Femme et révélations

Au cœur des jours et des nuits

Femme et révélations

Dans le bus, nous n’avons même pas cherché à nous départager. Nous discutions des révélations, des prophéties et des femmes. Les femmes, plus que les hommes, courent après les prophéties et les révélations. Voilà qui a déclenché la discussion.
L’homme qui parla le premier disait avoir fait le tour de la question depuis plusieurs années. Beaucoup d’hommes approuvèrent, quelques-uns nuancèrent. Mais, dans le bus, aucune femme ne protesta. Certaines souriaient et d’autres se renfrognèrent pour contester le sujet à l’ordre du jour. Mais dans le bus, on ne tranche pas les débats. Ce n’est pas l’endroit, et personne ne pense conclure. C’est la discussion à bâtons rompus, si l’on comprend l’expression française.

On parlait donc des révélations. On n’était pas entre théologiens pour commencer par faire la différence entre révélation, au singulier, et révélations, au pluriel. Mais ce que j’ai entendu dans le bus ressemble bien à ce qui s’est dit dans une salle de conférence à l’université lors d’un colloque de théologie. J’ai entendu dire qu’il faut se méfier du mot révélation lui-même. Les théologiens disent que le mot a plusieurs sens que beaucoup confondent.
A l’université, un théologien avait présenté le résultat d’une enquête menée dans la ville de Kinshasa. Il faisait observer que les innombrables sectes religieuses de Kinshasa sont hantées, fréquentées à 90% par de jeunes femmes.
Dans le bus, j’ai appris que les femmes représentent plus de 90% des adeptes des sectes religieuses. Les femmes aiment les campagnes d’évangélisation et de guérisons-miracles. Et le conférencier du bus en rajoutait. Pour lui, les femmes adorent les menteurs. Les femmes aiment les promesses et les prophéties et les mensonges. Le conférencier du bus rappela que jadis, quand les mariages étaient encore de vrais mariages, on commençait par une promesse, une proposition, avant les fiançailles. La demoiselle était une promise, une proposée. Cela voulait dire qu’elle attendait, qu’elle espérait. Et jamais on n’a dit d’un homme qu’il était proposé. Parce que les hommes ne croient pas les promesses, les prophéties et les révélations.
Dans le bus, on se demanda pourquoi les assemblées composées de tant de femmes en majorité n’ont pas de femme pour les entretenir. On se demanda aussi pourquoi les hommes ne vont pas beaucoup dans les églises. Dans le bus, on posa beaucoup d’autres questions sur le sujet. On donna aussi quelques réponses. A bâtons rompus. N’importe qui pouvait donner n’importe quelle réponse. Mais d’où vient le bus dans lequel vous êtes monté et où va-t-il ? Et que valent les questions et les réponses d’une discussion à bâtons rompus dans un bus, dans un sens ou dans un autre ?
Des révélations, je me souviens en avoir reçu une : dans une vision, j’ai vu des milliers de jeunes gens massés dans un stade de football de quelque 80.000 places. Les jeunes gens dansaient et chantaient. Une femme les haranguait. Elle était pasteure.
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

jbmalenge@gmail.com

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