Vient de paraître aux éditions Baobab : Cyrille ATITUNG, Entre l'appel et la tourmente du silence
Préface
Ce livre concerne
« le sacerdoce en ce temps, comme dans le passé ». Le prêtre Cyrille Atitung
nous associe à sa méditation à l’occasion de ses vingt-cinq ans de sacerdoce.
Il se place dans les pas du Galiléen, qui a prescrit la sobriété, l’humilité à
ceux qu’il a appelés à sa suite, les invitant à méditer les paraboles au sujet
des biens.
Ainsi peut-on
comprendre d’emblée pourquoi l’auteur avance que le sacerdoce ministériel ne
destine pas à une « vie héroïque ».
Aujourd’hui se
pose bien la question de toujours sur l’identité du prêtre. Les rapports
conflictuels entre l’Eglise et les tenants du pouvoir politique en République
démocratique du Congo rendent bien inconfortable la vie du prêtre. Au niveau
international, la fragilité humaine s’observe aujourd’hui dans la
« mauvaise réputation » répandue autour des abus sexuels sur mineurs
commis par des prêtres.
La confiance en
Dieu est le seul rempart que semble proposer l’auteur de ce livre. Cyrille
Atitung désigne des « eaux troubles de la société » en ce
« temps de turbulence et de remise en question générale ». Ce qu’il
sous-entend, le pape le reconnaît comme un temps de purification.
Le Saint-Père
François a eu raison d’adresser aux prêtres, le 4 août 2019, une lettre pour
les remercier et les encourager, à l’occasion des 160 ans de la mort de saint
Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars, le patron de tous les curés. Des prêtres du
monde entier ont remercié le pape. Car il n’ignore pas les conditions
difficiles de leur vie et de leur ministère, qui demandent courage et
assistance divine.
Définir son
identité de prêtre ne peut s’épuiser dans les classiques de théologie
dogmatique ni dans les règles canoniques. On ne répond pas totalement non plus
au questionnement vital en se référant à quelque célébrité ni autorité de
l’histoire. Recourir à des repères à la mode ne suffit pas non plus. Il faut
bien, par-dessus tout, une intégration de la personne du prêtre qui ressente du
dedans les raisons de l’appel et se justifie les prétentions qui permettent de
tenir au plus intime de ses convictions et des motivations du départ.
Cyrille Atitung a
vu vivre des prêtres qui l’ont inspiré, il a appris tout l’enseignement de
l’Eglise catholique qui l’a admis au sacerdoce. Avec son doctorat en
patrologie, il a assimilé l’histoire la plus ancienne des pères de l’Eglise.
Avec ses contemporains, il partage les joies et les peines de la vie et du
ministère des prêtres. Enseignant et formateur de futurs prêtres, le voilà
s’expliquer et expliquer les enjeux du sacerdoce en ce temps comme par le passé.
L’histoire
apprend, par exemple, combien divers réformateurs ont déploré les mêmes tares dans
l’Eglise. Le peuple de Dieu est toujours pris en pitié pour son ignorance. Mais
cet état de fait est imputé presque toujours au clergé négligeant sa tâche
pastorale et se vautrant plutôt dans l’immoralité.
Sur un tel
verdict a surgi la vie consacrée, fruit de la pitié de saints fondateurs
brûlant tous du même zèle identifiable à celui de Jésus qui eut pitié des
foules abandonnées à elles-mêmes faute de pasteurs. Ainsi, En 1815, dans le sud
de la France, monsieur l’abbé Eugène de Mazenod, le fondateur des Missionnaires
oblats de Marie Immaculée, constate que « l’Eglise, ce bel héritage du
Sauveur, qu’il avait acquise au prix de son sang, a été ravagée de nos jours
d’une manière cruelle ». Alors qu’on aurait dû compter sur les ministres
pour « ramener par leurs paroles et par leurs exemples la foi prête à
s’éteindre dans le cœur d’un grand nombre de ses enfants », plusieurs
s’avèrent plutôt avoir « besoin d’être eux-mêmes rappelés à la pratique de
leurs devoirs » (Préface aux Constitutions et règles).
Fils de saint
Eugène de Mazenod, Cyrille Atitung pose le même regard sur la « misère du
peuple » :
« C’est dans
ce cadre aux allures d’un épouvantail que s’exerce notre ministère sacerdotal.
Soigner des âmes dans une société de tels ressorts, relève de l’exploit. C’est
une situation de détresse profonde où les gens, pour se faire une place dans la
société, se décomposent et s’usent par des pratiques déshonnêtes. L’appel à
faire surgir la beauté intérieure marquée par l’honnêteté et la fidélité,
paraît à première vue comme un coup d’épée dans l’eau. »
Pourtant, il n’y
a pas de place ici pour un aveu d’impuissance. Au contraire. Au-delà des vents
saisonniers, à quoi s’accroche la foi de celui qui s’est dit un jour avoir la
vocation et qui se découvre rivé dans la même conviction et le même élan un
quart de siècle plus tard ? Ce livre est bien un témoignage de
persévérance lucide dans la vocation sacerdotale. Il est un rappel du fait que
le ministère sacerdotal est une réponse humaine bien concrète à Dieu qui
appelle qui et quand il veut. Le sacerdoce « déborde projets et calculs
humains dans son exigence à se conformer au Maître ».
Jean-Baptiste
MALENGE Kalunzu
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