Au cœur des jours et des nuits : Dans la douceur et la tendresse



Ma nièce vendeuse de pain m’a confié que de tous ses clients, elle préfère désormais vendre son pain à des religieuses.

Si tu veux vraiment réaliser de bonnes affaires, ne choisis pas tes clients, lui ai-je conseillé. J’ai ajouté qu’elle devrait se détromper si elle croit que les religieuses ont beaucoup d’argent pour acheter toujours cash et sans jamais débattre du prix.
Ma nièce m’a répondu qu’elle le savait, qu’elle préférait justement que ses clients endettés, ses débiteurs, soient des religieuses et qu’elle discute avec elles plutôt qu’avec les autres, tous les autres clients. Elle en avait maintenant une bonne expérience, elle pouvait choisir en connaissance de cause, a-t-elle souligné.
Et ma nièce a précisé préférer les religieuses parce que, même quand il faut discuter, elles le font comme les prêtres, c’est-à-dire, a-t-elle expliqué, toujours avec douceur. Le prêtre jamais ne hausse le ton, le prêtre a des paroles réconfortantes, rassurantes. Comme Dieu, a-t-elle lâché, en baissant la voix comme pour imiter certains prêtres.
J’ai rétorqué à ma nièce qu’elle n’avait justement pas beaucoup d’expérience avec les prêtres. Je lui ai dit que pour ma part, je me rappelais et que je n’oublierai jamais un prêtre qui m’avait copieusement grondé dans mon enfance.
Ma nièce m’a dit que gronder un enfant, c’est tout ce qu’il y a de normal, même si l’enfant ne veut jamais l’oublier. Que les enfants sachent qu’ils sont presque toujours indisciplinés et que pour cela, les parents, les adultes ont le droit de les gronder s’ils les aiment, s’ils leur veulent du bien.
Et ma nièce a ajouté que les prêtres, justement, apprenaient dans leur formation comment il faut gronder les fidèles chrétiens, fermement mais toujours avec douceur. Oui, les prêtres l’apprennent sûrement à l’école des prêtres, a estimé ma nièce. Elle pensait que les religieuses apprenaient la même chose que les prêtres. Comme les prêtres, les religieuses doivent avoir appris aussi à parler doucement, à je jamais hausser le ton. Des couvents de religieuses ne s’échappent jamais les insultes, les chamailleries, les querelles, les bagarres dont ma nièce est souvent témoin malgré elle lorsqu’elle distribue son pain à domicile.
Voilà la raison principale pour laquelle ma nièce aurait préféré désormais vendre son pain à des religieuses. Les religieuses sont douces comme du pain, a-t-elle conclu. Et cette douceur, elle en a bien besoin dans sa vie, qui n’est pas toujours tendre, a-t-elle insinué.
J’ai gardé pour plus tard la suite de l’échange avec ma nièce pressée d’aller à la boulangerie remplir le bassin de pain, puis l’apprêter pour ses nombreux clients, sans compter le reste de sa vie pas toujours tendre.
J’ai trouvé pour ma nièce ce texte de saint Paul que tout chrétien devrait s’approprier, même si l’on n’est pas responsable dans l’Eglise comme Tite et Paul lui-même et même si l’on ne s’adresse pas aux gouvernants.
Saint Paul écrit dans la lettre à Titre, au chapitre 3, versets de 1 à 3.
« Rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux magistrats, aux autorités, qu’ils doivent obéir, être prêts à toute œuvre bonne, n’injurier personne, éviter les querelles, se montrer bienveillants, faire preuve d’une continuelle douceur envers tous les hommes. Car nous aussi, autrefois, nous étions insensés, rebelles, égarés, asservis à toutes sortes de désirs et de plaisirs, vivant dans la méchanceté et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. »


Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

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