Eglise catholique, multiculturalisme, racisme et tribalisme. Après le voyage du pape en Belgique

 
Je viens de suivre, en ce dimanche 29 septembre, la messe célébrée par le pape à Bruxelles au quatrième et dernier jour de sa visite en Belgique et au Luxembourg. J'ai suivi avec intérêt tout le 46ème voyage du pape François. Comme journaliste, j'ai eu le rare privilège de voyager sur le "vol papal" et d'accompagner ainsi le Saint-Père en janvier 2023 lors de sa visite en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud. 
 
 
La Belgique, qui a colonisé et évangélisé notre pays, est en perte de vitesse en matière de foi et de pratique religieuse. Personne ne le cache. Pourtant, l'Eglise de la RDC, si florissante, a encore tant à apprendre de la vieille Belgique...
 
La Belgique est fière de se présenter comme une société multiculturelle. Non seulement parce que ses 10 millions d'habitants sont des Flamands ou des Wallons, mais aussi (et surtout) parce que le pays peut montrer (moins qu'en France, c'est vrai) sa population... multicolore. Les médias nous rappellent bien le racisme, et personne ne peut le nier. C'est un défi pour qui veut se montrer propre en ce siècle.
 
Pendant cette visite papale en Belgique, partout, j'ai vu des Noirs "affichés", "exhibés" aussi au premier plan avec d'autres races... Dans l'Eglise catholique de Belgique, en particulier, je peux témoigner que les Noirs sont bien et de plus en plus admis comme des frères et des soeurs, comme l'enseigne l'évangile de Jésus-Christ et le proclament tous les missionnaires. 
 
 
 
J'ai vécu pendant 7 ans (au total) en Belgique. Je parle les deux langues principales du pays : néerlandais et français. Je connais l'histoire douloureuse et scandaleuse du "tribalisme" entre Flamands et Wallons. Elle a, par exemple, fractionné l'Université Catholique de Louvain, qui vient d'accueillir le pape à Leuven et à Louvain-la-Neuve à l'occasion de ses 600 ans d'existence.
 
J'en témoigne comme prêtre. J'ai été et je suis reçu dans des communautés et dans des familles comme un frère, un fils.
J'ai étudié la philosophe et la communication à l'Université catholique de Louvain(-la-Neuve). Pendant des années, et jusqu'au doctorat, je me suis formé à penser la "relation" entre les humains, entre les peuples, entre l'Afrique et l'Occident... J'ai apporté ma contribution à penser "l'universel au coeur du particulier".
Par-dessus tout, je viens de suivre la visite du Saint-Père en Belgique en pensant à l'Eglise comme lieu privilégié du multiculturalisme, comme famille réunissant en Jésus-Christ des hommes et des femmes de différentes races et langues, de divers peuples et nations. L'Eglise catholique le montre et le vit comme défi spécifique de l'évangélisation. 
 
La Belgique a besoin de cet enseignement de l'évangile. Mais la RDC et l'Afrique, à la pratique religieuse et chrétienne foisonnante, ont besoin de cet enseignement et d'un témoignage chrétien plus que la Belgique et l'Occident sécularisés, de moins en moins croyants, pratiquants.
 
Le tribalisme est le plus gros scandale et contre-témoignage de l'Eglise catholique en RDC et en Afrique. 
 
N'est-ce pas un scandale aussi grave que les abus sexuels sur mineurs lorsque des catholiques refusent d'accueillir un évêque nommé par le pape pour la principale raison que ce prêtre est "étranger" au diocèse voire à telle paroisse ? 
 
Les Négro-africains "exhibés" en Occident pendant le voyage du pape, de quel évangile et de quelle Eglise (catholique) sont-ils les témoins, le symbole ? Seront-ils différents des Congolais jouissant de la nationalité belge mais qui se veulent champions pour stigmatiser quiconque présente en RDC une identité différente ou simplement un physique éloigné du leur ?
 

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