Fais-moi une promesse !
Au
cœur des jours et des nuits
Fais-moi
une promesse !
Le
mendiant à qui je n’ai pu rien remettre de ce qu’il me demandait
m’a imploré en me regardant dans les yeux. Donne-moi
un rendez-vous ; fais-moi une promesse,
a-t-il supplié.
Je
lui avais déjà dit que je n’avais pas d’argent pour moi-même.
J’ai vidé mes poches. Comme si j’étais dans un commissariat de
police. J’ai montré le contenu. J’avais un mouchoir de poche, et
un trousseau de clé, et un chapelet. Ce jour-là, je n’avais même
pas un portefeuille, même pas une carte d’identité. Et j’ai
bien dit au mendiant qu’il me manquait même les 500 francs
nécessaires pour payer une place dans un bus. Et que c’est
pourquoi je marchais. Et que voilà pourquoi lui, le mendiant, avait
eu le bonheur de me croiser sur son chemin.
Ce
mendiant doit être un mendiant professionnel. Il doit avoir sans
doute l’œil et le flair pour reconnaître ma sincérité, pour se
rendre compte que malgré ma bonne volonté, je ne pouvais rien pour
lui. Mais le mendiant se fit plus insistant. Il implora donc et
exigea bien une promesse.
Je
l’ai regardé dans les yeux. Sa demande était sincère. Il me
sembla même qu’il était chaque jour au bord de la route pour
collecter d’abord des promesses. Comme si c’était des chèques
d’argent à toucher plus tard au guichet d’une banque. De
l’argent pour manger, il en avait bien besoin, mais il me sembla
qu’obtenir une promesse lui était beaucoup plus utile, plus vital
encore.
La
promesse est au coeur du message biblique. Dieu est venu faire
alliance avec l’homme. En Jésus-Christ, Dieu est venu accomplir
des promesses faites à Abraham, à Isaac et à Jacob. Mais Jésus
lui-même est venu faire une promesse : Je reviens bientôt,
a-t-il dit. Et depuis lors, le peuple attend la venue de Dieu dans la
gloire. La foi tient ainsi dans une promesse.
Le
Catéchisme de
l’Eglise catholique
parle de la vertu de l’espérance : « La
vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par
Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui
inspirent les activités des hommes ; elle les purifie pour les
ordonner au Royaume des cieux ; elle protège du découragement,
elle soutient en tout délaissement ; elle dilate le cœur dans
l’attente de la béatitude éternelle. L’élan de l’espérance
préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charité. »
(CEC, 1818)
Le
mendiant rencontré au bord de la route demandait donc la charité.
Il avait besoin d’une promesse pour vivre. Moi aussi. C’est
pourquoi, lorsqu’on me demande comment je me porte, comment ça va,
je réponds presque invariablement : "Ça ira."
Jean-Baptiste
MALENGE Kalunzu
jbmalenge@gmail.com
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