Les souffrances de l’évêque

Au cœur des jours et des nuits

Les souffrances de l’évêque

Lorsque j’ai demandé de prier pour un évêque à l’anniversaire de son ordination épiscopale, j’ai précisé l’intention de prière : que l’évêque n’abandonne pas, ne se décourage jamais devant les souffrances. Sans être évêque, on peut bien s’imaginer que la vie d’un évêque est traversée par des difficultés. Sinon, serait-elle une vie humaine ? Même un nouveau-né pleure. Dans les maternités, les mamans s’inquiètent si l’enfant nouveau-né n’a pas pleuré. Pleurer, souffrir, c’est la vie.


Un évêque souffre aussi. Sinon, sa vie serait-elle une vie chrétienne, dans la suite de Jésus qui a demandé à ses disciples de prendre chacun sa croix et de le suivre ? Pourquoi un évêque ferait-il exception ? La croix, l’évêque la porte sur sa poitrine, sur ses costumes ; il l’affiche partout.

Dans beaucoup d’Eglises, aujourd’hui, on prie pour que Dieu éloigne de ses serviteurs la pauvreté et toute souffrance. Pourquoi Jésus épargnerait-il les difficultés à ceux qui sont, dans le peuple de Dieu, ses représentants personnels, lorsqu’ils disent la messe, par exemple, et siègent à sa place à la tête du troupeau ? Un évêque, un cardinal, un pape, un prêtre, est destiné à devenir martyr, c’est-à-dire à souffrir comme le Christ. Chaque jour. C’est sa vocation. C’est sa mission.

Lorsque j’ai demandé de prier pour cet évêque afin qu’il persévère dans la foi, l’espérance et la charité, un ami qui m’écoutait s’est bien mis à penser. Il m’a avoué n’avoir d’emblée rien trouvé comme souffrances possibles dans la vie d’un évêque. Au contraire : il voyait l’évêque comme un homme couvert  de gloire et d’honneur, de richesse et d’assurance pour la vie. Mon ami voit les prêtres, les religieuses et religieux comme des personnes qui mangent bien, qui vivent bien, qui ont de l’argent, qui sourient beaucoup, qui sont heureuses.

Mais mon ami s’est aussi souvenu de toutes les critiques entendues qui concernaient l’évêque. Et quand j’ai demandé de prier aussi pour le prêtre qui venait d’être nommé évêque, mon ami a compris. C’est lui qui m’a fait lire ce texte de la deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens, chapitre 12. Paul se vante. Il est fier de ses faiblesses. Il fait son propre éloge :

« Le travail, j’en ai fait beaucoup plus ; les prisons, j’y ai été davantage ; les coups reçus : sans comparaison, et bien des fois j’ai frôlé la mort. Cinq fois, les Juifs m’ont fait donner les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai reçu la bastonnade, une fois j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage, et j’ai surnagé un jour et une nuit entière. J’ai accumulé les fatigues de voyage, avec rivières dangereuses et périls de bandits, avec les complots de mes compatriotes aussi bien que des païens. Périls dans les cités, périls dans la solitude, périls sur mer, périls au milieu des faux-frères. J’ai connu le travail et l’épuisement, les veilles fréquentes, la faim et la soif, les jeûnes répétés, le froid et le manque de vêtements. Et en plus de tout cela, ce qui m’obsède chaque jour, le souci pour toutes les Eglises ».


Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

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