Au cœur des jours et des nuits : La gifle sur Jésus
Jésus de Nazareth a reçu une gifle qu’il ne méritait pas, et il a
répondu de la manière non-violente qui était la sienne. Une manière que l’on
connaît, qui vous oblige aujourd’hui à observer comment la société congolaise
préfère gifler des gens pour éviter de chercher la vérité.
Les hommes qui gardaient Jésus après son arrestation se moquaient
de lui et le battaient. L’évangile selon saint Luc le dit au chapitre 22 verset
63. Pilate avait fait battre Jésus avant de le livrer pour être crucifié. Mais
Jésus qui se voulait un Messie non-violent avait demandé de « laisser
faire » (Luc, chapitre 22, verset 51). Même cela !
L’évangéliste Luc, on lui a sans doute raconté l’épisode, comme il
le reconnaît lui-même (Luc 1,1-4). Mais l’évangéliste Jean était peut-être ce
disciple connu du Grand Prêtre et qui a eu le privilège d’accompagner Jésus.
Jean aura donc vécu en témoin oculaire lorsqu’un garde du Grand-Prêtre gifla
Jésus. Et Jésus répondit : « Si j’ai mal parlé, montre en
quoi ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jean
18,23)
Si Jésus avait été un Congolais, il aurait peut-être rappelé
l’adage qui fait remarquer que le sage regarde la lune qu’on lui montre du
doigt tandis que le stupide regarde la main et le doigt qui lui indiquent la
lune. Autrement dit : la vérité est au-delà de celui qui parle. Ne vous
acharnez pas sur lui en l’injuriant, en le giflant. Vous ne toucherez pas la
vérité, vous ne prouverez pas ainsi le contraire.
Jésus de Nazareth s’est dit la vérité. Il demande qu’on montre la
vérité contre l’erreur. Le garde zélé du Grand-prêtre ne peut montrer la
vérité. Son chef, le Grand-prêtre non plus. Le gouverneur Pilate non plus.
Pilate se lava les mains dans l’affaire, comme la tradition l’a retenu. La
foule qui préfère le bandit Barabbas n’aura pas non plus convaincu Pilate de la
vérité pour laquelle il aurait fallu condamner Jésus.
La vérité, dans l’affaire, n’éclatera qu’après la mort de
l’innocent Jésus. Et des siècles et des années plus tard, jusqu’aujourd’hui, dans
notre pays, on doit poser toujours la même question : « Si j’ai
mal parlé, montre en quoi ; si j’ai bien parlé, pourquoi me
frappes-tu ? »
Dans la société congolaise, aujourd’hui, la foule n’attend même pas
votre réaction. La foule ne vous écoute même pas lorsqu’elle juge sans appel
que vous êtes coupable. On vous giflera. On vous lynchera. Avant que la police n’arrive,
avant que la justice ne s’occupe de vous. Et voilà que tout le monde se fait
justice, voilà tout le monde rendre la justice. Parce que la justice, comme
dans le cas de Jésus de Nazareth, l’innocent condamné par erreur et par faute,
la justice ne sait pas dire non plus en quoi vous avez réellement tort. Ou
raison.
Les gifles viennent aussi des médias. Des journalistes n’auront
appris à pratiquer que le lynchage médiatique. Ils ne diront jamais en quoi
vous avez mal parlé, en quoi vous avez tort. Ils ne chercheront pas la vérité
pour vous convaincre de l’erreur. Les journalistes, souvent, ne cherchent pas
la vérité. Ils vous condamnent sans appel, selon que vous êtes ceci ou cela.
Ils parleront de vous, de votre passé, de votre famille, de votre vie privée. Et
ils feront même oublier les sujets à l’ordre du jour. Les débats reviennent à
des querelles de personnes.
Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
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