Ne m'oublie pas
Au cœur des jours et des nuits
Ne m’oublie pas
Lesquels, entre les hommes et les femmes, souhaitent et
demandent le plus qu’on ne les oublie pas ? Vous pensez sans doute à la
relation amoureuse, et vous répondez que ce sont les femmes. Oui, parce que
vous êtes un homme, et que c’est le souhait d’une femme que vous avez entendu.
Mais si vous êtes une femme, vous avez été plutôt attentive à la complainte d’un
homme. Les hommes et les femmes veulent qu’on ne les oublie pas. Et ils le
demandent.
Il reste que dans la chanson populaire du répertoire
international, le titre « ne m’oublie pas » ou « tu vas
m’oublier » rappelle plutôt la langueur d’une femme. Si c’est un homme qui
a écrit la chanson, c’est une voix féminine qui va l’interpréter. Disons donc
tous ensemble que le monde, en général, conçoit plutôt que c’est la femme qui
implore son aimé de ne pas l’oublier.
Voilà sans doute pourquoi l’humanité célèbre depuis des
décennies une « journée internationale de la femme ». Que l’on
n’oublie pas la femme, lorsque, par exemple, on partage la richesse ou le
pouvoir ! Les hommes semblent ne pas revendiquer une journée spéciale pour
eux. Tous les jours sont à eux. Tout leur appartient. C’est plutôt aux hommes
que l’on demande de ne pas oublier la femme. Et même de réparer quelques
grandes ou petites injustices commises aujourd’hui ou hier, et tout au long de
l’histoire, depuis le commencement de l’humanité.
On parle aujourd’hui de « parité ». Mais personne
ne cherche à savoir qui a donné aux hommes le droit de procéder au partage qui
leur réserve la meilleure part. C’est une véritable usurpation, un fait de
violence, sans aucun doute.
Pourtant, en réalité, les hommes demandent, désirent et
souhaitent qu’on ne les oublie pas non plus. Il ne s’agit pas toujours de la
relation amoureuse ni politique ni économique. Il s’agit de l’être humain dans
ce qu’il a de particulier dans sa vie. Chacun cherche à marquer son passage sur
terre d’une trace aussi petite, aussi fragile soit-elle et que cette trace soit
reconnue par d’autres, hommes ou femmes. Il s’agit, par exemple, que son
nom soit connu et reconnu ne serait-ce
que dans son propre quartier ou dans son village.
Chacun se veut éternel, immortel, inoubliable. Voilà
pourquoi les animateurs de radio, dans nos villes, ont développé depuis
quelques années la manie de réduire la radio à un chapelet de salutations. Les
chanteurs l’ont appris des animateurs de radio ou l’inverse. Les chanteurs
alignent des noms de personnes dans leurs chansons comme s’ils vous lisaient
leur carnet d’adresses ou la liste des contacts sur leurs téléphones. Autant de
personnes que l’on voudrait bien ne pas oublier. Si l’on n’oublie pas, bien
sûr, au fil du temps, le chanteur et la chanson.
Ne m’oubliez pas. Un compagnon de malheur de Jésus de
Nazareth l’a demandé aussi. Ils sont deux malfaiteurs crucifiés l’un à droite
l’autre à gauche de Jésus sur le Golgotha. Le bon malfaiteur, comme on
l’appelle, a prié Jésus en lui disant : « Souviens-toi de moi quand
tu viendras dans ton Royaume » (Luc 23,42). Et Jésus lui répondit :
« Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23,43)
Jean-Baptiste MALENGE
Kalunzu
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