Suis-je un faux militaire ?
J'ai peut-être l'allure. Sinon, pourquoi un major de l'armée m'interpelle-t-il ? Est-il un vrai ou un faux ?
Le mardi 29 octobre 2024. Vers 12 h 40, j'ai fini un cours dans la faculté des sciences de l'information et de la communication de l'Université De Mazenod de Kinshasa-Kintambo. Avec les étudiants, j'ai discuté des "brouteurs" et autres cybercriminels, ces escrocs qui usurpent l'identité ou vous volent par internet sous divers mensonges.
A 12 h 50, je viens de filmer le peintre qui dessine saint Eugène de Mazenod sur un mur proche du portail d'entrée de l'Université.
Puis, je marche avec deux étudiantes pendant 2 ou 3 minutes, j'échange avec elles, et nous nous séparons à quelques mètres plus loin, sur l'avenue Kasa-Vubu.
Comme d'habitude, je continue ma marche le long de l'avenue en vue de prendre un taxi plus loin, après le pont Makelele, dans la commune voisine de Bandalungwa.
Je dépasse donc l'arrêt de bus Moni-Shop ( Maison Mbungu) bien bondé à cette heure du jour, et j'engage la bonne allure habituelle de ma marche, mon sac bien pendu à l'épaule droite.
Je ne vais pas encore loin quand un jeune monsieur me dépasse, se tourne vers moi, me dit bonjour et me demande si je suis militaire comme lui. Je touche le crucifix pendu sur ma poitrine. Je lui réponds :
- Non, je suis un prêtre.
- De quel couvent ?
- Je suis oblat. Je viens de finir des enseignements non loin d'ici.
Je dévisage le jeune monsieur. Je crois le reconnaître.
Mais voilà qu'un deuxième monsieur en tenue civile lui aussi apparaît. Il me dit que c'est leur chef "major" qui les envoie et qui demande à me parler.
- Où est-il ?
- Le voilà.
Une jeep bleue venait de s'arrêter tout près de nous. Je m'approche. La portière de devant s'ouvre. Le premier monsieur me présente aussitôt aux deux occupants, deux messieurs plus âgés : "C'est un prêtre."
Le chauffeur, à la gauche de la jeep, me demande si j'ai une carte de prêtre. Je lui demande à mon tour qui il est pour me contrôler ainsi.
- Vous posez une bonne question, répond-il.
Montrez-lui l'ordre de mission, demande-t-il aux deux premiers messieurs encore debout à ma gauche. L'un d'eux ouvre une portière de derrière, prend un dossier transparent et me le brandit. Je jette sur l'étui un coup d'oeil rapide qui me permet de lire l'ordre de rechercher, de saisir et d'acheminer de faux militaires.
Je tire alors de mon portefeuille ma carte de prêtre, mon celebret. Je la brandis en disant : voilà ma photo, voilà la signature du cardinal Ambongo.
Le chauffeur me dit que j'aurais dû prendre le dossier à moi présenté pour comprendre qu'ils sont des services de renseignement, à la recherche de faussaires, même de faux prêtres.
Je lui signale que le prêtre que je suis a l'expérience de faux prêtres et de faux agents de renseignement.
- Vous avez raison. Et comment pouvons-nous les connaître ? me demanda-t-il.
- Grâce à la dénonciation par nous tous.
- Voilà pourquoi nous sommes en mission et que nous nous sommes intéressés à vous.
Ainsi nous sommes-nous quittés. J'ai poursuivi mon chemin. Je ne me suis pas retourné pour savoir ce que la jeep et son équipage ont fait ensuite à cette heure de midi sur un tronçon de route embouteillé plein de monde.
J'ai bien observé le deuxième occupant assis à droite dans la jeep. Il m'était le plus proche. Il suivait attentivement l'échange. Il peut avoir la soixantaine. Et de forte corpulence. Il n'a pas dit un seul mot. Pas un seul. Est-ce lui le major ? Un vrai ou un faux ?
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