de la Paix » (Is 9, 6), Emmanuel, nous a visités et, à sa naissance, les anges chantent : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2, 14). Parce qu’il réconcilie les hommes avec Dieu et entre eux dans sa personne, Jésus est le Roi de la Paix. Il est notre paix, et sa naissance fortifie notre espérance d’une paix durable.
2. Accueillir et annoncer Jésus-Christ comme ‘Prince de la paix’, implique un engagement de foi, comme le rappelle le Pape François : « L’Eglise proclame l’Evangile de la Paix (Ep 6, 15). En annonçant Jésus qui est la paix en personne (cf. Ep 2, 14), la nouvelle évangélisation engage tout baptisé à être instrument de pacification et témoin crédible d’une vie réconciliée »[1]. C’est pourquoi je vous invite à célébrer Noël en méditant cette béatitude du Seigneur : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu » (Mt 5, 9) ! Je voudrais donc placer, d’une manière plus marquée, la recherche de la paix et le témoignage d’une vie d’artisans de paix au cœur de l’action pastorale de notre Diocèse. Je viens renouveler cet appel à la suite de celui que mon vénéré prédécesseur et père, Son Excellence Mgr Albert YUNGU, nous avait lancé en 1974 lorsqu’il conduisit, au nom du Christ, le peuple Onkutshu-Membele aux sources de son unité à Enyamba en vue de consolider la paix au Sankuru.
Un engagement qui témoigne d’une joyeuse espérance
3. En tant que Pasteur, je me réjouis de l’engagement des agents pastoraux de notre diocèse au service de l’Evangile de la paix. Je pense avant tout à mes confrères prêtres, mes premiers collaborateurs : leur engagement pastoral témoigne de leur amour du Diocèse et du Peuple du Sankuru. Je salue leur courage et leur persévérance, eux qui travaillent dans des conditions parfois très difficiles. Certains ont dû, au nom de leur engagement sacerdotal, subir des sévices corporels. D’autres, à la suite de tant d’autres disciples du Christ, ont fait don de leur vie dans un contexte de conflit et de violence, où la maladie et l’épuisement ont eu raison de leur vie faute de soins médicaux appropriés. Je rends grâce à Dieu qui a fait à notre Eglise particulière le don d’un clergé de plus en plus jeune et dynamique. Je salue aussi l’engagement constant des prêtres aînés qui sont un soutien et des modèles pour les plus jeunes. La célébration du 90ème anniversaire de naissance de Monsieur l’Abbé Albert MUTANGALA a été un moment fort de communion et de bénédiction pour notre Eglise particulière. Cet aîné nous donne l’exemple d’une vie sacerdotale vouée à l’éducation des jeunes. Grande est notre admiration à l’égard de Mgr Albert HIOMBO. Au-delà  de ses 80 ans il continue à servir notre diocèse comme Vicaire Général avec beaucoup d’amour et de dévouement, nous donnant toujours l’exemple d’une vie sacerdotale très marquée par l’abnégation et le détachement, à l’exemple du Christ Lui-même. Je voudrais rendre hommage au témoignage de vie exemplaire d’un autre aîné, l’Abbé Joseph LOKADI. Tout le peuple de Dieu a célébré ses 50 ans de vie sacerdotale dans la joie le 20 juillet 2014 à Shongakoy. D’autres célébrations se sont poursuivies à Lodja.  Il aura consacré la majeure partie de sa vie à la formation des futurs ministres de l’Evangile. C’est à bon droit que ses anciens élèves, prêtres ou laïcs, comme l’ensemble du peuple chrétien de notre diocèse, se réjouissent des fruits en eux de son apostolat en terme de valeurs spirituelles, morales et intellectuelles.
4. Je me réjouis aussi de l’engagement apostolique de toutes les personnes consacrées denotre diocèse et je les remerciepour les prières qu’elles ne cessent d’élever vers Dieu chaque jour pour nous. Prière et actions rythment leur vie, à l’imitation du Christ qui, pendant qu’il évangélisait, allait souvent sur la montage pour prier son Père. Les œuvres pastorales et sociales animées par ces consacrés sont des lieux d’évangélisation qui entretiennent la flamme de la foi au cœur de plusieurs générations.
5. Je salue aussi l’engagement bénévole de nombreux laïcs, ouvriers apostoliques dans lavigne du seigneur, en particuliernos catéchistes et le dynamisme de nos Communautés Ecclésiales Vivantes  (CEV), de nos mouvements d’action catholique et des mouvements de jeunesse. Ils contribuent tous à traduire et maintenir la foi vivante au cœur de la vie quotidienne.
Le Sankuru menacé par une spirale de violences
6. Chers frères et sœurs, l’Eglise est appelée à être attentive aux ‘signes des temps’ de son milieu d’apostolat. En observant le Sankuru, il devient de plus en plus évident, au fil des années, que ce District, terre de Patrice Emery LUMUMBA, risque de sombrer dans une escalade de violences multiformes : violences liées au climat socio-politique et électoral délétère, celles liées à la gestion du pouvoir coutumier (chefferies) comme celle liées aux questions foncières (terres arables, rivières, étangs, etc.). Presque chaque année le sang coule chez nous à cause de ces violences qui entraînent parfois mort d’homme.
7. Les violences tendent à devenir cycliques et doivent nous interpeller tous. Elles sont liées principalement aux périodes des compétitions électorales. Nous avons vécu des violences lors des échéances électorales des dernières années : 2005 à 2006 ; 2010 à 2011. D’aucuns avaient estimé que la perspective des élections provinciales n’avait pas été absente de l’irruption des tensions de fin 2013 et début 2014. D’autres graves violences éclateront en mars 2014 dans le même contexte. Violences souvent aux conséquences tragiques : incendies criminels de maisons d’habitation et même d’écoles. Crimes graves qu’on ne peut banaliser, car il s’agit des vies des familles entières qui se retrouvent brisées. A-t-on oublié que, dans la culture Tetela, incendier une maison équivaut à un homicide ? Et, comme si cela ne suffisait pas, le 12 octobre 2014 des attaques contre des ecclésiastiques et le saccage d’un couvent ont été impunément perpétrés, suite à la lecture dans les églises d’une lettre des Evêques relative au débat citoyen sur la révision constitutionnelle. En tant que Pasteur, je condamne toutes ces violences, et me fais volontiers le porte-parole de toutes les victimes, sans voix, qui réclament justice.
Les causes du cycle des violences au Sankuru
8. Quand nous regardons attentivement les événements douloureux que nous avons vécus, il nous apparaît que, en plus des compétitions électorales, certaines autres causes récurrentes sont à la base de ce cycle de violences. Parmi ces causes, on peut citer notammentl’absence de sanctions exemplaires contre les auteurs des infractions contre la loi et auteurs des crimes ; l’absence d’une justice vraiment indépendante et équitable ; l’absence d’une véritable autorité de l’Etat, celle-ci souvent inféodée aux partis politiques ou asservie par ceux-ci ; une forte politisation de la petite territoriale et de la gestion du pouvoir coutumier ; l’exacerbation des identités claniques et territoriales ; la banalisation du discours de haine ; le mauvais usage des médias, en particuliers de certaines radios dites communautaires ; les violations des droits fondamentaux des citoyens ; le chômage de masse et la pauvreté ; la manipulation et l’instrumentalisation des jeunes ; les injustices sociales réelles ou supposées ; les campagnes électorales violentes.
9. Eradiquer les causes des violences au Sankuru : l’indispensable rôle des acteurs politiques
Le concours des acteurs politiques originaires du Sankuru nous est indispensable pour la pacification de notre future Province. Nos frères et sœurs ayant choisi pour profession l’activité politique méritent tous nos respects. C’est l’occasion de les remercier pour tout le bien, multiforme, qu’ils nous font dans divers secteurs de notre vie au Sankuru. La situation de violences à répétition qui nous préoccupe ne peut ne pas interpeler leur conscience. L’activité politique, art de l’excellence, a pour objectif de conduire à la prospérité ceux que l’on sert. Les acteurs politiques ne pourront y parvenir que si, au préalable, ils réussissent à leur préserver la paix. C’est pourquoi je les ai invités à se pencher sur une triste réalité bien connue : certaines stratégies politiques et campagnes électorales sont porteuses de germes de violences. Certains de nos principaux acteurs politiques ont pris l’heureuse initiative de traiter de ce sujet et m’ont fait l’honneur de m’associer à leurs rencontres. Celles-ci se montrent constructives et prometteuses, en dépit de difficultés de parcours. Je les encourage à reprendre rapidement ces contacts, car il en va de la sécurité et de l’avenir du peuple du Sankuru.
Le rôle des fidèles du Christ dans ces divisions et violences
10. Frères et sœurs, au milieu de ces épreuves, nous, chrétiens, avons un rôle spécifique à jouer : témoigner de la fraternité nouvelle et universelle en Jésus-Christ. Nous sommes tous enfants de Dieu, et donc frères et sœurs en Jésus-Christ. Voilà pourquoi nous sommes instamment invités à témoigner de Jésus-Christ en menant une vie d’artisans de paix. Ainsi pourrons-nous continuer à annoncer à tousla paix de Dieu et la réconciliation de tous en Jésus.
La paix, un attribut et un don de Dieu
11. Dans la Bible, Dieu est « Yahvé-Paix » (Jg 6, 24)[2]. Cette paix offerte par Dieu est aussi une aspiration de toute la création coupée de Dieu par le péché. Dans ce contexte, aspirer à la paix, c’est avant tout aspirer à retrouver l’harmonie et la bonté initiale (cf. Gn 1,4.10.12. 18.21.25.31). La violence déforme les relations entre les hommes et leur relation avec Dieu. Ce dernier ne peut habiter là où il y a la violence (cf. 1Ch 22,8-9). C’est pourquoi Dieu lui-même fait aux hommes le don de la paix en Jésus-Christ.
Jésus-Christ, notre Paix véritable (cf. Ep 2, 14)
12. C’est en Jésus, « Prince de la Paix » (Is 9,5), que s’est réalisée la promesse divine d’une paix durable. C’est lui qui a réconcilié les hommes avec son Père et entre eux : « C’est Lui, le Christ qui est notre Paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber le mur qui les séparait, la haine (…). Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en unseul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches » (Ep 2, 14-17). Ainsi, « la paix devient conjointement réconciliation avec le Père et réconciliation avec les frères en Jésus ».[3] Saint Jean ajoute que Jésus devait mourir sur la croix pour « rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52).
13. C’est donc par la réconciliation et par l’unité de la nouvelle famille d’enfants de Dieu (Cf. 1Jn 3, 1-2) que Jésus est devenu notre Paix et qu’il nous a envoyés annoncer son « Evangile de la Paix » (Ep 6, 15) à travers le monde. Est- ce un hasard si l’Evangile commence par ce cri des anges devant le Prince de la Paix : « Paix sur la terre aux hommes, que Dieu aime! » (Lc 2, 14)et se termine par ce vœux du Ressuscité à ses disciples : « Paix à vous » (Jn 20,19.21.26) ? Comme le dit le Pape Jean-Paul II, la mission et la vocation de l’Eglise consiste à « être dans le Christ ‘sacrement’, c'est-à-dire signe et instrument de paix dans le monde et pour le monde. Pour elle, remplir sa mission évangélisatrice, c'est travailler pour la paix »[4]. L’Eglise-Famille de Dieu, communauté d’enfants de Dieu, est donc appelée à rendre témoignage à la Paix de Dieu qui est Jésus-Christ.
La paix est aussi une tâche humaine
14. Don par excellence de Dieu, la paix est en même temps un projet humain conforme à la volonté de Dieu. Ceux qui travaillent pour la paix, tirent la corde de l’histoire humaine dans la même direction que Dieu. « Heureux les artisans de paix, dit le Seigneur, ils seront appelés Fils de Dieu ; Heureux ceux qui sont persécutés pour la Justice : le Royaume de Dieu est à eux » (Mt 5, 9-10). Pour bâtir la paix, les artisans de paix travaillent pour la justice et acceptent d’être persécutés pour elle. Ils savent que l’une consolide l’autre. Les quatre piliers de la paix sont « la justice, l’amour, la vérité et la liberté »[5].
15. L’Eglise-Famille de Dieu est appelée, en particulier en Afrique, à construire une société pacifique où se vivent les vraies valeurs d’une vie familiale authentique. « En effet, dans une saine vie familiale, on fait l'expérience de certaines composantes fondamentales de la paix: la justice et l'amour entre frères et sœurs, la fonction d'autorité manifestée parles parents, le service affectueux envers les membres les plus faibles parce que petits, malades ou âgés, l'aide mutuelle devant les nécessités de la vie, la disponibilité à accueillir l'autre et, si nécessaire, à lui pardonner. C'est pourquoi, la famille est la première et irremplaçable éducatrice à la paix »[6]. L’Eglise est appelée à témoigner de ces valeurs fondamentales. Plus que tout, elle est appelée à devenir pour tous « un lieu d'une authentique réconciliation, grâce au témoignage rendu par ses fils et ses filles. Ainsi, pardonnés et réconciliés, ceux-ci pourront apporter au monde le pardon et la réconciliation que le Christ, qui est notre Paix (cf. Ep 2, 14), offre à l'humanité par son Église. Faute de quoi, le monde ressemblera toujours davantage à un champ de bataille, où ne comptent que les intérêts égoïstes et où règne la loi de la force qui éloigne l'humanité de la civilisation de l'Amour espérée »[7]. Selon ladoctrinesociale de l’Eglise, « la violence ne constitue jamais une réponse juste. Convaincue de sa foi au Christ et consciente de sa mission, l’Eglise ‘proclame…que la violence est un mal, que la violence est inacceptable comme solution aux problèmes, que la violence n’est pas digne de l’homme. La violence est un mensonge, car elle va à l’encontre de la vérité de notre foi, de la vérité de notre humanité. La violence détruit ce qu’elle prétend défendre : la dignité, la vie, la liberté des êtres humains »[8].
Repartir du Christ pour témoigner de la paix et de la réconciliation au Sankuru
16. Chers frères et sœurs, notre baptême a fait de nous des enfants de Dieu (1 Jn 3, 1-2). Cette appartenance à l’Eglise-Famille de Dieu est plus forte que toutes les autres appartenances qui restent fortuites et secondaires. Enfants de Dieu et fidèles du Christ, nous sommes appelés à témoigner de cette fraternité universelle. Les barrières de race, de clan, de tribu ou de territoire administratif n’existent pas pour un chrétien. Notre foi en Jésus-Christ a fait de nous « le sel de la terre et la lumière du monde » (Mt 5, 13-14). « Ambassadeurs du Christ » (2Co 5, 20), nous avons pour mission de semer la paix dans les cœurs de tous à travers nos villages. Des attitudes de fraternité, des gestes de paix et de réconciliation valent plus que tous les discours sur l’unité du Sankuru. Ne perdons pas cette volonté de vivre ensemble qui nous caractérise. « Laissons-nous réconcilier dans le Christ ». En effet, c’est la grâce de Dieu quinous donne un cœur nouveau et qui nous réconcilier avec lui et avec les autres[9]. De fait, seule une authentique réconciliation engendre une paix durable dans la société[10]
17. J’invite mes confrères prêtres, toutes les personnes consacrées ainsi que tous les agents pastoraux du Diocèse à devenir des « ambassadeurs de la réconciliation » et à persévérer dans leur engagement pour l’unité et la paix. Jésus a racheté « les hommes de toute tribu, langue, peuple et nation » (Ap.5, 9). Il nous invite à veiller sur eux tous, sans distinction. Tous les fidèles doivent bénéficier de la même sollicitude pastorale. Réconcilier les enfants de Dieu avec leur Père et entre eux, telle est notre mission. Rappelons-nous toujours cet appel à la réconciliation du Pape Benoit XVI : « pourréussir une véritable réconciliation, et mettre en œuvre la spiritualité de communion par la réconciliation, l’Église a besoin de témoins qui soient profondément enracinés dans le Christ, et qui se nourrissent de sa Parole et des Sacrements. Ainsi, tendus vers la sainteté, ces témoins sont capables de s’investir dans l’œuvre de communion de la Famille de Dieu en communiquant au monde, au besoin jusqu’au martyre, l’esprit de réconciliation, de justice et de paix, à l’exemple du Christ »[11]. L‘expérience de la réconciliation établit la communion à deux niveaux : d’une part la communion entre Dieu et les hommes, et d’autre part, elle rétablit également la communion entre les hommes. La réconciliation est aussi la restauration des relations entre les hommes au moyen de la résolution des différends et la suppression des obstacles à leurs relations grâce à leur expérience de l’amour de Dieu[12]
Campagne d’éducation à la paix
18. En plus de notre témoignage de vie comme artisans de paix, nous devons aussi entreprendre l’immense tâche d’éduquer nos communautés et nos enfants à la paix. C’est un devoir noble d’éduquer les nouvelles générations aux idéaux de vérité, de justice, d’amour et de paix. L’éducation à la paix constitue une préparation des temps meilleurs pour toute l’humanité[13]. Je souhaite que toutes nos familles chrétiennes, nos CEV, nos paroisses, nos écoles et nos institutions d’enseignement supérieur et universitaire deviennent des lieux d’éducation à la paix. Cette éducation insistera notammentsur les valeurs fondamentales de l’ouverture à l’autre, de la charité, de l’accueil, de la justice, de l’honnêteté, de la vérité,du respect de l’autre, du dialogue constructif, du souci du bien commun.
19. Une des priorités de cette éducation à la paix sera l’éducation au respect de la loi, fondement et gage de toute vie commune dans les Etats modernes. Comme l’a si bien dit le Saint pape Jean-Paul II, « l’éducation à la légalité est la première urgence dans l’éducation à la paix, car ‘le droit favorise la paix’, en évitant la tentation de recourir au droit de la force plutôt qu'à la force du droit »[14]. C’est le respect de la loi qui évite le recours aux actes de terreur comme les incendies de maisons d’habitation, les injures publiques et les diffamations gratuites. « C’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de la paix » (Jc 3, 18). Nos comportements d’hommes et de femmes d’Eglise, nos propos et nos gestes doivent être, toujours davantage, une source d’inspiration pour la réconciliation, l’unité et la paix au Sankuru.
Un programme pastoral axé sur la recherche de la paix
20. Le 19 janvier 2014, j’ai lancé à Lodja, avec les autres confessions religieuses et leaders communautaires, notre programme d’édification à la paix qui se poursuit. Au cours des Journées Pastorales d’avril 2015, nous serons tous invités à réfléchir et à définir les grands axes de notre programme pastoral. Au cœur de ce programme figurera notre engagement à consolider la paix et la réconciliation des enfants d’Onkutshu-Membele, forts de notre foi en Jésus, notre paix. La réconciliation surmonte les crises, restaure la dignité des personnes etouvre la voie au développement et à la paix durable entre les peuples à tous les niveaux[15].
Conclusion
21. Frères et sœurs bien-aimés, confions notre soif de paix et nos efforts pour la paix, l’unité du Sankuru et la réconciliation de ses fils et filles au Cœur-Immaculé de Marie, Patronne de notre diocèse, afin qu’elle les présente à son Fils, Jésus notre Seigneur. Je voudrais terminer cette lettre par ces paroles de Saint Paul qui sont toujours d’actualité :« Le royaume de Dieu n’est pas une affaire de nourriture ou de boisson; il consiste en la justice, la paix et la joie que donne le Saint-Esprit. Celui qui sert le Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Recherchons donc ce qui est utile pour la paix et nous permet de nous fortifier ensemble”. (Rm, 14,17).
En exhortant chacun et chacune à davantage coopérer à la cause et au ministère de la paix dans notre Sankuru, je vous adresse mes vœux les meilleurs d’une heureuse fête de la Nativité du Seigneur et  d’une nouvelle année 2015 pleine de grâces et de paix.
Avec ma bénédiction !
Donné à Tshumbe, le 22 Décembre 2014.
+ Nicolas DJOMO
Evêque de Tshumbe

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