Les journalistes Chantal Kanyimbo et Simplice Kalunga sur le "journalisme de paix"
Chantal Kanyimbo : La réglementation et la
régulation contre la violence dans le journalisme
L’Eglise de la
RDCongo a célébré, le dimanche 17 juin, la cinquante-deuxième Journée mondiale
des communications sociales. Le thème en a été fixé par le Saint-Père Fançois :
« ‘La vérité vous rendra libres’ (Jean 8,32). Fausses nouvelles et
journalisme de paix ».
Sur le
journalisme de paix, la journaliste Chantal Kanyimbo, porte-parole du Conseil
Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), donne son point de
vue.
Le journalisme,
dans tous les cas, fondamentalement, contribue à la paix, s’il est pratiqué
correctement, selon les normes, les règles d’éthique et de déontologie professionnelle.
Parce que le journaliste, c’est ce personnage qui collecte l’information, la traite
et la diffuse dans l’intérêt général. Et si le journaliste fait correctement
son travail, en diffusant des informations qui sont bénéfiques, essentielles,
importantes, pour permettre aux citoyens d’être tout simplement informés sur la
manière dont la cité est gérée, cela leur permet également de se faire une
opinion et donc de participer de manière citoyenne à la gestion de l’Etat. Mais
si les citoyens n’ont pas une bonne information, c’est cela qui amène un état d’esprit
agressif, qui ne favorise pas la communication entre les gouvernants et les
citoyens. Alors, en ce moment-là, il n’y a pas dialogue...
Et dans le monde d’aujourd’hui prolifèrent,
semble-t-il, de fausses nouvelles, est-ce la raison de la violence que l’on vit
partout ?
Kanyimbo :
Absolument. Dans les réseaux sociaux, on dirait que les gens n’ont plus de
sentiment, qu’on a perdu l’humanisme. Parce qu’on diffuse des images violentes,
choquantes, et on les propage en les transmettant à d’autres, et cela fait une
chaîne. Et j’ai l’impression que les gens ont du plaisir à regarder froidement des
images violentes, des personnes massacrées comme si c’était des animaux. Je dis :
c’est ça justement les réseaux sociaux ! On doit pouvoir, pas les contrôler,
mais les réguler pour les empêcher de propager de telles images qui cultivent
la violence.
Le remède serait donc la régulation, et quoi
d’autre ?
La réglementation
et la régulation. Ce sont de nouvelles technologies, c’est vrai que ça évolue
très rapidement. Une fois qu’on réglemente un aspect, il est rapidement dépassé
par l’évolution de la technologie. Je pense qu’on doit absolument, au fur et à mesure
que les nouvelles technologies évoluent, les prendre en charge par la réglementation
pour permettre aux autorités de régulation de pouvoir assurer la régulation.
Simplice
Kalunga : Il faut laisser le journalisme aux professionnels
Sur le journalisme de
paix, thème choisi par le Saint-Père François pour la cinquante-deuxième
Journée mondiale des communications sociales, voici le point de vue du journaliste
Simplice Divine Kalunga wa Kalunga. Il s’exprimait à l’occasion de la
célébration, le dimanche 17 juin, en République démocratique du Congo, de la cinquante-deuxième
Journée mondiale des communications sociales.
L’information est une matière sensible. Il faut savoir la
manipuler selon les règles déontologiques et d’éthique. Aujourd’hui, fort malheureusement,
tout le monde croit exercer le métier de journaliste. Et cela nous conduit au
phénomène des fake news,
particulièrement sur les réseaux sociaux. Alors que le journalisme doit emmener
à cultiver la paix, le journalisme, par exemple, regardez ce qui se passe dans
les réseaux sociaux érigés aujourd’hui en tribunal populaire, où l’on pratique
essentiellement la distorsion de l’information. On diffuse de fausses informations,
ce qui conduit à susciter des conflits dans la famille –cellule-mère, dans les
Etats, entre les Etats, entre les pays. Et malheureusement, cela devient
quelque chose d’incontrôlable. Alors qu’il suffit de diffuser la bonne
information, et cela va emmener à la paix. C’est ça le journalisme. Quand vous
donnez de fausses informations, cela va susciter forcément des conflits.
La bonne information,
c’est celle qui a trait à la vérité ?
La vérité, essentiellement la vérité. Le journalisme égale
la vérité. Et la vérité emmène à la paix.
Le pape François dit
que même lorsqu’il s’agit de dire la vérité des faits, il faut faire attention
à la dignité des personnes. La diffamation, où en sommes-nous dans ce pays ?
La diffamation a pris la place du journalisme. N’importe qui
se réveille le matin, prend son téléphone, se met à le manipuler et se fait
passer pour journaliste en falsifiant l’information.
Le remède serait quoi,
par exemple ?
Le remède serait, à mon avis, de laisser l’information entre
les mains de vrais professionnels. Qu’on interdise à n’importe qui de pratiquer
ce métier-là. Parce que le journalisme, c’est une science, qui a ses règles.
Ce n’est pas la
politique qui est conflictuelle de sorte que le journalisme politique doive
nous conduire où nous en sommes ?
Non. Il n’y a pas de règle particulière pour le journalisme
politique, sportif, culturel, scientifique, etc. Les règles sont les mêmes, d’éthique
et de déontologie.
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