Qui a raison et qui a tort ?

Au cœur des jours et des nuits

Qui a raison et qui a tort ?

De la Majorité au pouvoir et de l’opposition, qui a raison et qui a tort ? Et à quel sujet ?
Si le langage radiophonique ne déconseillait pas les silences que l’on n’entend pas, j’aurais laissé aux auditeurs et auditrices quelques bonnes secondes pour les entendre répondre à ma question. Ils auraient tous ou presque répondu que c’est la majorité au pouvoir ou l’opposition et vice versa. Les opinions sont diverses. Et c’est normal. En démocratie mais aussi en toute circonstance où l’on réfléchit.


J’aurais pu préciser alors la question. Dans la majorité, il y a aussi une majorité et une minorité. Et dans l’opposition, il y a des radicaux et des modérés. Qui a raison et qui a tort, au sein de la majorité et au sein de l’opposition ? Et plus bas encore, en politique toujours : qui a raison et qui a tort, entre le peuple des militants de la base et les leaders des appareils au sommet de la hiérarchie des partis politiques ? Posons la question dans le domaine politique, puisque beaucoup de gens s’imaginent que nous ne pouvons plus parler que de politique, même dans cette chronique de Radio Elikya.

En politique, donc, qui a raison et qui a tort ? On peut vraiment compliquer la question, à tort ou à raison, d’ailleurs. Et l’on dit souvent que ceux qui compliquent ainsi les questions simples sont des philosophes. Justement : le philosophe français René Descartes a écrit au dix-septième siècle le livre intitulé « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ». René Descartes en tire la conscience que le bon sens ou la raison est la chose qui a été si bien distribuée entre les humains que personne ne pense avoir besoin d’en recevoir un peu plus. Tout le monde est satisfait. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».

Si les humains ont naturellement reçu la raison de façon égale, d’où viennent alors les divergences ? Le philosophe répond que « la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses ». Voilà : vous ne savez pas tout ce que je sais, et je ne sais pas tout ce que vous savez. Donc, la tolérance veut dire quelque chose !

Les gouvernants au pouvoir ne savent pas tout ce que savent les opposants. Et les opposants ne savent pas tout ce que savent les gouvernants. La preuve est facile : Les anciens gouvernants devenus opposants disent savoir aujourd’hui ce qu’ils ignoraient sans doute hier lorsqu’ils gouvernaient. Mais anciens gouvernants devenus opposants et anciens opposants devenus gouvernants sont naturellement égaux en intelligence. Et tous aiment autant le peuple, disent-ils. Hier comme aujourd’hui et demain.

Vous avez compris ce que je viens de dire. Ce n’est pas compliqué la philosophie. Ne cherchez pas ailleurs la raison des divergences entre des gens compétents, honnêtes et sincères. Le Congolais moyen cherche ailleurs son explication : celui qui n’est pas de mon avis est soit stupide soit corrompu. Corrompu veut dire qu’il a reçu de l’argent pour ne plus penser par lui-même. Cela veut dire aussi que moi, j’ai toujours raison, parce que je suis le plus intelligent du monde et le seul honnête, jamais corrompu.

Ceux qui ont bien appris le métier de journaliste ont appris qu’en cas de sujet controversé, le bon journaliste donne le point de vue du pouvoir et celui de l’opposition, le point de vue de l’opposition et celui du pouvoir. Pour faire l’équilibre. Et le bon journaliste n’ajoute pas nécessairement son commentaire. Le commentaire est libre, mais les faits et les opinions d’autrui sont sacrés.

Et alors, depuis que je parle, ai-je raison ou tort ? A votre avis ?


Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

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