MESSAGE DE L’EVEQUE DE GOMA : « LAISSEZ-NOUS VIVRE ! »
Moi,
Mgr Théophile KABOY, en mission en dehors de la ville de Goma, envoie
le message de réconfort au peuple de Dieu et aux hommes de
bonne volonté, eu égard aux dernières nouvelles relatives à
la situation socio-sécuritaire et saisis cette opportunité pour
présenter mes condoléances à toutes les personnes affectées par ces
affres de la mort.
C’est
depuis le mois de mars 2012 que quelques faits et événements
démontrent que la situation sociale, sécuritaire et politique
n’est pas au beau fixe dans la Province du Nord-Kivu. Le
triste événement du 18 novembre 2012 est encore frais dans nos
mémoires, à en juger par ces conséquences :
Que de vies humaines perdues, des déplacés loin de leurs villages et de leurs champs,
massés dans des camps de fortune aux conditions très précaires.
Que
de violations des droits de l’homme, des enfants contraints
d’abandonner leur scolarisation, enrôlés de force dans des groupes
armés, des filles et femmes violées. Bref, la dignité humaine est
bafouée.
J’en
appelle à la conscience des responsables de ces événements et
aux autorités compétentes en ces termes : «AU NOM DE DIEU LAISSEZ-NOUS
VIVRE!»
Les
Négociations de Kampala, l’Accord Cadre d’Addis-Abeba, les Résolutions
du Conseil de Sécurité des Nations Unies ont été à la base de
l’arrivée de la brigade d’intervention des Nations Unies
composée de tanzaniens, de sud-africains et de malawites pour
traquer les forces négatives …
Chacun
de ces événements faisait miroiter un avenir radieux au peuple
de la Province du Nord-Kivu, fatigué par ces guerres
récurrentes de deux décennies. Mais hélas ! Pourquoi traîner les
aspirations de tout un peuple au nom des idéologies et
fausses ambitions ? Le peuple n’a pas besoin d’assister aux joutes
politiques comme s’il était un spectateur dans une scène théâtrale où il
est incapable de passer au crible le décor au fond hégémonique.
Plusieurs situations démontrent une conduite paradoxale au
détriment de notre peuple qui, du reste, laisse conforter cette
hypothèse. Il est temps de se dévêtir du vieil homme en vue de militer
pour la paix totale.
J’en
appelle à la conscience des responsables de ces événements et
aux autorités compétentes en ces termes : «AU NOM DE DIEU LAISSEZ-NOUS
VIVRE!»
J’insiste
donc ‘’ Laissez-nous vivre’’, car ce mois d’août 2013 semble de
mauvais augure pour les populations civiles au regard des
arrestations arbitraires de quiconque dénonce la mauvaise gestion
de cette situation de crise. Bien plus, les obus largués l’après-midi
du jeudi 22 août à Kanyaruchinya dans le Territoire de
Nyiragongo, ou encore, au centre-ville de Goma dans le Quartier
Murara (Office II), et finalement celui de samedi 24 août à Ndosho,
n’ont fait qu’attiser la psychose d’insécurité par le nombre des décès
et des blessés.
Je
réitère mes condoléances les plus émues à toutes les personnes qui ont
perdu les leurs et leurs biens et salue sincèrement la bravoure
des soldats au front pour bouter hors d’état de nuire les
ennemis. Jusques à quand le peuple recouvrera la paix pour
construire un monde plus beau qu’avant ?
J’en
appelle à la conscience des responsables de ces événements et
aux autorités compétentes en ces termes : «AU NOM DE DIEU LAISSEZ-NOUS
VIVRE!»
Il
est vrai que dans ce contexte il devient difficile de tenir. Rien qu’à
répertorier le nombre des milices semant la désolation horrifiante. A
la suite de mon message ‘’ Relevons la tête’’ en cette période de
désolation, du 06 mai 2013, je condamne ce cercle infernal des
violences perpétrées ; j’encourage notre peuple à tenir bon, «
Soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui
rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la
force de la foi » (1P5, 8-9a). Redoublons d’effort dans la prière
pour ne pas tomber dans le piège de ceux qui veulent créer une
confusion totale dans la ville en s’en prenant aux paisibles citoyens et
à leurs biens. Nous sommes tous frères.
Je
recommande à toutes les forces vives engagées dans cette crise à
prendre au sérieux les résolutions déjà prises pour que la paix
revienne. Que les prochaines consultations nationales soient un
espoir pour un avenir radieux. Je souhaite que les différents
délégués des composantes se parlent à cœur ouvert et qu’ils
tiennent un même langage en privilégiant l’intérêt national.
Ce Samedi 24 août 2013
Monseigneur Théophile KABOY,
Evêque du Diocèse de GOMA
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