Peut-être...
Au cœur des jours
et des nuits
Peut-être…
Dans ma salle de classe, le professeur interdit le mot
« peut-être ». Que le mot n’atteigne pas ses oreilles ! Et si
les lèvres des étudiants trouvent l’astuce et recourent à un synonyme, à une
périphrase, le professeur est bien plus intelligent, bien plus cultivé encore
pour rejeter le synonyme et rappeler son mot d’ordre. Pas de « peut-être »
dans son cours. Pourquoi pas ?
Le professeur est payé pour dispenser le savoir. Et le « peut-être »,
c’est l’approximatif, c’est le vraisemblable, ce n’est pas le savoir, la
science. Approuver le « peut-être », c’est approuver la paresse
intellectuelle, le manque de la recherche du savoir. Le savoir doit être
précis, complet. Ou ce n’est pas le savoir.
Approuver le peut-être, c’est mépriser le professeur. Il
est payé pour faire reculer l’ignorance et non pas pour l’entretenir, même pas
à titre provisoire. Elever des hypothèses sur les matières enseignées, le
professeur estime que c’est retarder d’aller vers la science, vers la
connaissance.
Cultiver le « peut-être », c’est s’interdire de
contribuer un jour aux inventions et aux sciences. La science se base sur la
précision, l’exactitude. Avec un « peut-être », on ne ferait voler
aucun avion, on n’atteindrait jamais personne au téléphone, on ne vaccinerait
jamais personne. Avec des « peut-être », le monde serait une vaste
loterie : on perd ou on gagne sans savoir pourquoi. C’est le règne du
hasard.
Cultiver le « peut-être », c’est croire
n’importe quoi. Croire, par exemple, que des esprits bons ou mauvais dirigent
notre vie sans aucune responsabilité personnelle de l’homme. C’est la croyance
magique.
Une culture du « peut-être », dans notre pays,
c’est celle qui est dite des parlement-debout. Ces hommes et quelques femmes qui
lisent les manchettes des journaux exposés dans les rues et qui se répandent
ensuite dans des commentaires si libres et si invraisemblables pour s’échauffer,
sans impact sur la réalité. Sans égard pour la recherche de la vérité. Et si la
vérité est atteinte malgré tout, elle l’est par hasard.
La culture du « peut-être » est aussi celle
d’une classe d’intellectuels née depuis peu et qui s’intitule « analyste
politique ». Sa spécialité est de prêter des intentions. Qu’ils soient
acteurs des médias ou acteurs politiques, les soi-disant analystes politiques
prétendent remonter jusqu’aux intentions cachées dans la tête des personnes en
prétendant savoir l’intention des acteurs plus que les acteurs eux-mêmes ne
veulent le faire entendre. Les analystes politiques ne disent pas le sens des
mots. Ils prétendent dire l’intention des locuteurs.
Les analystes politiques sont des devins au lieu d’être
des lecteurs fidèles de textes dont ils parlent. Non, ils ne lisent pas. Les
journalistes analystes politiques prétendent nous révéler les agendas cachés
des uns et des autres. En réalité, ils n’en savent rien. Rien du tout. Peut-être ?
Jean-Baptiste
MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
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