A Kabgayi (Rwanda), des universitaires catholiques d’Afrique ont pensé la communication
Le Conseil
pontifical pour les communications sociales a misé bien gros en organisant, du
14 au 16 janvier, un séminaire sur les enjeux et défis actuels des Facultés de
communication et Ecoles supérieures de journalisme catholiques en Afrique. Le président
du Conseil pontifical, Mgr Claudio Maria Celli est venu en personne au Centre
saint André de Kabgayi au Rwanda. Le 14 janvier, Mgr Celli a rappelé, dans le
discours d’ouverture, que la communication est d’abord une question
anthropologique avant toute considération technologique.
A la
clôture, le 16 janvier, Mgr Celli a dit toute sa joie de voir les participants réussir
à créer un réseau de collaboration qui gardera vive la flamme allumée à Kabgayi.
Le rêve longtemps entretenu du Conseil pontifical prendra peut-être corps. Du
22 au 24 mai 2008 avait été réuni à Rome un premier séminaire du genre sur
« l’identité et la mission des écoles et départements de communication
dans une université catholique ».
Sur le
territoire africain, la participation a été sans doute plus facile. La
quarantaine des participants sont venus du Rwanda, de la RD Congo, de
Madagascar, du Mali, du Mozambique, de Tanzanie, du Nigeria, de Côte-d'Ivoire,
du Burkina Faso, du Kenya, d'Ouganda et du Sénégal. Des invités sont venus
d’universités d'Italie, de France et du bureau du Catholic Media Council
(Cameco) d'Allemagne.
Monsieur
l’abbé Janvier-Marie Yaméogo, responsable du service francophone et de
l’Afrique au Conseil pontifical, a reçu mandat d’organiser le réseau des
facultés de communication et écoles de journalisme. La tâche essentielle revient
à un comité ad hoc de mettre en place des stratégies de collaboration et
synergie pour affronter les défis pastoraux pour la vie et la mission de
l’Eglise aujourd’hui en Afrique.
La rencontre
de Kabgayi aura levé ainsi pour premier bénéfice la connaissance mutuelle des participants.
Un paradoxe majeur fut celui-là. Si les visas et les billets d’avion coûtent
cher au point d’obliger à une certaine « fracture », il reste que les
communicateurs d’Afrique, dans les universités comme ailleurs, ne communiquent
pas beaucoup entre eux. Ils s’ignorent. A Kabgayi, des compétences et des
ressources multiples se sont révélées aux uns et aux autres par-delà,
d’ailleurs, des langues anglaise, française ou portugaise. Certains ont appris
seulement ici l’existence d’une faculté de communication catholique dans le
pays voisin !
Les
faiblesses se sont révélées d’autant. La plus notable est le manque de professeurs
qualifiés dans certaines jeunes structures. Et l’on peut espérer, à juste
titre, que le séminaire aura constitué comme une bourse à cet effet. La
structure de suivi mise en place élaborera un programme dans la perspective d’échanges
à l’échelle du continent.
Il a même déjà
été dit que l’échange devrait tenir compte de la situation de pauvreté de
certains. C’est justement le caractère catholique de solidarité effective qui
fera que certains se dépensent gratuitement pour d’autres ou que le partage
s’organise même financièrement entre moins pauvres et plus pauvres. Et pourquoi
ne pas chercher et trouver des bourses ? Mgr Celli a d’ores et déjà promis
deux bourses par an de la Fondation Mgr Foley pour la formation continue de
professeurs d’Afrique. Le secrétaire du Conseil pontifical pour les
communications sociales, Mgr Paul Tighe, présent à Kabgayi, a pris bonne note.
A l’issue des
échanges et réflexions, une recommandation particulière s’est imposée :
que le Symposium des Conférence Episcopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM)
ranime le Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales
(CEPACS), qui devra normalement inspirer et accompagner les initiatives de
communication en faveur des Eglises d’Afrique et de Madagascar.
Et l’on peut
espérer que les universitaires, professionnels de l’intelligence, aideront
l’Eglise d’Afrique à affronter les défis de l’ère de la communication en vue de
l’inculturation de l’évangile. Evangéliser les médias sera, dans l’Afrique
d’aujourd’hui, une tâche pour l’Eglise et notamment pour ses plus nombreux fils
laïcs appelés par vocation à être le sel de la terre et la lumière du monde.
Encore faut-il qu’ils soient accompagnés par des pasteurs éclairés eux-mêmes
grâce à la formation à la culture médiatique dans les séminaires et maison de
formation religieuse.
Les uns et
les autres apprendront aussi à invoquer la force de l’Esprit pour cette tâche
aux multiples enjeux éthiques.
La visite
organisée le 15 janvier au mémorial du génocide rwandais à Gisozi a rappelé à
tous que les médias de la haine ne sont pas une particularité rwandaise. De
quoi l’homme n’est-il pas capable ? Comment former les jeunes générations
pour que les médias catholiques d’Afrique évitent de se mettre à la remorque d’idéologies
politiques du pouvoir ou de l’opposition ?
Jean-Baptiste Malenge Kalunzu
@jbmalenge
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