LA CENCO DENONCE LES ATTAQUES CONTRE L’EGLISE CATHOLIQUE ET SA HIERARCHIE
1. Le
31 décembre 2017, le Comité Laïc de Coordination (CLC), une association
reconnue par l’autorité ecclésiale compétente dans l’Archidiocèse de Kinshasa,
interpelé par les messages pastoraux de la Conférence Episcopale Nationale du
Congo (CENCO), a organisé une marche pacifique et non violente pour réclamer la
mise en œuvre effective, intégrale et de bonne foi de l’Accord politique global
et inclusif du 31 décembre 2016.
2. Au lendemain de cette marche
pacifique, suivie également dans certaines provinces, le Nonce Apostolique a
publié un communiqué rappelant à l’opinion publique « le droit de
chaque baptisé catholique de se constituer en association et de promouvoir des
initiatives qui soient en harmonie avec la mission de l’Eglise. La promotion de
la justice sociale et la défense des droits civils et politiques des citoyens
font intégralement partie de la Doctrine sociale de l’Eglise »[1].
La CENCO a également publié un
communiqué pour manifester son indignation et condamner la répression violente
et sanglante par les forces de l’ordre contre les manifestants, ainsi que pour
exprimer sa compassion et sa proximité spirituelle à l’égard des victimes et de
leurs proches (cf. Communiqué du 2 janvier 2018).
A son tour, Son Eminence Laurent
Cardinal MONSENGWO, dans l’état d’âme d’un père face au mauvais
traitement infligé à ses fils et à ses filles dont certains en sont morts, a,
avec raison, élevé le ton pour fustiger les auteurs de ces actes
insupportables.
3. Depuis lors, l’on assiste à
une campagne d’intoxication, de désinformation voire de diffamation orchestrée
même par des responsables des Institutions de la République contre l’Eglise
catholique et sa hiérarchie. Le Peuple congolais en est témoin. C’est
inacceptable ! Cette campagne de mépris vise particulièrement l’autorité
de Son Eminence Laurent Cardinal MONSENGWO, considéré à tort comme instigateur
des actions visant à déstabiliser les Institutions en place et à vouloir
s’emparer du pouvoir. Nous exigeons des preuves à ces graves accusations
portées contre sa personne.
4. La CENCO désapprouve la
diabolisation volontairement distillée à l’endroit de Son Eminence le Cardinal,
Archevêque de Kinshasa et Membre du Conseil des neuf Cardinaux choisis par le
Pape François pour le gouvernement de l’Eglise universelle. Elle lui réaffirme
son soutien total et sa proximité.
5. Aux prises de positions de la
CENCO, certains opposent le principe de laïcité de l’Etat congolais, d’autres
prônent la notion de neutralité de l’Eglise. Il convient de retenir que le
caractère laïc de l’Etat congolais ne peut pas empêcher l’Eglise
catholique d’accomplir sa mission, celle d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut,
d’être au service de la population congolaise en vue du respect des droits de
l’homme et de la dignité humaine indispensables à son bien-être et à son
développement intégral.
6. En effet, « l’Eglise
qui, de par sa nature, a le droit d’intervenir dans les questions de foi et des
mœurs, peut prendre position en matière politique »[2] en
vue « d’exercer sa sollicitude et ses responsabilités à l’égard de
l’homme qui lui a été confié par le Christ lui-même »[3]. Elle a
le droit de « porter un jugement moral même en des matières qui touchent
le domaine politique quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut
des âmes l’exigent »[4].
7. La CENCO en appelle au
respect des droits aux manifestations pacifiques et à la liberté de culte
garantie par la Constitution de la République (cf. Art. 26). Elle exige le
respect et la considération dus aux autorités ecclésiastiques, en l’occurrence
le Cardinal Archevêque de Kinshasa, le Nonce Apostolique en RD Congo et
l’ensemble des Evêques. Il est juste et urgent que des sanctions exemplaires
soient prises à l’encontre de ceux qui ont torturé, blessé et tué nos
concitoyens ainsi que de ceux qui ont délibérément profané nos églises, lieux
saints consacrés à la prière et à la rencontre avec Dieu.
8. La CENCO dénonce également toute
tentative de division de l’Episcopat congolais orchestrée à des fins
politiciennes. L’Episcopat congolais ne peut se diviser ni être dédoublé comme
des partis politiques. Partageant les joies et les peines de leur peuple, les
Evêques membres de la CENCO restent solidaires les uns des autres dans une
communion effective et affective.
9. Nous demandons au
Peuple congolais de ne pas se laisser influencer par cette campagne
dont les auteurs ignorent superbement sa souffrance. Nous l’invitons à
demeurer débout et vigilant, à prendre son destin en mains et à barrer
pacifiquement la route à toute tentative de confiscation ou de prise de pouvoir
par des voies non démocratiques et anticonstitutionnelles.
10. Que Dieu bénisse la RD Congo et
son peuple.
Fait à Kinshasa, le 11 janvier 2018.
X Fridolin
AMBONGO BESUNGU
X Marcel UTEMBI TAPA
Archevêque
de MBANDAKA BIKORO Archevêque de
KISANGANI
Vice-Président de la
CENCO
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