Pourquoi une Journée mondiale des communications sociales ?
58ème Journée mondiale des communications sociales
Conférence à la Paroisse Christ-Sauveur
Kinshasa, dimanche 16 juin 2024
Merci de m’associer à cette conférence. Je suis conscient que nous sommes bel et bien en présentiel, les uns face aux autres, et non en quelque disposition virtuelle de l’Intelligence artificielle, en deepfake, par exemple.
Pourquoi une Journée mondiale des communications sociales ? C’est la question posée. La réponse viendra d’une instance autorisée comme le Dicastère (ou le Ministère) pour la communication.
Ce Dicastère a publié, le 23 mai 2023, le document intitulé : « Vers une présence totale ». Le titre s’explicite en sous-titre comme « une réflexion pastorale à propos de l’engagement sur les réseaux sociaux ». Et voici ce qui est écrit : « De grands progrès ont été réalisés à l’ère du numérique, mais l’une des questions urgentes qui restent à traiter est de savoir comment nous, en tant qu’individus et en tant que communauté ecclésiale, devons vivre dans le monde numérique en tant que “proches aimants”, véritablement présents et attentifs les uns aux autres dans notre voyage ensemble le long des “autoroutes numériques”. »
Présent et attentif, je suis heureux de me poser aujourd’hui l’une de ces « questions urgentes » avec la Commission de la communication de la paroisse Christ-Sauveur. J’insiste sur le Sauveur. N’est-ce pas que la question fondamentale de notre vie est celle du salut ? Qui sauvera l’Afrique et la RDC ? « La communication sauvera l’Afrique », c’est le titre de mon avant-dernier livre paru en 2022. Me retrouvant dans la paroisse Christ-Sauveur pour parler de la communication, j’espère bien comprendre la question même si je n’obtiens pas la réponse définitive.
Pourquoi une Journée mondiale des communications sociales ? La question est bien celle-là. A Christ-Sauveur, je constate que les 5 sous-thèmes prévus au programme permettront de comprendre divers aspects du Message du Saint-Père François pour la Journée d’aujourd’hui. Je voudrais me contenter d’esquisser le cadre pour comprendre pourquoi une « Journée mondiale des communications sociales », d’où elle vient, et pourquoi la date d’aujourd’hui, 16 juin en RDC et non la date du 12 mai prévu dans l’ordo, le calendrier liturgique 2024.
1. Un regard neuf et positif sur les médias
La Journée mondiale des communications sociales a été décidée par le Concile Vatican II qui s’est tenu de 1962 à 1965. Le 4 décembre 1963, le pape Paul VI a signé le décret conciliaire Inter mirifica. Le titre reprend les premiers mots du texte en latin (comme d’habitude) qui veut dire : « Parmi les merveilleuses découvertes ». Certaines traductions préfèrent plutôt « merveilleuses inventions ». En tout cas, « mirifica » reste comme « merveilleux, admirables, mirifique ».
Qu’est-ce qui est si mirifique qui arrache l’admiration des Pères conciliaires et qui tranche avec l’attitude plutôt sceptique et pessimiste du passé ? Le décret conciliaire indique qu’il s’agit d’un nouveau regard sur les « découvertes techniques qu’avec l’aide de Dieu, le génie de l’homme a tirées de la création ». Et le Concile précise davantage que « l’Église accueille et suit avec une sollicitude toute maternelle celles qui, plus directement, touchent les facultés spirituelles de l’homme et offrent des possibilités élargies de communiquer très facilement des nouvelles de tout genre, des idées, des orientations. » (Inter mirifica, 1). Et plus précisément encore, le Concile déclare : « Parmi ces découvertes, il faut assigner une place singulière aux moyens qui, de par leur nature, sont aptes à atteindre et à influencer non seulement les individus, mais encore les masses comme telles, et jusqu’à l’humanité tout entière. Tel est le cas de la presse, du cinéma, de la radio, de la télévision et d’autres techniques de même nature. Aussi bien peut-on les appeler à juste titre : moyens de communication sociale. »
2. Un plaidoyer pour l’humain
Pourquoi le Concile s’occupe-t-il de ces questions plutôt techniques ? Pourquoi nous en occupons-nous aujourd’hui en ce jour du Seigneur, jour de spiritualité ?
Pourquoi, par exemple, avant-hier, vendredi 14 juin 2024, le Saint-Père François est-il allé dans le sud de l’Italie parler de l’Intelligence Artificielle aux chefs d’Etat des 7 pays les plus industrialisés de la planète ? La réponse donnée hier par les médias du Vatican est que le pape est allé rappeler que l’Intelligence Artificielle ne doit pas condamner l'humanité à dépendre des machines. Le pape est allé plaider pour l’éthique, pour la place de l’humain devant la technologie. Le pape est fidèle au Concile Vatican II.
Pourquoi le Concile s’occupe-t-il des moyens de communication sociale ? Le décret Inter mirifica pose la question et y répond en disant que ces moyens ou instruments « contribuent, en effet, d’une manière efficace au délassement et à la culture de l’esprit, ainsi qu’à l’extension et à l’affermissement du règne de Dieu. » (Inter mirifica, 2).
Le Concile Vatican II va présenter la « sollicitude maternelle » de l’Eglise en montrant comment il faut faire pour tirer le plus de bien des communications et pour éviter le mal. Le Concile décline alors notamment des droits et des devoirs aussi bien des usagers que des producteurs, des institutions publiques et de l’Eglise.
Dans le Message pour la 58ème Journée mondiale des communications sociales, le pape nous pose la question : « Comment rester pleinement humain et orienter dans le bon sens la mutation culturelle en cours ? » Le pape répond notamment qu’il nous faut « retrouver la sagesse du cœur » et « grandir ensemble en humanité ».
Voilà la réponse autorisée. Pourquoi une Journée mondiale des communications sociales ? C’est pour rappeler à l’humanité l’enjeu éthique et pastoral. Et le Concile a pensé qu’il faut bien sûr diffuser et faire appliquer cet enseignement dans l’Eglise.
Nous avons ainsi tant bien que mal compris d’où vient et pourquoi la Journée mondiale des communications sociales. Mais il nous faut bien comprendre ce qu’elle est.
3. Une Journée pour la prière, la réflexion et l’obole
Rappelons quelques dates. Le décret conciliaire Inter mirifica date de 1963. Mais nous célébrons aujourd’hui la 58ème Journée mondiale des communications sociales. La première date donc de 1967. Chaque année, le 29 septembre, en la fête des saints archanges Raphaël, Gabriel et Michel, le pape communique le thème. Le 23 septembre 2023, le pape François nous avait communiqué le thème de cette année 2024 : « Intelligence artificielle et sagesse du coeur : pour une communication pleinement humaine » Et le 24 janvier, fête de saint François de Sales, patron des journalistes, comme chaque année, le pape a publié le Message développant le thème choisi.
Que dit le décret conciliaire ? Au chapitre de l’action pastorale de l’Eglise, le Concile a consacré le numéro 18 d’Inter mirifica à une Journée annuelle. Voici le texte : «
« Pour donner plus d’efficacité à l’apostolat multiforme de l’Église dans le secteur des moyens de communication sociale, on organisera chaque année dans les diocèses, au jugement des évêques, une journée pendant laquelle les fidèles seront instruits de leurs devoirs en ce domaine et invités à prier pour cette cause et à verser leur obole. Ces dons seront scrupuleusement employés à soutenir et à développer les œuvres suscitées par l’Église, en ayant en vue les besoins de la catholicité tout entière. » (Inter mirifica, 18)
Ce texte est concis et précis. On devrait le lire facilement et intégralement aujourd’hui dans les homélies ou les conférences prévues. Mais certains sont peut-être pris au dépourvu. Heureusement que des Commissions paroissiales de communication peuvent pallier toute insuffisance. Si la Commission existe et si les membres sont informés et formés. La formation est peut-être le défi de cette Journée mondiale des communications sociales.
Relevons trois buts assignés par le décret Inter mirifica lui-même pour cette Journée : 1. Les fidèles seront instruits de leurs devoirs en ce domaine ; 2. Ils seront invités à prier pour cette cause ; 3. Ils seront invités à verser leur obole.
On comprend aisément que l’importance donnée par le saint Concile à la célébration de la Journée mondiale des communications sociales impose de ne pas la noyer dans une autre célébration comme l’a fait l’ordo 2024.
4. Pourquoi le dimanche 16 juin 2024 ?
« Au jugement des évêques » de la RDC réunis en Assemblée plénière en février dernier, la célébration de la Journée mondiale des communications sociales pour l’année 2024 a été reportée du 12 mai au 16 juin.
Une lettre adressée aux évêques le 04 avril dernier par le Secrétariat général de la Conférence épiscopale nationale du Congo nous renseigne bien.
« Par la présente, nous venons vous rappeler la date définitive de la célébration de la Journée mondiale des communications sociales retenue pour l’Eglise-Famille de Dieu en RD Congo.
En effet, lors de la session extraordinaire de l’Assemblée Plénière de la CENCO, tenue à Kinshasa du 26 au 28 février 2024, vous avez décidé de célébrer désormais cette Journée le dimanche après la solennité du Sacré-cœur de Jésus et non plus à la Solennité de l’Ascension comme mentionné dans l’ordo.
Pour cette année 2024, la Journée mondiale des communications sociales sera célébrée en RD Congo le dimanche 16 juin 2024, 11ème dimanche du temps ordinaire. (…)
Nous voudrions aussi vous demander, Eminence, Excellence, d’instruire les curés des paroisses et les chargés des Commissions des communications sociales paroissiales à se mobiliser pour la réussite de cette Journée par la célébration eucharistique, les prières, les réflexions ou les conférences-débats sur les thèmes touchant aux médias et à l’organisation d’une quête spéciale pour cette journée, quête suggérée et attendue au Dicastère pour la communication. »
Tout est aussi bien dit. Et voilà pourquoi nous nous retrouvons à Christ-Sauveur. Prêtres et laïcs, nous aurions été bien embarrassés de célébrer le mystère de l’Ascension du Seigneur en le réduisant à la communication. Et nous aurions été, en revanche, frustrés de ne pouvoir évoquer le Message du Saint-Père sur la sagesse du cœur, par exemple.
Voilà pourquoi celui qui a été le premier secrétaire de la Commission épiscopale des communications sociales, créée en juillet 2007, est heureux de célébrer aujourd’hui avec vous la 58ème Journée mondiale des communications sociales. Je n’ai pas eu la joie de communier avec vous dans l’eucharistie avec les lectures qui parlent providentiellement de la semence du règne de Dieu et de son extension. J’espère que vous y avez organisé une quête conséquente, une obole, une petite contribution substantielle pour soutenir les médias catholiques d’ici et d’ailleurs.
Jean-Baptiste Malenge
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