Au cœur des jours et des nuits : Prier pour les gouvernants
Mon
neveu est arrivé chez moi tout inquiet. Il venait me demander de confirmer une
information : oui ou non le pape François recommande de prier pour les gouvernants,
les autorités politiques de notre pays. J’ai répondu que c’est vrai, et j’ai précisé
que le pape a dit que ne pas prier pour les dirigeants est un péché. Le pape a
insisté sur le fait que nous devons prier pour nos dirigeants même quand nous
ne les apprécions pas, même quand ils se trompent.
Mon
neveu n’avait pas beaucoup de doute. Il voulait mieux comprendre. Comment
l’autorité suprême dans l’Eglise catholique peut-elle demander une telle prière
alors que l’Eglise catholique, dans beaucoup de pays d’Afrique, est considérée
comme spécialiste dans la critique contre les mêmes autorités politiques ?
N’est-ce pas que les évêques et les prêtres sont souvent considérés comme des
membres de partis politiques de l’opposition au discours jamais constructif, toujours
virulent, toujours et de plus en plus intransigeant ?
Mon
neveu me dit l’avoir compris ainsi à partir des homélies de son curé de
paroisse. J’ai répondu que son curé savait bien que la messe n’était pas un
lieu pour les discours politiques et que l’Eglise l’interdisait formellement.
Et mon neveu a voulu alors en savoir davantage sur ce que le pape François a
vraiment dit ou voulu dire en demandant de prier pour les dirigeants.
L’intention
secrète du pape, je l’ignore, ai-je répondu. Mais je me rappelais qu’à la messe
matinale dans la chapelle de la maison sainte Marthe, le 18 septembre 2017, le
pape François commentait le chapitre deux, versets un et deux de la première
lettre de saint Paul à Timothée. Paul écrit : « Je recommande
donc, avant tout, que l’on fasse des demandes, des prières, des supplications,
des actions de grâce, pour tous les hommes, pour les rois et tous ceux qui
détiennent l’autorité, afin que nous menions une vie calme et paisible en toute
piété et dignité. »
Dans le
commentaire, le pape a demandé que chacun fasse son examen de conscience à
propos de la prière pour les gouvernants. Le pape a dit : « Nous
ne pouvons pas laisser les dirigeants seuls. Les chrétiens doivent les
accompagner et même faire pénitence pour eux. Le dirigeant lui-même doit prier,
sinon il s’enferme dans sa propre autoréférentialité ou dans celle de son
parti. Il doit avoir conscience de sa subordination à des pouvoirs supérieurs
au sien : celui du peuple et celui de Dieu. »
L’intention
secrète du pape, je l’ignore, ai-je encore dit à mon neveu. Mais je me
souvenais d’une prière devenue célèbre en Argentine. Il y a plus de vingt ans,
le cardinal jésuite Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, avait
composé cette prière à réciter avec les cinq doigts de la main. Le troisième
doigt, le plus long, est le majeur ou le médium. La prière dit : « Il nous rappelle
nos gouvernants. Priez pour le président, pour les députés, pour les
entrepreneurs et pour les administrateurs. Ce sont eux qui dirigent le destin
de notre pays et sont chargés de guider l’opinion publique. Ils ont besoin de
l’aide de Dieu. »
Le
cardinal Bergoglio, auteur de cette prière, est devenu le pape François en
2013. A chaque messe, nous prions pour lui. Et lorsque le prêtre a choisi la
deuxième prière eucharistique, nous prions bien avec lui pour le pape et pour notre
évêque et pour « tous ceux qui ont la charge » du peuple de
Dieu. Tous.
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
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