Une femme épousera un homme
Au cœur des jours
et des nuits
Une femme épousera
un homme
Je
l’ai perdue de vue depuis une quinzaine d’années. Elle se présente un
après-midi pour me remettre en mains propres une invitation : elle va se
marier. Je ne peux cacher la joie mais aussi l’étonnement. Dans mon entourage, depuis
quelques années, on se marie très peu. Les jeunes filles et les jeunes gens
cohabitent, s’essaient, comme on dit, ils ont des enfants, avant de penser un
jour au mariage, au vrai mariage. Mais le jour semble s’éloigner comme
l’horizon : toujours plus proche mais jamais atteint.
Ma
joie et mon étonnement sont justes : cette amie de longue date ne faisait
plus poser aucune question sur son célibat. On pensait bien, en l’observant,
dans ses fréquentations masculines, qu’elle avait renoncé de penser au mariage.
Mais on ne l’avait jamais entendue non plus évoquer une quelconque vocation à
la vie consacrée et au célibat. Elle a fait de longues études, elle s’est
investie dans une profession qui lui a imposé parfois des voyages à travers le
monde.
Et
ce sont les études et les voyages qui l’amènent aujourd’hui à penser au
mariage. C’est ce qu’elle m’explique. Parce qu’elle va se marier, par amour,
bien sûr, mais aussi, ajoute-t-elle, par résistance. Et je vous l’explique.
Elle
est bel et bien tombée amoureuse d’un beau monsieur. Et depuis de longs mois,
ils en sont venus à la décision cruciale. Ils ont informé les parents, obtenu l’avis
favorable de l’entourage, et ils vont se marier.
Mais
mon amie ajoute qu’elle se marie aussi pour résister à cet esprit mauvais
qu’elle sent souffler dans le monde, qu’elle voit déferler sur le monde où l’on
prétend qu’un homme épousera un homme ou qu’une femme épousera une femme. Une
femme épousera un homme, c’est ce que la croyante catholique veut montrer. Et
le sacrement du mariage, pour elle, c’est bien un acte de résistance. Aussi.
Résistance contre l’esprit mauvais.
L’esprit
mauvais, elle dit le percevoir dans les médias depuis quelques années, depuis
que les nouvelles technologies de la communication et de l’information ont
réduit le monde aux dimensions d’un petit village. L’esprit mauvais est venu de
loin, et des médias africains tentent d’insinuer qu’un homme est aussi fait
pour épouser un autre homme ou qu’une femme aurait aussi le droit d’épouser une
autre femme.
Mon
amie a appris avec plaisir la résistance du peuple angolais qui a protesté
récemment contre des images de télévision. Un homme embrassait un homme comme
il n’est pas convenable. La capitale angolaise a frôlé l’émeute à cause de ceux
qui croyaient se mettre au goût du jour en montrant un homme en train
d’embrasser un homme. C’est bien du mauvais goût, et la culture angolaise s’y
oppose. C’est par mimétisme que des Africains se croient souvent obligés de
choquer leurs compatriotes en prétendant suivre l’évolution du monde. Comme si
l’Afrique n’était pas aussi le monde.
Mon
amie a suivi avec plaisir aussi la résistance d’un cardinal africain parlant
lors du Synode des évêques sur la famille. Le cardinal guinéen Robert Sarah,
chef d’un dicastère, un ministère au Vatican, a publié un livre intitulé
« Dieu ou rien : entretien sur la foi ». Dans une interview à
propos du livre, le cardinal dit s’opposer à une vision du mariage et de la
famille que l’Occident veut imposer au monde. Le cardinal Sarah dit :
« Je me suis engagé contre le chantage des Nations unies qui imposent aux
Etats africains des ministères du genre contre le versement d’une aide au
développement. »
Et
voilà ! Pour le cardinal guinéen, l’Occident vient imposer une vision du
mariage et de la famille parfois en brandissant des bonbons comme récompense à
l’obéissance ou des fouets de sanctions économiques et politiques. Où sont alors
les droits des hommes, des femmes, des cultures et des peuples ?
Ce
sont parfois des Organisations Non Gouvernementales qui relaient alors le
chantage pour parler des droits de l’homme. Comme si l’homme et la femme
n’existaient pas dans la nature. Comme si les Africains avaient besoin d’un
étranger pour leur montrer la différence entre un homme et une femme. Comme si
les droits de l’homme et de la femme, les siècles et les millénaires de
l’histoire des peuples d’Afrique n’y avaient jamais pensé !
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
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