Le cercueil du cardinal
Au cœur des jours et des nuits
Le cercueil du
cardinal
Le musée Cardinal Malula inauguré
récemment à Kinshasa-Limete rappelle le cercueil du cardinal Frédéric Etsou.
Voilà deux pasteurs de l’Eglise de Kinshasa qui se ressemblent. Des philosophes
nous l’ont dit avec raison : C’est lorsque s’achève l’histoire d’un être
humain sur terre que les autres peuvent enfin la lire et comprendre vraiment
qui était le défunt. Frédéric Etsou et Joseph-Albert Malula, la fin de leur vie
a révélé ce qu’ils ont été et que nous n’avons jamais vu ni peut-être imaginé
auparavant.
Une journaliste qui a visité le
musée Cardinal Malula a vite retenu le climat dans la vie du grand personnage :
la simplicité. La journaliste n’a pourtant pas tout vu ni appris non plus. Par
exemple : elle n’a pas entendu la religieuse qui me racontait que dans la
salle de bain, le dernier porte-savon du cardinal Malula portait un
amoncellement de bouts de savon. Le grand homme vivait ainsi : Un reste de
savon en attendait un autre pour faire un bon morceau qui tienne dans la paume
d’une main.
On ne parle pas ici de la vie privée
de Joseph Malula, mais les membres de la congrégation religieuse qu’il a fondée
ne peuvent s’en empêcher. Leur père fondateur, leur saint fondateur, comme dit
une religieuse, a vécu dans la simplicité tout évangélique. Le vœu de pauvreté
qu’il a proposé à ses filles demande aussi la simplicité. Le fondateur en a
donné l’exemple.
Joseph Malula ressemble de ce point
de vue à celui qui lui a succédé sur le siège de l’archidiocèse de Kinshasa.
Frédéric Etsou Nzabibamungwabi avait fait vœu de pauvreté dans sa congrégation
religieuse. En janvier 2007, c’est aussi une journaliste qui s’aperçut de
la simplicité dans la vie privée de l’illustre disparu.
De rares journalistes avaient eu le rare
privilège d’une visite guidée dans la résidence privée du cardinal Frédéric
Etsou. Une journaliste ne me cacha pas avoir découvert qu’à côté d’un appareil
de radiodiffusion tout simple, l’archevêque de Kinshasa utilisait des écouteurs
tout simples, les moins chers sur le marché local. La journaliste aurait
souhaité des écouteurs de luxe. Dignes d’un cardinal, estima-t-elle.
Un autre journaliste avait déjà soulevé
la question. Il avait vu en direct à la télévision le cercueil arrivé de
Belgique. Le cercueil de Frédéric Etsou ne brillait pas. Et le journaliste
avait eu l’impression que le bois n’était pas d’un luxe digne de l’illustre
disparu…
On pouvait dire de même en avril
2005. La télévision nous montrait les funérailles du pape Jean-Paul II. Tous
les grands du monde étaient arrivés devant la Basilique saint Pierre de Rome.
Le cercueil en bois ne semblait pas digne de l’illustre disparu.
Jésus de Nazareth aussi avait été
enterré dans un jardin commun. Des femmes généreuses l’ont embaumé. Et le
surlendemain, sa meilleure amie, Marie-Madeleine, n’eut pas forcément
l’occasion de rendre à son corps le meilleur hommage. Jésus ressuscita, et
depuis, chaque cercueil, chaque corps humain vaut son pesant d’or. Au-delà du
cercueil, de la natte, de la feuille de bananier…
Le pape François prêche la
simplicité à la manière de François d’Assise. Récemment, François a mis en
garde les évêques contre ce qu’il appelle la mondanité. Que les évêques et tous
les autres ne s’encombrent pas de biens au point d’avoir des difficultés à
déménager. Plus récemment encore, le pape a mis en garde le millier de prêtres
qui étaient en retraite à Rome contre l’amour de l’argent. Le diable entre par
la poche, a-t-il averti.
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
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