1. Réunis à Kinshasa, du 23 au
24 novembre 2015, Nous, Cardinal, Archevêques et Evêques membres du Comité
Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), faisant
suite à notre point de vue du 12 novembre 2015 sur le dialogue national dans
le respect absolu du cadre constitutionnel et institutionnel en vigueur,
avons échangé sur la situation du pays, une année avant les échéances
électorales de novembre 2016 : elle est inquiétante et préoccupante.
Nous avons évoqué le souvenir malheureux et douloureux des guerres et
tribulations qui ont semé le désarroi dans la population congolaise et fait
couler le sang des millions des fils et filles de notre pays à cause
notamment d’une certaine façon d’accéder au pouvoir par la force et de
l’exercer au détriment du bien commun.
2. Comme nous l’avons exprimé
dans notre lettre donnée à Rome à l’occasion de la visite ad limina en
septembre 2014, nous demeurons persuadés que les citoyens et les hommes
politiques qui aiment vraiment ce pays éviteront d’engager la Nation dans une
voie qui risquerait de faire couler davantage le sang des Congolais.
Hélas ! Malgré notre message, en janvier 2015 le sang a encore coulé
suite à la tentative de contourner les dispositions constitutionnelles. Il
faut arrêter de faire couler le sang.
3. Nous reconnaissons les
efforts consentis par le Gouvernement pour la démocratisation du pays.
Malheureusement, nous sommes peinés de constater que l’approche des échéances
électorales amène encore son lot de restrictions des libertés individuelles,
la croissance de répressions et d’intimidations. La démocratie ne doit pas
être un simple slogan, mais plutôt une culture et l’alternance en est une
expression.
4. La gestion démocratique
exige des règles et des valeurs respectées de tous. Ainsi, la nomination
des Commissaires spéciaux non élus par le souverain primaire constitue un
recul pour la démocratie. La République Démocratique du Congo présente
aujourd’hui un visage hybride avec d’un côté 5 provinces dirigées par des
Gouverneurs et des Assemblées provinciales élus et, de l’autre, 21 provinces
avec des Commissaires spéciaux nommés.
5. Pour la CENCO, l’avenir
heureux de la RD Congo réside incontestablement dans la sauvegarde de
l’intégrité du territoire national, le respect de la Constitution, socle de
notre jeune démocratie, et dans la tenue des élections libres et
transparentes dans les délais constitutionnels. Aussi, en tant que fils
de ce pays et en vertu de notre mission de pasteurs, serviteurs de la Vérité
et de la paix, nous voulons apporter notre contribution pour la consolidation
de la paix, la sauvegarde de la démocratie et le respect de la Constitution.
6. Nous nous engageons à
mobiliser les fidèles chrétiens, les hommes et les femmes de bonne volonté à
travers toute l’étendue de la République autour des initiatives spirituelles
pour implorer la grâce de la paix et de la miséricorde sur notre pays. Il
s’agit notamment de :
1° l’organisation d’une Neuvaine
de prières dans toutes les paroisses et les CEV en vue de la réussite du
processus électoral et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale à partir
du 8 décembre 2015, jour d’ouverture de l’Année de la Miséricorde,
décrétée par le Saint-Père, le Pape François ;
2° la programmation de la Marche
pacifique de tous les chrétiens, hommes et femmes de bonne volonté dans
tous les diocèses pour consolider la démocratie, le 16 février 2016 à
l’occasion de l’ouverture de l’année jubilaire de la marche historique du 16
février 1992 ;
3° l’organisation dans les
paroisses et les mouvements d’action catholique, tous les premiers samedis
du mois, d’une Prière spéciale pour la justice et la paix ;
4° la Célébration d’un culte
œcuménique pour la paix pendant la Semaine de prière pour l’unité des
chrétiens du 18 au 25 janvier 2016.
7. Nous nous engageons
également à poursuivre l’éducation civique et électorale de la population à
la base pour l’aider à s’approprier la Constitution de la République. Nous
demandons au Peuple congolais de faire preuve de vigilance dans l’esprit de
l’article 64 qui stipule que « Tout congolais a le devoir de
faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir
par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente
Constitution ».
8. L’avenir paisible de la RD
Congo est une grave responsabilité qui incombe à tous les Congolaises et
Congolais. Le peuple ne doit pas être pris en otage par un agir politique qui
sacrifie l’intérêt supérieur de la Nation. Faudrait-il encore que le sang
coule en RD Congo ?
9. Nous invitons toutes les
forces vives de la Nation à un sursaut patriotique et à un réel engagement
pour assurer la réussite du processus électoral, gage de l’émergence d’un
Congo nouveau et prospère.
10. Que par l’intercession de
la Sainte Vierge Marie, Reine de la paix, et de la Bienheureuse
Marie-Clémentine Anuarite, Vierge et Martyre, victime des violences
politiques dans notre pays, Dieu bénisse la RD Congo et son peuple.
Kinshasa, le
24 novembre 2015
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