La Conférence épiscopale recommande de "tenir ce dialogue dans le courant du mois d’août"
1. A l’issue de notre 53ème Assemblée Plénière tenue à Kinshasa du 20 au 24 juin 2016, Nous, Cardinal, Archevêques et Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), face à la crise socio-politique préoccupante dans notre pays, avons adressé au Peuple congolais un message pour appeler au respect de la Constitution, à la tenue du dialogue, à la prise en compte des souffrances du peuple et au respect des droits humains.
2. Ce message se voulait avant tout une exhortation et une mobilisation des acteurs politiques et des leaders de la société civile pour qu’ils empruntent résolument les pistes qui peuvent conduire directement au dénouement pacifique de l’impasse actuelle. Au nom de la CENCO et du mien propre, nous saluons l’accueil favorable qu’a reçu ce message.
3. Aujourd’hui, nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt et satisfaction le point de presse du Facilitateur, Son Excellence Monsieur Edem Kodjo, par lequel il annonçait la convocation du Comité préparatoire du dialogue pour la fin du mois de juillet. Compte tenu de l’importance majeure de ce forum national attendu de tous les vœux, en vertu de notre mission prophétique, nous sentons l’urgence de rappeler les points les plus essentiels de notre déclaration. Le Congo est un tout qui vaut plus que les intérêts des parties et des personnes. Considérant l’intérêt supérieur de la Nation et faisant appel au sens élevé de responsabilité politique et de patriotisme exemplaire, nous demandons :
1° A tous les acteurs politiques de faire diligence pour se mettre autour d’une table en vue du dialogue national que nous voulons sincère, qui s’avère être la voie incontournable pour relancer le processus électoral dans le respect de la Constitution et éviter ainsi le chaos. Vu l’urgence, nous les exhortons à tenir ce dialogue dans le courant du mois d’août. Tout ajournement ne ferait qu’aggraver les tensions. L’heure n’est plus donc à monter les enchères de nature à prolonger l’attente. Le dossier des préalables à remplir dont les uns et les autres attendent les réponses pourra être vidé dans le cadre du Comité préparatoire du dialogue. Il est impérieux de privilégier ce qui contribue à la démocratie et à la paix (cf. Rm 14,19) plutôt que de ne viser que les postes, les positionnements personnels ou des parties. Pendant que l’on perd du temps précieux, la souffrance du peuple ne fait que s’aggraver.
2° A la Majorité au pouvoir de donner davantage des signes forts de bonne volonté en vue de la tenue effective du dialogue. Nous saluons la libération de quelques jeunes de la LUCHA détenus à Goma et nous encourageons la libération des autres prisonniers politiques et d’opinion. L’ouverture de l’espace médiatique, le respect des libertés et des droits fondamentaux des citoyens sont des gestes qui peuvent contribuer énormément à l’apaisement des esprits et à éviter des troubles dont les victimes sont souvent les populations civiles. Il incombe à la Majorité au pouvoir également de prendre ses responsabilités quant à la sécurité des citoyens et de leurs biens, et à l’amélioration de la situation sociale de la population.
3° A l’Opposition de tout mettre en œuvre pour la tenue effective du dialogue, sous l’égide du Facilitateur nommé et avec l’appui du Groupe de soutien de la Communauté Internationale, dans le but de trouver un consensus politique rapide et de sauver la démocratie dans notre pays.
4° Aux Institutions de la République de garantir à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) « son indépendance effective », de lui donner les moyens juridiques et matériels nécessaires pour accélérer la révision du fichier électoral et publier un calendrier électoral consensuel.
5° Au Peuple congolais de rester vigilants et de tenir au respect de la Constitution, des principes démocratiques et des valeurs sociales pour sauvegarder la paix, la concorde et la cohésion nationale. Aux jeunes, en particulier nous demandons de ne céder ni à la manipulation ni à la violence commanditées par ceux des politiciens qui ne recherchent que leurs intérêts personnels.
4. Que par l’intercession maternelle de la Sainte Vierge Marie, notre Dame du Congo, Dieu bénisse notre pays et son peuple.
Kinshasa, le 22 juillet 2016
✠ Marcel UTEMBI
Archevêque de Kisangani
Président de la CENCO
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