Message des évêques de la province ecclésiastique de Kananga
« Gardez
courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16,33)
Message
des Evêques membres de l’ASSEPKA à l’Eglise et à la population
du Kasayi
Frères
et Sœurs bien aimés,
Salutations
et Actions de grâce
1.
A l’issue de notre Session ordinaire tenue à Kinshasa du 29 au 31
mai 2017, nous, Archevêque et Evêques membres de l’ASSEPKA, vous
saluons dans le Seigneur. Nous vous exprimons notre proximité en ce
moment où notre Région vit l’une des périodes les plus sombres
de son histoire. Au milieu des épreuves qui nous affligent, Dieu est
avec nous et soutient notre espérance ainsi que notre combat pour un
Etat de droit et une société plus fraternelle.
2.
Nous lui rendons grâce pour les témoignages de foi et de bonté
qu’il suscite au milieu de nous à travers des hommes et des
femmes, chrétiens ou non, qui refusent de céder à la barbarie et
qui n’hésitent pas à aller jusqu’au sacrifice suprême. Leur
témoignage de fidélité est une invitation à redécouvrir les
valeurs religieuses et culturelles qui font la grandeur de l’homme.
Nous lui rendons aussi grâce pour tous ceux qui œuvrent pour la
paix et la réconciliation au Kasayi, et ceux qui apportent un
soulagement à la souffrance de notre Peuple. Et, avec l’Eglise de
Mweka, nous lui rendons grâce de manière particulière pour notre
Frère Oscar Nkolo Kanowa qui, le dimanche 28 mai 2017, a été
ordonné Evêque de ce Diocèse en la Cathédrale Notre Dame du Congo
à Kinshasa, et pour notre Frère Gérard Mulumba Kalemba, qui vient
d’accéder à l’éméritat après vingt-huit ans de fructueux
épiscopal.
Regard sur la situation actuelle
3.
Depuis l’indépendance, le Kasayi est l’une des régions dont le
développement a peu préoccupé l’Etat congolais. Les frustrations
et le désespoir, déjà fruit de la mauvaise gouvernance et de cette
marginalisation, sont aggravés au Kasayi par le phénomène
Kamwina-Nsapu et par la répression excessive des forces de
l’ordre. Des croyances et des pratiques fétichistes qui séduisent
une bonne partie de nos frères et sœurs, l’enrôlement des
enfants et des jeunes dans des groupes armés et criminels, les
massacres de nombreux compatriotes aussi bien par les partisans de
Kamwina-Nsapu que par les Forces de l’ordre, la destruction
méchante des biens publics, l’incitation à des antagonismes
claniques, les intimidations et l’insécurité généralisée, le
déplacement forcé de plusieurs milliers de personnes, l’hostilité
contre l’Eglise catholique manifestée par la maltraitance des
agents pastoraux et la destruction des églises, des écoles, des
centres de santé, des hôpitaux, des couvents… sont autant des
facteurs négatifs qui désintègrent les bases spirituelles,
fraternelles et matérielles de notre société.
Fausses
solutions et nouvel appel
4.
Dans notre Lettre pastorale du 8 décembre 20161
et dans notre Appel du 25 février 20172,
nous avons analysé cette situation tragique et proposé des voies
susceptibles d’y mettre fin. Nous avons même offert notre
disponibilité de Pasteurs pour accompagner les protagonistes de ce
conflit. Cette crise est politique, et ses solutions sont dans
l’avènement d’un véritable Etat de droit. C’est pourquoi nous
exhortons les dirigeants de notre pays ainsi que de nos provinces à
un véritable amour de la patrie. Leur devoir est de rechercher le
bien-être de la population, en s’attaquant aux véritables causes
de la misère. A cet égard, nous sommes convaincus que l’application
intégrale de l’Accord politique
global et inclusif du Centre Interdiocésain de Kinshasa,
parrainé par la CENCO, reste la meilleure voie pour réconcilier
notre pays et poser les bases d’un avenir rassurant pour tous. Les
fausses solutions mises en place ne contribuent pas au bien commun et
ne font qu’aggraver la souffrance de notre Peuple.
5.
La voie choisie par les partisans de Kamwina-Nsapu est une impasse.
Ce n’est ni par la violence ni par la culture de la mort que nous
pouvons contribuer à la démocratisation et au développement du
pays. C’est pourquoi nous demandons à tous ceux qui ont pris les
armes de revenir à la raison, de renoncer à la haine et à la
violence, de se réconcilier avec eux-mêmes et de s’engager sur le
chemin de la paix. La vie de chaque fils et de chaque fille du Kasayi
est sacrée et impose le respect de tous.
6.
Nous demandons à la Justice d’établir les responsabilités et de
sanctionner les coupables. Et, par rapport à la découverte des
fosses communes dans notre Région, il est urgent qu’une enquête
indépendante soit diligentée pour faire la lumière sur l’ampleur
des massacres. Il est impérieux que les gouvernants et les
responsables de la chose publique s’investissent dans la création
des conditions de sécurité pouvant permettre à toute la population
du Kasayi de se faire enrôler et de participer au processus
électoral. Car l’avènement de l’Etat de droit que nous voulons
tous en dépend. Toute entrave à ce processus privera la population
de la possibilité de renouveler la classe politique congolaise et se
donner les responsables de son choix.
Journées de pénitence, de prière et de solidarité
7.
« Gardez courage ! J’ai vaincu
le monde » (Jn 16,33). Nous
adressons ces paroles du Christ
à tous les fils et toutes les filles du Kasayi. Avec la force de la
foi, résistons au mal, rejetons l’esprit de division et restons
plus unis. Car les atrocités que nous sommes en train de vivre
peuvent facilement conduire au découragement, à la haine et à la
vengeance. Mais nous croyons que l’amour est plus fort que le mal.
Nous plaçons tout notre espoir en Dieu seul. C’est pourquoi,
confiant en sa miséricorde infinie, nous accordons le pardon à tous
ceux qui ont fait du mal à l’Eglise et nous invitons toutes les
victimes à offrir leur pardon. A cet effet, le dimanche 2 juillet
2017, sera célébrée, dans toutes les paroisses du Kasayi,
l’Eucharistie pour les victimes de cette guerre et pour la
conversion des cœurs. Une journée de pénitence préparera à cette
célébration. A cette occasion, en collaboration avec les Caritas
diocésaines, une collecte spéciale sera organisée pour venir en
aide aux sinistrés.
8.
En cette fête de la Visitation de la Vierge Marie, nous confions le
Kasayi et le Congo tout entier à la protection de Notre Dame du
Kasayi, Reine de la paix. Qu’elle nous obtienne le pardon et la
grâce de la réconciliation.
Avec tout l’amour paternelle que nous avons pour chacun de vous,
nous vous accordons notre bénédiction apostolique.
Donné à Kinshasa, le 31 mai 2017
LES MEMBRES
N°
|
Prénoms et Noms
|
Fonction
|
Signatures
|
01
|
+ Marcel Madila
|
Archevêque de Kananga
|
|
02
|
+ Valentin Masengo
|
Evêque de Kabinda
|
|
03
|
+ Nicolas Djomo
|
Evêque de Tshumbe
|
|
04
|
+ Pierre-Célestin Tshitoko
|
Evêque de Lwebo
|
|
05
|
+ Félicien Mwanama
|
Evêque de Lwiza
|
|
06
|
+ Emery Kibal
|
Evêque de Kole
|
|
07
|
+ Gérard Mulumba
|
Evêque Em. de Mweka
|
|
08
|
+ Oscar Nkolo
|
Evêque de Mweka
|
1
Cf. ASSEPKA,
« Redoublez d’efforts pour confirmer l’appel et le choix
dont vous avez bénéficié » (2P 1,10). Lettre pastorale de
l’ASSEPKA pour la clôture de l’Année du Jubilé
2
Cf. ASSEPKA, « Ecoute
le sang de ton frère crier vers moi » (Gn 4,10). Appel des
Evêques membres de l’ASSEPKA sur la tragédie en cours au Kasayi.
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