Vient de paraître : "Repenser la vie religieuse à la lumière de la Covid-19", par Constant Kienge-Kienge


Préface

L’humanité craint de mourir. La peur de la mort est ancestrale, mais la crise sanitaire mondiale due à la pandémie du coronavirus donne à nos contemporains une conscience très vive de la fragilité humaine, de la radicalité et de la remise en question générale. Voilà la conviction de départ du présent ouvrage de Constant Kienge-Kienge. L’auteur, religieux missionnaire oblat de Marie Immaculée, se place résolument dans la perspective de la foi et de la vie religieuse comme retranchements de l’inquiétude générale qui défie au quotidien l’intelligence et le coeur.

Particulièrement saisissant aura été le fait de voir les églises se fermer par crainte du coronavirus ou des policiers et autres agents de l’ordre mandatés pour tenir en laisse des célébrants zélés et les obliger à la distanciation physique et à d’autres « gestes barrières ». Des théologiens contemporains se sont pris à reviser leurs manuels de dogmatique et de liturgie pour épiloguer sur la présence réelle de Dieu ou la présence effective de l’assemblée par-delà les écrans au travers desquels le confinement généralisé aura contraint les uns et les autres.

Seul le Magistère tranchera, se dit-on en définitive. Mais la parole du Saint-Père elle-même s’est trouvée obligée de justifier des conditions canoniques pour représenter à bon droit le Magistère. Les faits et gestes liturgiques ont été scrutés à l’aune des mesures politico-sanitaires. Au-delà de ses paroles, le pape François aura aussi témoigné de ses postures, de tout son corps. Contre la défiance et un certain négationisme, le Saint-Père a prêté son corps, en janvier 2021, pour en convaincre beaucoup à se faire vacciner.

Or, la distanciation physique impose à certains habitués une distanciation spirituelle et intellectuelle, une mise à distance critique. Constant Kienge-Kienge participe ici de fort belle manière à la réflexion, sans l’avouer, tout au contraire. Que chacun tire avantage de l’expérience inédite offerte à notre temps par « l’événement tragique » de la covid-19. « La Covid-19 nous force à repenser la vie ou mieux à la redéfinir pour mieux la comprendre ». La mort semble plus proche que jamais, la vie s’apprécie d’autant mieux dans son urgence.

Kienge-Kienge donne une lecture en perspective de la crise sanitaire mondiale et relève l’exigence d’un nouveau style de vie. Sous sa plume se profile ainsi le renouveau de la vie consacrée comprise à nouveaux frais dans ses racines mêmes. La chasteté, la pauvreté et l’obéissance, comment se vivent-elles en temps du coronavirus ? Kienge-Kienge propose de relire sous le regard de Dieu le contexte de vie inhabituel qui est le nôtre « afin de vivre plus consciemment » la consécration religieuse. Se placer sous le regard de Dieu constitue toute la différence et la clé de la sagesse à se recommander.

Il est bien évident que « le virus de la Covid-19 a totalement changé notre façon de vivre en communauté, nos relations interpersonnelles et même nos pratiques spirituelles ». Que devient, par exemple, la communion fraternelle, socle de la vie religieuse, si le virus impose plutôt la distanciation et le confinement ? Et que devient le témoignage de l’amour miséricordieux de Dieu et de la prise en charge de l’Eglise, par-delà les conséquences socio-économiques ou politiques voire sanitaires ?

Constant Kienge-Kienge répond avec lucidité à de telles questions. La lumière inspiratrice provient essentiellement de l’espérance dans la foi. « Tout ne s’écroule pas ». Il y a la vertu de l’espérance qui déclenche un comportement. Il y a surtout des témoins de l’espoir qui se tiennent debout, résistent au découragement et au pessimisme ambiant. Là se trouve le fondement de la vie religieuse, ancrée dans le mystère de la résurrection, le cœur de la vie chrétienne et de la vie de chacun. L’auteur appelle à redécouvrir la présence de Dieu. Et c’est une mission spécifique que d’accueillir le charisme religieux. Des saints comme Eugène de Mazenod ou François d’Assise ont aussi appris à discerner la présence de Dieu à travers les événements quotidiens, dans la joie ou dans la peine. Et voilà que les personnes consacrées d’aujourd’hui sont à considérer comme des canaux de cette présence divine auprès de l’humanité. La crise sanitaire mondiale sonne ainsi l’appel à la conversion pour un nouveau style de vie, dans la conscience de la fragilité humaine.

Constant Kienge-Kienge va jusqu’à affirmer que la pandémie du coronavirus est une opportunité de renouvellement pour la vie consacrée. Car on se rend compte que « le consacré ou la consacrée est une personne mise à part par Dieu et pour Dieu ». La chasteté se comprend alors comme le vœu de l’amour parfait ; la pauvreté, comme le vœu de la solidarité ; l’obéissance, le vœu pour écouter avec le cœur. Et la personne consacrée se révèle essentiellement comme un être de communion.

Le monde peut-il vivre la pandémie du coronavirus à la lumière de la résurrection du Christ ? Tel est, en définitive, le défi du témoignage chrétien et celui tout particulier de la vie religieuse.

A quel saint se vouer ? C’est, littéralement, la question à laquelle le monde attend de répondre en face de la pandémie du coronavirus. La peur et le doute sont partout. Le désespoir menace. Comme lors de toutes les épidémies ancestrales, notre siècle se tourne vers les scientifiques. Mais ceux-ci s’avouent limités au-delà du raisonnable et demandent eux-mêmes de modérer les espoirs dans la science. L’aveu de l’ignorance inaugure, justement, l’ère de la science.

A quel saint se vouer si les religions les plus honnêtes rappellent aussi leur incompétence sans cesser de tourner le regard vers le ciel ? Mais plutôt que de scruter l’horizon apparemment muet alors que des cris de détresse ne cessent de s’élever, ne convient-il pas de regarder tout autour de soi, tout près de soi ? Les saints sont parmi nous. Les personnes consacrées n’inspirent-elles pas confiance, ne serait-ce que dans la manière de se porter mutuellement, de se regarder les uns les autres ?

Les deux textes de sagesse publiés par Constant Kienge-Kienge en fin du présent ouvrage invitent à cette sagesse, dernier recours. Courage, patience et bonté sont autant de vertus à apprendre en temps de crise. Marie, au pied de la croix, en est le modèle. Les personnes consacrées devraient la suivre avec un nouveau style de vie.

     

Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

jbmalenge@gmail.com

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